Dans le cadre des 8è jeux de la Francophonie, le groupe Lévi Sagara était sur scène le 24 juillet 2017, dans la salle Ernesto Djédjé du Palais de la Culture. Accompagné d’instrumentistes jeunes, mais très talentueux, Levis, à travers trois champs bien rythmés, a exposé un pan de la grande et riche culture musicale malienne. Sons et lumières impeccables. Salle pratiquement pleine. Une ambiance particulière. Et, Levi Sagara n’en demandait pas plus pour exposer son talent.
Loin de la tradition griotique reconnue comme la marque déposée de la musique malienne, Levi Sagara fait partie de la nouvelle génération d’artistes musiciens maliens qui ont un jeu ouvert sur le monde. Pieds fortement enracinés dans la culture ou dans les cultures maliennes et la tête qui se balade un peu partout dans le monde, cet artiste a fait le choix de s’inscrire volontairement dans une musique tradi-moderne. Et, son style a plu aux spectateurs du Palais de la culture. Ils ne se sont pas gênés pour esquisser des pas de danse, quand l’orchestre s’est installé dans un rythme dogon. Levi est sur la bonne voie. Le fait d’avoir eu la capacité de regrouper autour de sa modeste personne des jeunes artistes instrumentistes très talentueux, depuis 3 ans, montre à suffisance qu’il ira très loin. Pourvu que cette cohésion naissante soit maintenue pendant de longues années.
Ancien pensionnaire du Conservatoire Bala Fasséké, Levi Sagara a une bonne parfaite maîtrise des techniques de chant. Et, il ne s’est pas privé de faire usage de cette maîtrise, chose que la salle a par moment appréciée par des applaudissements. Levi Sagara chante bien et se joue ou joue avec sa voix. Il est maître de ses cordes vocales. En plus du fait qu’il a prouvé qu’il a une parfaite maîtrise de son environnement, national et international, en visitant deux aires culturelles maliennes (Bambara et Dogon), et en utilisant la langue française pour des reprises de refrains, Levi Sagara a fini par convaincre la salle qu’il a une démarche artistique qui ne tardera pas à faire découvrir son identité.
Chanteur et instrumentiste
Il chante. Il danse et, il joue en même temps de la guitare. Cette qualité rare pourra être une valeur ajoutée à sa pratique musicale, s’il en prend conscient et travaille davantage cet aspect. Sur la scène du Palais de la culture, Lévis Sagara et ses musiciens ont proposé trois titres dans le cadre du concours : «Kona muso» ou la stérilité, l’Afrique pleure et «Ya-gana» ou la Reconnaissance. Selon le lead-vocal, «Kona muso» chantée en langue bambara, est dédiée à toutes les mamans du monde. Dans cette chanson, l’artiste prend fait et cause pour toutes les femmes qui n’ont pas eu la chance d’avoir un enfant. «Celles qui ont eu des enfants n’ont rien payé à Dieu pour ce faire et celles qui n’en ont pas eu n’ont rien fait de mal à Dieu», reprend en refrain l’artiste et sa choriste Eléonore. Convaincu qu’il n’y a pas d’enfants à vendre dans un supermarché, il lance une invitation à ce que cesse tout mépris à l’égard de celles qui n’ont pas eu d’enfant, afin qu’elles cessent de souffrir.
«Femme ne pleure pas. Dieu est grand Dieu et est au contrôle de tout», chante Levi Sagara. Au titre de son 2ème chant, Lévi Sagara a interprété «L’Afrique pleure», une de ses nombreuses créations. Dans ce chant, à la limite engagé, il dénonce le fait que de milliers de jeunes africains, voulant fuir la misère, la pauvreté, les guerres et surtout le manque d’opportunités, vont mourir dans le Sahara et dans méditerranée. «Afrique pleure ses enfants emportés pas les vagues de la méditerranée. Jeunesse africaine prend conscience. Personne ne construira cette Afrique à notre place», dit Levi Sagara, dans un chant qui a été apprécié par le public du Palais de la culture d’Abidjan.
Avec son 3ème titre, il mettra le feu aux poudres. Cette chanson dogon intitulée «Ya-gana» ou Reconnaissance, a vraiment plu à l’auditoire. Il faut dire qu’elle rend hommage à la diaspora dogon dispersée à travers le monde. Mais, n’oublie pas les Dogon sur la falaise de Bandiangara, ni ceux de Koro. Mais il lance une invitation à la paix et à la cohésion en vue d’un monde meilleur. Pour sa première sortie, le groupe de Levi Sagara a affronté des groupes venus de : Canada, Cameroun, Suisse et Congo. Espérons que son talent le conduise à la finale qui aura lieu le vendredi prochain au Palais de la culture d’Abidjan.
Le groupe de Levi Sagara
Le groupe de Lévi Sagara, qui existe depuis 3 ans, est composé de 6 artistes et utilise 6 instruments pour sa musique : Le piano, la guitare- basse, la guitare solo, la guitare rythmique, la batterie et la Kora, un instrument traditionnel du mandé. Si Lévis Sagara joue de la guitare rythmique, il est aussi le lead-vocal du groupe. Eléonore fait les cœurs avec Ousmane qui joue aussi du piano. Abdoulaye est à la guitare solo, au moment où Elisée jour de la r bass et Bakary (la batterie). Il n’y a aucun doute, Lévi Sagara est un partisan de la théorie qui voudrait que celui qui veut aller loin prépare sa monture.
Piqué très jeune par l’art, notamment par les chants et les instruments comme le djembé, le tamani, la batterie, la guitare et le piano, qu’il découvre dans la chorale de l’église, Levis va d’abord terminer des études supérieures en sciences de l’éducation, avant de décider d’aller au conservatoire. En choisissant d’aller au Conservatoire pour parfaire son approche artistique, ce jeune artiste malien venait de faire un choix clair : devenir professionnel de la musique. Et, pour cela, il n’attendra pas la fin de ses études au Conservatoire des Arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté, pour mettre sur pied un groupe musical qui fait aujourd’hui la fierté du Mali.
Aujourd’hui titulaire d’un master en musique, Lévi Sangara, artiste- musicien, est l’auteur compositeur de plusieurs chansons en dogon (sa langue maternelle), bambara (langue nationale) et en français (langue officielle du Mali).
Il faut dire que le Mali, absent pendant les deux dernières éditions des compétitions culturelles des jeux de la Francophonie, est revenu à Abidjan avec force et avec une présence effective dans 8 disciplines culturelles.
Assane KONE
Envoyé spécial en Côte d’Ivoire