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Mme Sidibé Dedeou Ousmane, Secrétaire General de la CDTM : « Soyons solidaires entre nous et avec les autres organisations centrales au Mali »
Publié le vendredi 28 avril 2017  |  le Reflet
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Juriste de formation, la directrice des affaires juridiques de l’Institut National de Prévoyance Sociale du Mali non moins Secrétaire générale de la Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali, CDTM, se nomme Mme Sidibé Dédeou Ousmane. Elle est également la secrétaire généralede la section nationale CDTM de l’institut et représentante du personnel au conseil d’administration de l’INPS. Battante,cette femme qui n’est plus à présenter dans le milieu syndical malien, a bien voulu nous accorder une interview à la veille de la fête du 01er mai, journée dédiée aux travailleuses et travailleurs.

Le Pouce : Comment se porte aujourd’hui la CDTM ?



Mme Sidibé Dédeou Ousmane, « La CDTM est une centrale composée de plusieurs syndicats nationaux notamment sept à la date d’aujourd’hui. Depuis sa création, la CDTM et les membres qui la composent mettent du leur et font tout ce qu’ils peuvent pour que les intérêts matériels et moraux des travailleurs soient préservés. Nous sommes dans cette mouvance et au niveau de la CDTM, nous avons initié une forme de syndicalisme qui peut paraître atypique. Quand on parle de syndicat, pour beaucoup de personnes, c’est aller à la grève, ou que les syndicalistes abandonnent leur profession pour uniquement exercer le syndicalisme qui n’est pas un métier. A la CDTM, nous avions privilégié le dialogue. A preuve, je l’ai dit et je répète que nous avions déposé un cahier de doléances au gouvernement qui a fait l’objet d’un procès-verbal de conciliation. Sur 35 points, il y a eu 33points d’accord. Nous sommes en train de suivre l’exécution de ces ponts d’accord même si c’est timide. La CDTM se porte à merveille. Pour vous dire, nous sommes en train d’enregistrer des adhésions ».

Le Pouce : Madame, sous quel angle fêtez-vous cette journée du 01er mai ?

Mme Sidibé Dédeou Ousmane, « Cette journée qu’on peut appeler la journée internationale du travail, ou fête du travail tout court remonte au 01er mai 1886 suite à la répression du mouvement des travailleurs qui revendiquaient à cette époque la journée de 8heures de travail. Ce mouvement a été durement réprimé. Et depuis dans le monde entier, cette journée du 01er mai est commémorée par tous les travailleurs du monde en mémoire et pour rendre hommage à ceux qui sont tombés sur le champ de bataille en 1886 à Chicago. C’est là que les syndicats ont mis la pression pour pouvoir obtenir la journée de 8heures de travail et aux Etats-Unis en Europe et chez nous en Afrique. Cette année, à la CDTM, nous fêtons le 01er 2017, sous l’angle de l’unité d’action syndicale. Nous la fêtons sous l’angle du dialogue social élargi entre tous les partenaires, les organisations syndicales, les organisations patronales et l’Etat malien ».

Le Pouce : On a constaté que le premier trimestre de l’année 2017 a été marqué par des grèves et des revendications catégorielles. Selon vous qu’est ce qui explique cette situation ?

Mme Sidibé Dédeou Ousmane, «Ce malaise social s’explique par le manque de communication et de cadre élargi du dialogue. Quoi qu’on dise, cela nous manque au Mali contrairement à certains pays voisins qui ont mis en place un cadre de dialogue social permanent. Ce n’est pas lorsqu’il y a la crise qu’il faut réagir. Il faut toujours prévenir les crises. Lorsqu’on les prévient par le biais du dialogue, généralement, on aboutit à maintenir l’équilibre et la paix sociale dans notre pays. Le front social était en ébullition. Ceci est dû à plusieurs causes. Il y a le fait que les travailleurs revendiquent à bon droit pour l’amélioration de leur condition de vie. Partout, c’est des primes et des avantages qui sont réclamés à l’Etat. Ce qui amène ça, c’est parce qu’il n’y a pas une harmonisation des primes au Mali. Des secteurs ont des primes très élevés par contre d’autres n’ont rien. A croire que nous ne sommes pas sur le même territoire, que nous ne vivons pas dans le même pays. Ça amène des frustrations à certains niveaux. C’est normal que les gens bougent et brandissent la menace de la grève ou partent en grève tout court pour qu’ils soient dans certaines conditions décentes de vie. Une autre cause, c’est que ça fait plus d’une année, que la commission de suivi ne siège pas pour évaluer l’état d’exécution du procès-verbal de conciliation. On a l’impression que le gouvernement ne tient pas ses engagements. Cela n’apaise pas plus le climat social ».

Le Pouce : Est-ce que la CDTM a eu à s’impliquer dans la gestion des grèves récentes notamment au niveau de la santé, des magistrats, mais aussi des enseignants ?

Mme Sidibé Dédeou Ousmane, « En tant que responsables syndicaux, nous ne sommes pas restés les mains croisées. Toutes les centrales posent des actes. Ce n’est pas visible par ce que c’est des grèves sectorielles. En ce moment, il est très difficile pour les centrales de prendre le devant. Mais, nous parlons avec nos camarades. Nous avons parlé avec le gouvernement à prendre ses responsabilités et à respecter ses engagements. Pour ce qui concerne les grèves dans les secteurs que vous venez de citer, le syndicat de la santé n’est pas affilié à la CDTM. Mais par rapport au mouvement des femmes, la CMT et la CDTM l’ont fait ensemble. La santé est un secteur qui est très sensible. Tant que son impact est grand sur les femmes et les enfants, nous ne pouvons pas rester indifférents. Pour ce qui concerne les magistrats, ce sont nos camarades. Nous étions en contact jusqu’à la levée du mot d’ordre suite à la satisfaction des doléances dans ce secteur. Actuellement, la CDTM est en concertation avec le gouvernement. Nous avons des actions en vue parce que la section de la justice qui est composée du personnel non-magistrat affilié à la CDTM est à son troisième mot d’ordre de grève. Nous lançons un vibrant appel aux autorités de ce secteur-là, pour que nous puissions aller à la table de la négociation afin que ces gens puissent avoir enfin avoir satisfaction de leurs doléances. Pour les enseignants, nous avons été reçus après le premier ministre rentrant par le ministre de l’éducation qui était accompagné par le ministre du travail, le ministre des Maliens de l’Extérieur, le ministre de l’enseignement supérieur et le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle.Nous avions eu une rencontre au niveau du ministère de la fonction publique pour voir comment on peut désamorcer la bombe qui est en gestation dans le milieu enseignant ».

Le Pouce : En tant que représentante du personnel de l’INPS au sein du conseil d’administration, êtes-vous satisfaite du climat qui règne entre la direction et vous et des conditions de travail de vos collègues ?

Mme Sidibé Dédeou Ousmane, « Il est très difficile d’atteindre les conditions optimales du travail, mais ce qui est sûre et qui est à constater, c’est que la direction est très respective à nos problèmes. Quand nous avons des problèmes, les membres de la direction, le directeur général, son adjoint, ils ont leur porte grandement ouverte. Nous exposons nos problèmes auxquels ils sont également sensibles. La communication est très développée au niveau de l’INPS entre la direction générale et le personnel. Quand on se parle, on se comprend. C’est ce dialogue social qui est recherché même au niveau national. Pour ce qui concerne l’INPS à la date d’aujourd’hui, on peut dire la direction est à notre écoute. Nous n’avons pas tout ce que nous voulons, mais l’entreprise donne en tout cas ce qu’elle peut. C’est une lutte permanente. Nous sommes toujours en train de demander ce à quoi nous avons droit. Nous ne cesserons de le faire. Tant que l’entreprise existe, il ya des problèmes. Il faut les poser pour avoir les solutions. ».

Le Pouce : Récemment, vous étiez en conclave avec des délégués venus des régions, où est-ce que, on en est avec les promesses faites par le premier responsable de l’entreprise?

Mme Sidibé Dédeou Ousmane, « Nous avons déjà amorcé quelques points qui sont mis en exécution. A la clôture, séance tenante, il a accordé un point intéressant.La prime de rendement était bloquéepour certaines raisons. Il l’a débloqué immédiatement. Ce n’est pas un cahier de doléances, mais nous avons donné des recommandations issues de ces assises. C’était l’occasion pour nos camarades qui sont dans les régions d’exprimer leurs préoccupations et d’exposer leurs problèmes. On en a fait un document précieux que nous avions transmis à la direction générale qui nous a proposé qu’on va avoir un cadre de concertation et d’échanges autour des points pour trouver les solutions qui s’imposent »

Le Pouce : En cette veille de fête, avez-vous un message à l’endroit de vos camarades et de vos syndicats?

Mme Sidibé Dédeou Ousmane, « Je vais commencer par l’INPS où je lance un appel à la direction générale. Appel qui consiste à veiller sur la sécurité de nos camarades qui sont dans régions, notamment les régions où l’insécurité sévit. C’est avec une grande amertume et le cœur serré que je me suis réveillé ainsi que l’ensemble des travailleurs de l’INPS en apprenant que deux de nos collègues dont un partait payer les pensions et des allocations des travailleurs de Mopti ont été enlevés. C’est un cri du cœur pour que la direction s’active pour qu’ensemble on trouve les voies et moyens pour pouvoir assurer la sécurité de nos travailleurs dans ces endroits. Nous avons une camarade dont la jambe a été amputée à Gao. Elle venait prendre des bordereaux de paiement à Bamako. Elle a été victime d’un accident de circulation. C’est l’occasion aussi de remercier la direction générale pour son implication dans la prise en charge et le soutien moral et matériel pour nos camarades. C’est le message que j’ai à l’endroit de mon service jusqu’au ministre de tutelle qui est le ministre de la Solidarité. Par rapport à tous les syndiqués et affiliés de la CDTM, il faut être vigilants, parce que le pays traverse des moments difficiles et mener leur mission de syndicalistes n’est pas très facile. Il faut que les membres de la CDTM soient solidaires entre eux et avec les autres organisations centrales au Mali ».

Entretien réalisé par Tiémoko Traoré

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