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Art et Culture

Mali : écrivain public, un métier menacé de disparition
Publié le jeudi 23 novembre 2017  |  APA
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Très nombreux au Mali, il y a quelques années, les écrivains publics voient de plus en plus leur rang s’éclaircir. Et pour cause, ils sont peu sollicités par une clientèle, tournée davantage vers le téléphone portable et l’Internet.

Img : Mali : écrivain public, un métier menacé de disparition
Pour se rendre compte de cette réalité, il suffit tout simplement de faire un tour à la grande poste de Bamako, lieu où jadis se regroupaient des dizaines d’écrivains publics prêts à offrir leurs services. En ce samedi matin, ils ne sont que deux et l’un d’eux plus chanceux que son collègue qui semble s’ennuyer dans l’oisiveté s’occupe d’un client, originaire du Congo.

En gros, le travail de l’écrivain public consiste à rédiger pour ses clients, pour la plupart des individus n’ayant pas été à l’école française, des demandes (emploi, notamment), des lettres, des cartes de vœux et des plaintes. Payé pour ces travaux, l’écrivain public peut également être sollicité pour remplir des formulaires.

Le ressortissant congolais qui a jeté son dévolu sur Bantatou Joseph, l’un des deux écrivains publics trouvés à la grande poste, veut aider une connaissance à envoyer une lettre en Belgique. L’ami s’était fait écrire une première lettre mais arrivé à la poste une employée, en voyant la manière dont l’adresse est écrite, a estimé que le texte devait être mal rédigé et qu’il valait mieux reprendre le tout.

D’où, le Congolais s’est tourné vers Bantatou et, après marché conclu, la reprise du travail va lui couter 500 FCFA.

Le nez plongé déjà dans la réécriture de la lettre, Batantou Joseph explique qu’après rédaction, il va bien rédiger l’adresse pour qu’on puisse la lire. Sur la première lettre, non seulement l’adresse est difficile à déchiffrer mais elle est cachée en partie par le timbre. Autant de maladresses à rectifier par Batantou avant que l’employée chargée de recevoir les lettres donne son aval…

Adama Guindo, l’autre écrivain public trouvé sur place, tient à relever que ses collègues et lui n’ont pas uniquement affaire à des illettrés. ‘’Souvent il arrive que certains de nos clients (…) sachent bien lire et écrire. Ils ont besoin de nous, car les correspondances ont souvent des techniques particulières que tous ne connaissent pas. Nous, nous les maitrisons parfaitement ici’’.

Batantou Joseph tout comme Adama Guindo ont chacun une quinzaine d’années d’expérience dans le métier et, au vu des sollicitations dont ils continuent d’être l’objet, ils soutiennent n’avoir pas d’inquiétude pour l’avenir

‘’Ca fait plus de 15 ans que je suis dans ça. C’est avec ça que je paie la maison, mes habits et nourrit mes enfants. Mais si on fait sortir internet cela ne va pas pousser la poste à fermer. Parce que la poste fait beaucoup d’activités. Nous, nous vivrons de cette activité, tant que la poste vivra’’, affirme Batantou Joseph.

Avec une recette journalière tournant autour de 5000 FCFA, les deux écrivains publics s’en sortent pas mal et n’ont rien à envier à beaucoup de leurs compatriotes qui ne cracheraient pas sur une telle somme quotidienne.

Réalistes, les deux écrivains publics reconnaissent, cependant, que le développement d’Internet où on peut trouver des cours sur la manière de rédiger une lettre ou une demande d’emploi, continuera de faire du mal à leur métier.

Mais pas au point de l’éradiquer, tant que des expérimentés comme eux seront là pour proposer leur expertise.

AD/cat/of/APA

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