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Naissance d’un nouveau mouvement armé : Jusqu’où la révolte des peuls ?
Publié le vendredi 24 juin 2016  |  L’aube
MNLA
© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)




Le fait était redouté, mais attendu. Il est arrivé. Un vaste mouvement armé peul vient de voir le jour sous l’appellation d’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (Ansiprj). La nouvelle est tombée tôt dans la matinée du lundi 18 juin 2016 via les médias étrangers. Le nouveau groupe armé est dirigé par Oumar Aldjana, très connu à Bamako pour son engagement dans la défense des Peuls. Son objectif ? Mettre fin aux exactions contre tous les Peuls du Mali, mais particulièrement ceux du centre du pays, victimes d’amalgame de la part des militaires maliens et français, affirme-t-il dans un communiqué diffusé. Tout laisse à croire que c’est un autre foyer de rébellion qui jaillit et qui risque d’anéantir tous les acquis du processus de paix et de réconciliation, à moins que les arrivants ne soient pris en compte dans l’Accord de paix. Mais, pour certains analystes, la naissance de ce mouvement peul n’est qu’une étape de la formation ou de la reconstitution de l’Azawad, même si son fondateur se défend de toute idéologie indépendantiste ou autonomiste. Aujourd’hui, le plus important, c’est que l’Etat, à défaut d’avoir pu anticiper, prenne très au sérieux le nouveau venu afin d’éviter des scènes de carnage ethnique ou entre peuls et militaires.

« Les régions de Mopti et de Ségou, sont sous la menace patente d’une rébellion armée, à l’image de la rébellion historique du nord qui braque aujourd’hui tous les projecteurs sur notre pays, devenu la risée du monde entier. Tous les signes et signaux évidents qui ont servi de motif au déclenchement de la rébellion de Kidal se dessinent à Mopti, à savoir sous-développement, insécurité, délaissement et non protection par l’Etat, voire même absence de celui-ci. De plus en plus, des groupes et milices d’auto-défense, de groupuscules de règlements de comptes se créent à travers la 5è région. De même, se développe une haine accrue à l’égard des agents et symboles de l’Etat. L’expérience au Mali et en Afrique montre que ces étapes sont suivies de revendications et de doléances sur fond de violences comme arme de dialogue et de négociation. Il appartient aux autorités d’« ouvrir les yeux », de faire la bonne lecture des événements et d’anticiper le pire : un autre front de rébellion ». C’est en ces termes qu’il y a un peu plus d’un an, nous attirions l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les risques d’une rébellion peule (lire l’article plus).



Certes, nous ne nous réjouissons pas que l’histoire nous ait donné raison, mais l’urgence c’est de faire face à la situation déjà consommée.

Le nouveau groupe politico-militaire peul est fondé par Oumar Aldjana, qui en est à la fois le chef politique et militaire. C’est un enseignant de 27 ans originaire du cercle de Niafunké, né d’un Touareg et d’une femme peule. Très engagé dans la défense des Peuls et président de l’association Kawral Pulaaku, celui qui se dit ancien membre du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) serait également proche de l’association Vérité, Justice, Liberté (VJL), récemment créée.



Un discours guerrier

Tel que confié à notre confrère Jeune Afrique, le langage du chef du dernier né des mouvements armés maliens n’est ni rassurant, ni réconciliateur. Au contraire, son verbe fait peur.

L’homme justifie avoir créé ce mouvement pour mettre fin aux exactions contre les Peuls, qui sont victimes d’un amalgame car aujourd’hui, pour les autorités, un Peul est forcément un djihadiste. Il poursuit : « on les tue, on les agresse pour cela. Ils sont la cible de l’armée, mais aussi de milices proches du gouvernement. Dans la région de Ténenkou, le pouvoir a mis en place une milice bambara pour attaquer les Peuls. Cette milice a reçu des armes, et elle est dirigée par un capitaine de l’armée basé à Ténenkou. Il est temps de réagir. Des gens meurent. D’autres fuient dans des camps de réfugiés en Mauritanie. Nos familles sont dispersées. Les responsables maliens doivent mettre fin à cette barbarie. Tant qu’ils ne feront rien, nous nous battrons ».

Le champ d’intervention de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice ne se limite pas seulement à la zone du Macina, mais englobe partout où il y a des Peuls. Comprenez le Farimaké, le Méma, le Kounari, le Séno, le Haïrai, le Guimballa, entre autres.

Pour Oumar Aldjana, l’ennemi numéro 1, c’est l’armée malienne, qui s’en prend à tous les Peuls. « Nous ne tolèrerons plus un seul mort. Nous ne sommes ni des djihadistes, ni des indépendantistes. Nous ne revendiquons pas un territoire. Nous ne sommes pas contre l’accord de paix d’Alger. Nous réclamons aussi la justice. En 2013, l’armée a tué trente Peuls à Léré, qu’elle a balancés dans des puits. Il n’y a eu aucune enquête. Le mois dernier, 90 Peuls ont été tués près de Ténenkou. Des hommes ont été arrêtés, puis ils ont été libérés. C’est inadmissible. Nous ne faisons que réclamer le droit de vivre, comme tout citoyen de ce pays. Et nous irons jusqu’au bout pour sauver l’identité peule. Partout où nous croiserons des soldats maliens, nous les attaquerons ».

Voilà un discours guerrier qui ne présage rien de bon. Plus épouvantables encore, d’autres données et précisions fournies par le secrétaire général de Ansiprj : « Nous avons 700 hommes, et nous recrutons tous les jours. Ces hommes sont prêts à venger leurs frères qui ont été tués…Nous n’avons pas de camp, nos équipes sont mobiles…Nous sommes aussi dans les régions de Tombouctou, de Ségou, et jusqu’à Gao…Nous avons de tout : des bergers, des sédentaires, des jeunes diplômés… Tous peuls…Nous avons des officiers avec nous, et aussi des responsables de Tabital Pulaaku (une association de Peuls dont le bureau national est à Bamako, ndlr) ».

Sékou Tamboura
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