La réunion du groupe international de soutien et de suivi de la situation au Mali, qui vient de se terminer à Bruxelles, a levé le voile sur l’absence des troupes maliennes aux côtés des forces françaises et tchadiennes à Kidal. Un état de fait qui a intrigué voire catastrophé un grand nombre de nos concitoyens qui y ont perçu l’amorce d’un lâchage du Mali par la France. Des observateurs n’ont même pas hésité à parler de » trahison « .
En fait, nos amis et alliés français se trouvent dans la disposition d’esprit que la question de Kidal ne peut être traitée de la même façon que celle de Gao et de Tombouctou : à coups de canon. Pascal Canfin, qui a en charge le développement au sein du gouvernement français, l’a rappelé dans la capitale belge qui est aussi celle de l’Union Européenne : « L’approche sécuritaire est nécessaire mais pas suffisante. Il faut ouvrir le dialogue avec les Touaregs pour réaliser une paix durable « .
Il s’est gardé de nommer le MNLA et le MIA, la dissidence de Ançar Eddine dirigée par Aglabass Intalah, comme protagonistes de ce dialogue, mais tout le monde a compris que c’est à ces deux mouvements qu’il pense. On peut deviner que Bamako a été courtoisement invité à garder ses soldats loin de Kidal pour ne pas compromettre les chances d’une discussion avec eux.
A sa décharge, Paris peut invoquer la résolution 2085 du 21 décembre 2012 du Conseil de Sécurité qui, tout en préconisant une intervention militaire pour libérer le nord du Mali des groupes terroristes, enjoint aux autorités maliennes d’ouvrir des négociations avec les mouvements rebelles ayant résolu de se démarquer des mêmes terroristes. Ce qui est désormais le cas du MNLA et du MIA, même s’ils y ont été contraints et forcés par l’efficacité des frappes aériennes françaises et l’entrée en scène des contingents de la MISMA.
La France peut invoquer aussi le fait que la CEDEAO et l’UA, qui ont pris une part décisive dans son choix de s’impliquer à fond dans le règlement de la crise sécuritaire malienne, n’ont jamais renoncé à une solution politique. Le président Blaise Compaoré reste toujours saisi du dossier comme » médiateur « .
Enfin, interrogé en marge de la réunion d’Addis Abeba sur le financement de la MISMA, la semaine dernière, le président intérimaire Dioncounda Traoré s’est dit favorable à un dialogue avec le MNLA. Il est donc compréhensible qu’il n’envoie pas ses militaires guerroyer avec lui, même s’il est à la base de toute la tragédie que le Mali subie depuis un an.
L’opinion malienne est certes majoritairement acquise à la poursuite de l’offensive militaire pour libérer Kidal et en finir définitivement avec les rebellions cycliques qui ont secoué cette région depuis l’indépendance en 1960. Les bailleurs internationaux ne sont pas disposés à la suivre sur ce terrain-là. Bien au contraire : ils lient le déblocage d’une manne de 250 millions de dollars à l’instauration du dialogue avec les populations du nord, pardon, les Touaregs, pour parler comme Canfin.