Le ministre français délégué au développement, Pascal Canfin à Bruxelles : « Le Mali doit aller aux élections et ouvrir le dialogue avec les Touaregs »
A Bruxelles pour participer à la troisième réunion du Groupe international de soutien et de suivi de la situation au Mali, le ministre français délégué au développement, M. Pascal Canfin, a engagé les autorités de la transition malienne à mettre en œuvre sans tarder le volet politique de la crise qui affecte le pays : l’organisation des élections dans une totale transparence et l’instauration d’un dialogue avec les populations du Nord du pays, notamment les Touareg. A cet égard, il a souligné que » l’approche sécuritaire est nécessaire mais pas suffisante pour établir une paix durable « .
C’est en fait la troisième réunion de ce groupe sous l’égide de l’UE et du groupe international de soutien et de suivi qui rassemble l’ensemble des acteurs internationaux intéressés par la crise malienne. La première s’était tenue à Abidjan, la deuxième à Bamako et c’est donc la troisième à Bruxelles. 45 délégations étaient attendues à Bruxelles. Dans cet entretien accordé à nos confrères français, Pascal Canfin est revenu sur les trois volets de la crise malienne qui doivent être réglés ensemble. Le premier volet est sécuritaire avec l’opération « Serval« , la MISMA et l’EUTM.
Le deuxième volet est politique, avec deux dimensions qui sont présentes dans la feuille de route adoptée par l’Assemblée nationale malienne le 29 janvier dernier : d’une part, la transition démocratique, le processus électoral et l’organisation des élections.
Selon lui, » il est important et urgent sachant que ces élections doivent se dérouler dans un environnement qui permette un scrutin parfaitement transparent et des résultats parfaitement légitimes. D’autre part, toujours au titre de ce volet politique, il y a le dialogue nord-sud et la nécessité pour les autorités de Bamako d’engager rapidement des discussions avec les représentants des populations du nord, notamment les Touareg, sous les conditions posées par la dernière des trois résolutions adoptées sur le Mali par le Conseil de sécurité des Nations unies « .
A cela s’ajoute un troisième et dernier volet qui a trait à l’humanitaire et au développement. Les derniers chiffres font état de 18 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le sahel. Aux dires de Canfin » L’idée est d’avoir une approche globale de la crise malienne, qui permette d’en traiter tous les aspects. Parce que c’est à cette condition-là seulement que la sortie de crise sera durable. L’approche sécuritaire est nécessaire, mais elle n’est pas suffisante. Elle doit être prolongée sur les plans politique, humanitaire et du développement ».
Il a souligné que la réunion de Bruxelles est séparée du processus d’Addis-Abeba. Car Addis-Abeba avait un objet très précis qui était un appel à contribution pour les deux » trust funds » qui sont mis en place respectivement pour la MISMA, d’une part et pour les forces armées maliennes d’autre part. Dans la capitale éthiopienne, Paris avait annoncé une contribution de
47 millions d’euros, c’est-à-dire 20+20 pour la MISMA, + 7 pour les forces armées maliennes. A laquelle s’ajoute le coût de l’opération Serval qui était encore de 50 millions d’euros à la fin de la semaine dernière.
Concernant le sort des personnes qui ont contribué à mettre le Mali à genou, le ministre d’indiquer qu’ il n’y a pas de liste préétablie.
«Toute personne susceptible d’avoir appartenu à ces groupes sera susceptible d’y figurer si elle existait « . Cependant, il ajoute « Si des prisonniers sont faits, ils seront remis aux autorités maliennes. Je rappelle que l’opération Serval, non seulement a été déclenchée, de même que le déploiement de la MISMA, à la demande des autorités maliennes… J’ajoute que la CPI est saisie avec un mandat qui coure à partir de janvier 2012 pour certaines catégories de crimes, notamment tout ce qui relève des crimes de guerre « .