Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Terrorisme et violence : Qu’est-ce qui pousse les jeunes vers les groupes extrémistes?
Publié le jeudi 3 novembre 2016  |  L’Essor
Mali:
© AP par DR
Mali: Le groupe islamiste Ansar Dine libère l`otage suisse Béatrice Stockly
24 avril 2012.Tombouctou.Mali. A un point de rendez-vous dans le désert de Tombouctou,les combattants de Ansar Dine montent la garde au moment de la libération de Béatrice Stockly enlevée le 15 avril dernier dans le nord du Mali
Comment


Une étude récente pointe le manque d’opportunités économiques, la mauvaise gouvernance, la marginalisation politique, la frustration, le chômage…

L’Institut malien de recherche action pour la paix (IMRAP) a présentée hier à l’hôtel Radisson Blu, son rapport et un film documentaire intitulé : « Au-delà de l’idéologie et de l’appât du gain : trajectoires des jeunes vers les nouvelles formes de violence en Côte d’Ivoire et au Mali ». La cérémonie de présentation a réuni le représentant du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de police Moro Diakité, le représentant de l’Unicef au Mali, Ismaïl Maïga, la directrice régionale d’Interpeace pour l’Afrique de l’Ouest, Anne Moltès, et la directrice exécutive de l’IMRAP, Mme Traoré Néné Konaté. Fruit de consultations de plus de 700 personnes, la recherche s’est concentrée dans les Régions de Gao et de Sikasso et en Côte d’Ivoire, dans la commune d’Abobo et la ville de Bouaké, avec l’appui de l’Unicef et Interpeace. Elle avait pour objectifs, selon la directrice exécutive, Mme Traoré Néné Konaté, de comprendre les expériences des communautés et les trajectoires des jeunes relatives aux nouvelles formes de violence ; et d’informer les politiques nationales et internationales de lutte contre ces nouvelles formes de violence en se basant sur les perspectives locales avec un focus sur l’éducation. Au terme de 6 mois de recherche, les résultats obtenus démontrent à suffisance que les causes principales qui poussent les jeunes vers les violences sont le manque d’opportunités économiques, la mauvaise gouvernance, la marginalisation politique, la frustration et le chômage. Ces problèmes ont poussé les jeunes vers des trajectoires totalement différentes. Certains ont rejoint les rangs de groupes séparatistes et djihadistes et d’autres se sont engagés dans les groupes de résistance civique. Une autre cause, selon le représentant de l’Unicef, Ismaël Maïga, c’est la non-adaptation de l’éducation aux besoins de développement et d’épanouissement des jeunes et le manque d’opportunités socio-économiques. Les résultats de la recherche ont montré que ce n’est pas seulement le chômage ou la recherche d’argent qui pousse les jeunes vers certains groupes violents mais plutôt la quête de reconnaissance et de réussite sociale, dont l’emploi ou l’argent ne sont qu’un indicateur parmi tant d’autres. Le rapport conclu que le démarchage idéologique ne suffit pas à déterminer et structurer les trajectoires d’engagement des jeunes dans la violence et la promesse de l’argent seule ne suffit pas à pousser les jeunes à commettre des actes violents. La professionnalisation de la violence s’opère dans un marché de la violence au-delà des frontières étatiques. Pour la plupart des personnes interrogées pendant la recherche, une profonde crise éducative touchant la famille, la communauté et l’école est à la base des trajectoires des jeunes vers la violence. Les écoles coraniques sont aussi pointées du doigt, car elles contribuent souvent aux trajectoires vers de nouvelles violences à cause du fort contrôle dont jouit les maîtres sur les élèves. A l’issue de la recherche, des recommandations ont été formulées dans le sens d’aider les décideurs dans les prises de décision sur les questions concernant les jeunes et orienter les politiques dans la prise en charge des aspirations de la jeunesse afin d’aboutir à un retour rapide d’une paix durable. Les chercheurs ont recommandé d’appuyer les initiatives pour les jeunes en impliquant toutes les parties prenantes ; d’assurer un accompagnement communautaire à l’insertion des jeunes violents ; de valoriser les groupes en rupture avec la société et de prendre en considération l’existence d’une professionnalisation de la violence au-delà des frontières nationales ; d’assurer une continuité éducative entre famille et d’engager toutes les parties prenantes dans une meilleure compréhension de l’enseignement coranique pour valoriser les bonnes pratiques. Les résultats de cette recherche participative, selon le représentant du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Moro Diakité, viennent à point nommé pour aider le Mali et la communauté internationale à appréhender les facteurs et les motivations du basculement des jeunes et adolescents dans de nouvelles formes de violence. Pour la directrice régionale d’Interpeace, Anne Moltès, le processus a été mené pour accompagner les communautés concernées dans l’analyse de leurs propres expériences et permettre l’identification des dynamiques positives endogènes de résilience, c’est-à-dire la capacité des populations à s’adapter, prévenir, atténuer, transformer et échapper à la violence.

Anne-Marie Kéïta
Commentaires