Dans le contexte de notre pays, elle peut constituer un facteur de stabilisation si l’Etat mettait en oeuvre des politiques appropriées de capitalisation des apports de la diaspora.
« Les questions de migration ne doivent pas être appréhendées sous l’angle des problèmes seulement mais aussi comme des facteurs contribuant à l’intégration économique et sociale des peuples et des nations. C’est un processus contribuant à la recherche de meilleures conditions de vie ». Ce constat ressort de l’édition 2016 du rapport national sur le développement humain sur le thème : « Migration, dévfeloppement humain et lutte contre la pauvreté au Mali ».
Le présent rapport de 118 pages offre une analyse détaillée sur les liens entre la migration et le développement humain. Il donne aussi l’état du développement humain dans le pays et renseigne également sur la problématique de la migration au Mali. L’étude consistait en effet à analyser la problématique des migrants pour soutenir les politiques publiques en la matière afin de fournir une meilleure compréhension des questions de migration, de réduction de la pauvreté et de développement humain. Le document a été officiellement lancé, le vendredi dernier, à l’hôtel Radisson Blu par le chef de cabinet du ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire Mme Timbo Oumou Ba.
Selon cette dernière, ce rapport national sur le développement humain est un outil de dialogue, de politique et de mobilisation des ressources et aussi un instrument de sensibilisation et de plaidoyer en faveur du grand public, des autorités politiques nationales, régionales et locales des partenaires au développement, de la société civile, des médias et du secteur privé. Il contribue à enrichir les débats autour des questions de développement humain au Mali. Elle estime notamment que les recommandations issues du rapport donneront aux autorités du Mali une plus grande visibilité dans la gestion des questions de migration notamment à travers la mise en œuvre de la politique nationale de migration.
La représentante résidente du PNUD Mme Mbaranga Gasarabawe a souligné que dans le contexte post-conflit malien, la migration peut constituer un facteur de stabilisation pourvu que des politiques appropriées de capitalisation des apports de la diaspora soient menées. Pour elle, le phénomène de migration peut être vue différemment selon que l’on se situe du point de vue du pays d’accueil ou du pays d’origine.
Le rapport en question situe le Mali comme un pays de tradition migratoire tant sur le plan national qu’international. Les contraintes géographiques, écologiques, économiques et sociales ont entrainé et continuent d’entrainer une grande mobilité des populations maliennes. La migration est importante au Mali d’une part par l’intensité du flux et d’autre part par le montant des transferts financiers. Les travailleurs migrants apportent des ressources financières, des connaissances et des compétences nouvelles.
Leur créativité et leur esprit innovant et leur expérience rendent la migration mutuellement bénéfique. Avec un indice de développement humain de 0,419 en 2004 contre 0,407 en 2013 selon le rapport mondial sur le développement humain (RMDH) en 2015, le Mali fait partie du lot des pays à faible développement humain inférieur à 0,555 pour l’année 2014.
Le taux de pauvreté monétaire a connu une baisse entre 2011 et 2016 passant de 56,1% à 45,4%. Il existe un lien entre la migration et le développement humain car elle octroie à l’économie des ressources humaines qui contribuent à la création de richesses dont l’accroissement du PIB. Les migrations externes génèrent des flux importants à destination du pays.
On estime à plus de 4 millions de personnes la communauté malienne vivant à l’extérieur. La migration participe à la résolution des problèmes issus de divers ordres comme les conditions de vie, les revenus, le potentiel de développement, etc. La première cause est liée à un relatif mal-être dans le lieu de vie ordinaire. Dans le contexte malien, elle a été engendré par des conditions économiques difficiles comme la pauvreté, des dérèglements climatiques, des facteurs socioculturels (conflits sociaux, culture de la mobilité, attrait d’un supposé eldorado et construction d’un homme idéal). Le rapport démontre que dans la plupart des cas, elle a une stratégie de diversification des sources de revenus pour les familles et joue une fonction principale d’assurance.
Qu’elle soit interne ou externe, la migration a toujours mobilisé plus de jeunes. Pendant longtemps, les hommes ont été les plus nombreux à migrer. Mais actuellement une nouvelle tendance dominée par les migrants de sexe féminin se dessine. Il importe donc de prendre en compte ce phénomène nouveau. L’intention de la plupart de ces migrants est de soutenir les proches parents qu’ils ont laissés derrière eux, de leur assurer des conditions de vie meilleures à celles qui les ont fait quitter. Malgré ces bonnes intentions, la migration fait l’objet de controverse aussi bien au niveau du lieu de départ qu’à celui du lieu d’accueil. Il semble qu’elle apporte un déséquilibre plus au moins important à chacun des niveaux.
Les lois restrictives ne parviennent pas à le limiter et elles produisent des migrants de plus en plus nombreux. Cependant, pour une meilleure maitrise de la situation, le présent rapport recommande entre autres d’impliquer les autorités communales dans la gestion de la migration interne, de respecter les couloirs tracés pour le déplacement des animaux, prendre en compte la migration interne dans les politiques publiques, mieux intégrer les actions des migrants aux stratégies de développement des collectivités, Promouvoir l’installation des fonds transférés par les émigrés pour l’investissement, mobiliser des financements auprès des riches migrants vivant dans les pays africains, identifier et valoriser les compétences de la diaspora, sensibiliser les populations de la 2ème génération et mener une étude prospective sur les transferts de migrants.
F.NAPHO