Qui menace l’écrivain Ousmane Diarra en faisant planer du coup un péril sur la liberté d’expression au Mali ?
Dans une dépêche de l’Agence France Presse (AFP), le Directeur de la collection Continents Noirs chez Gallimard, Jean-Noël Schifano, qui a été contacté par l’écrivain, s’est dit inquiet pour la sécurité de l’auteur de “La route des clameurs”, un ouvrage sorti en 2014, où l’auteur mettait en scène un artiste peintre victime d’un califat imaginaire dans son pays. Selon lui, Ousmane Diarra qui a quitté Bamako pour aller s’installer à une vingtaine de kilomètres de la ville des trois caïmans, a été menacé “d’être criblé de balles” par “un militaire de la sécurité d’Etat en civil”.
Selon Ousmane Diarra, 55 ans, cité par Jean-Noël Schifano, ce militaire lui aurait reproché de vouloir “réécrire l’histoire” du Mali. “Cela ne peut plaire à aucun pouvoir, qu’il soit politique ou religieux”, aurait ajouté ce militaire en civil. “Je ne céderai sous aucune pression ni aucune menace” a réagi l’auteur de “Pagne de femme” et “Vieux lézard”, qui a dénoncé des “pressions” à l’encontre de sa famille, des “coups de fil anonymes” et “la censure” de ses livres.
Contactée par nos soins, une source proche de la Direction Générale de la Sécurité d’Etat réfute les accusations. « Non, c’est faux. Ce sont plutôt des jihadistes qui le menacent, pas nous ».
Dans “La route des clameurs”, ode à la résistance face à la montée de l’islamisme dans son pays, Ousmane Diarra écrivait qu’ “un peuple qui ne se souvient pas, aura à revivre les affres qu’il a déjà vécues”. “Le Mali a vécu, rien qu’au XIXème siècle, des guerres plus atroces, voire des génocides, commis au nom de l’islam”, expliquait-il après la parution de son livre à l’hebdomadaire Le Point. “Si tout cela avait été écrit et enseigné à l’école, peut-être qu’on aurait évité ce qui nous est arrivé aujourd’hui”, ajoutait le romancier en soulignant que “le mal jihadiste dépasse le cas du Mali”.
Récemment, Ousmane Diarra a publié des tribunes dans la presse pour dénoncer l’islamisation rampante de l’Etat qui met en cause la laïcité de la République.
B Siby avec Culturebox et AFP