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Insécurité Violences et terreur à Ke Macina : Un message à prendre au sérieux…
Publié le vendredi 3 mars 2017  |  Le Prétoire
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© aBamako.com par Androuicha
Visite du président IBK en 4e région: Inauguration du château d`eau de la ville de Macina.
Macina dans le cercle de Macina dans la région de Ségou, le 08 décembre 2015. Dans les activités marquant sa visite effectuée en 4è région, le président Ibrahim Boubacar KEITA a procédé à l`inauguration de l`ouvrage de fourniture d`eau potable de la ville de Macina.
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Le 12 février dernier, un affrontement entre des populations de deux tribus différentes a fait un bilan officiel de vingt morts et seize blessés. Après l’émotion, l’horreur et la stupeur, cette tuerie sanglante de Ké-Macina est un message à l’endroit des plus hautes autorités du pays ! Certes, justice doit être rendue aux victimes. Mais à y voir de très près, il s’agit en réalité d’un message codé à l’intention du président Ibrahim Boubacar Kéita, le Mansa de tout le Mali. Décryptage…

Primo, cette tuerie de Ké-Macina traduit une faillite de la communication gouvernementale pour sensibiliser les populations sur les dangers liés au conflit ethnique. Plusieurs facteurs, imbriqués les uns aux autres, créent un cocktail explosif. D’abord, le cercle de Macina est une zone où se côtoient des communautés d’éleveurs et des communautés d’agriculteurs. Le schéma traditionnel des conflits, comme il est présenté par les autorités est le suivant : les éleveurs font pâturer leurs troupeaux et occasionnent des dégâts dans les champs des agriculteurs, qui se vengent en lançant des opérations punitives.

C’est l’autodéfense communautaire. Or, maintenant cela fait des siècles que ces communautés vivent ensemble : des conflits continuent, mais n’ont jamais pris cette ampleur. Et les Peuls, autrefois nomades, pratiquent aujourd’hui encore la transhumance, mais sont quasi sédentaires : donc dans les localités comme Ké-Macina, les gens se connaissent. En effet, il urge de lancer un appel pressant au président IBK, qui doit faire beaucoup attention, car le danger est là !

Secundo, la tuerie de Ké-Macina illustre une triste évidence concernant le vivre ensemble depuis la crise de 2012 : « loin des yeux, loin du cœur » dit-on. Très éloignée de la capitale Bamako, la gestion du cercle de Ké-Macina et partant doit être une priorité absolue pour le gouvernement d’IBK. D’ailleurs ses prédécesseurs n’ont pas fait mieux pour cette zone fertile et riche mais qui manque de tout.

Ce sentiment d’abandon est un fardeau pour ces populations qui se sentent trahies. Tenez-vous bien, qui a payé les conséquences directes et indirectes des guerres fratricides au Libéria, en Sierra-Léone et en Côte d’Ivoire ? C’est la forêt ! Ici au Mali on parlera de la zone la plus agricole du pays. A chacune de ces violences, le gouvernement malien utilise la même recette : indexer des groupes rebelles étrangers et envoyer des cadres ressortissants de la région pour éteindre l’incendie. Tertio, la tuerie de Ké-Macina vient confirmer une triste réalité : les maliens ne croient plus en leur justice à cause de l’impunité et le sentiment d’insécurité grandissante dans le pays. Au final, les maliens se replient massivement vers leurs communautés pour mieux se protéger à défaut d’avoir un Etat fort et impartial capable d’assurer leur sécurité commune. Et c’est ce qui explique aujourd’hui le foisonnement des groupes d’autodéfense à travers le septentrion et le centre du pays.

En définitive, la tuerie de Ké-Macina qui s’ajoute à notre longue liste de massacres non élucidés, est un signal pour le président Ibrahim Boubacar Kéita. Les maliens sont en train de se diviser, à bout de nerf et surtout en colère contre les élites qui ne pensent qu’à leurs « intérêts égoïstes ». Aujourd’hui, les Maliens en ont marre des promesses futiles, des discours ethnocentristes et le sentiment d’une justice à deux vitesses. Dans ce contexte, la faim et la colère sont des ingrédients explosifs qui risquent de balayer nos apprentis sorciers du gouvernement et nos opposants-opposés à rien.

Autant agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Il ne faudra pas négliger la politique intérieure du pays. Il suffit d’approcher les Maliens pour comprendre que les promesses d’un « Mali émergent » en 2020, souhait du président IBK, n’est plus l’apanage de ses compatriotes et s’en fout pas mal !!! Ce qui compte pour nos compatriotes, c’est l’amélioration de leur quotidien, une justice équitable, une sécurité renforcée, une santé pour tous et de la nourriture accessible à tous ! Et il n’est jamais trop tard pour agir. Car aux promesses stériles, les maliens risquent de répondre par la violence. Pendant ce temps, nos opposants-opposés multiplient les critiques et n’offrent aucune alternative fiable aux yeux de leurs compatriotes.

Paul N’GUESSAN
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