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Sécurité et développement dans le Sahel : la conférence de Bruxelles mobilise 414 millions d’euros
Publié le lundi 26 fevrier 2018  |  L’Essor
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© Présidence par Presidence
Le Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar KEITA, est arrivé ce dimanche 26 octobre 2014 dans l’après-midi à Bruxelles, accompagné de son épouse.
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Le chef de l’Etat qui a participé à la rencontre, a souhaité le décaissement rapide de ces fonds afin que la Force conjointe du G5 Sahel soit en capacité de produire ses effets dès fin mars prochain





Une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement européens et du G5 Sahel a pris part à la Conférence internationale de haut niveau sur le Sahel qui s’est tenue, vendredi dernier, à Bruxelles en Belgique.

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, y était présent ainsi que trois membres du gouvernement: le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiéman Hubert Coulibaly, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Tiéna Coulibaly et celui de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé. Côté européen, on notait notamment la présence du chef de l’Etat français, Emmanuel Macron et de la chancelière allemande, Angela Merkel.

Organisée sous l’égide de l’Union européenne (UE), des Nations unies, de l’Union africaine (UA) et du groupe des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), cette rencontre de haut niveau a permis de confirmer l’engagement politique de l’UE aux côtés des pays du Sahel, de mobiliser un montant de 414 millions d’euros en soutien à la Force conjointe du G5 Sahel, et de renforcer la coordination et l’efficacité de l’aide au développement durable de la région.

A l’ouverture des travaux, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a rappelé que le Sahel, un territoire presque aussi vaste que l’Union européenne, concentre une multitude de défis étroitement liés les uns aux autres: pauvreté extrême, fragilité inquiétante, insécurité grandissante.

«Aujourd’hui, un cinquième de la population du Sahel souffre d’insécurité alimentaire, ce qui est un facteur de fragilisation de toute la région. Les conflits et les crises ont provoqué le déplacement de 5 millions de personnes. Et les trois quarts de la population de cette région ont moins de 35 ans et, en plus, peu de perspectives d’avenir – autre facteur de fragilisation», a-t-il déclaré.

«Face à tant de facteurs d’instabilité si étroitement liés les uns aux autres, les réponses que nous apportons doivent être conséquemment ambitieuses et complètes. Sécurité et développement vont de pair et nous devons continuer à mobiliser tous les instruments dont nous disposons pour en garantir des effets visibles dans la région», a poursuivi le président de la Commission européenne, avant d’annoncer que l’UE compte arrondir sa contribution à 100 millions d’euros mobilisés pour soutenir l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.

Pour la haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, c’est la première fois que 32 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE et du G5 Sahel, ainsi que les représentants des Nations unies, de l’Union africaine et d’autres partenaires dans le monde (Japon, Canada, Etats-Unis d’Amérique et les pays du Golfe) se réunissent à Bruxelles pour soutenir les pays du Sahel, dans un travail très important, non seulement pour les populations dans la région, mais aussi pour les Européens eux-mêmes, que ce soit en matière de sécurité, de développement ou de changement climatique.

«Il s’agit de soutenir la Force conjointe du G5 Sahel, une initiative que nous avons soutenue dès le début… L’UE a été la première à y investir, à y croire avec les premiers 50 millions d’euros donnés déjà en juillet dernier. Aujourd’hui, l’Union européenne va doubler son soutien à la force conjointe. Et nous allons aussi avoir d’autres contributions des Etats membres et des autres partenaires», a-t-elle indiqué.

Cette rencontre, a soutenu Federica Mogherini, était très importante pour seulement parler de la sécurité, mais aussi de développement. «Parce qu’il n’y a pas de conditions de sécurité réelles sans le développement social, économique, c’est-à-dire des opportunités pour les jeunes, les femmes dans la région. C’est pour cela que l’Union Européenne a investi 8 milliards d’euros dans la région du Sahel sur ces 7 dernières années», a-t-elle fait savoir.

ASSURER UN FINANCEMENT PÉRENNE. A la fin des travaux, la Conférence a, sur le plan de la sécurité, appelé à assurer un financement pérenne à la Force conjointe du G5 Sahel. En réponse aux besoins et aux priorités opérationnelles nécessaires à la pleine opérationnalisation de cette force conjointe, et exprimés par son commandant, le général Didier Dacko, des annonces cumulées de l’ordre de 414 millions d’euros ont été faites dont 176 millions de la part de l’UE et de ses Etats membres, y compris 100 millions de la Facilité africaine de paix.

Les Co-présidents de la conférence ont pris note de l’appel des chefs d’Etat du G5 Sahel au Conseil de sécurité des Nations unies pour examiner leur demande d’accorder à la Force conjointe du G5 Sahel un mandat sous chapitre VII de la charte des Nations unies. Ils se sont également félicités de la décision des chefs d’Etat du G5 Sahel de rendre opérationnelles immédiatement les structures visant à soutenir la Force conjointe, tels que le Fonds fiduciaire pour la Force conjointe du G5 Sahel, le Comité de soutien et le Comité de contrôle. La complémentarité de ces instruments avec ceux existants a été soulignée. L’UE a formellement mis à la disposition des autorités du G5 Sahel un mécanisme dédié de coordination (« Coordination Hub ») qui accompagnera la montée en puissance du Comité de soutien.

Sur le plan du développement, les Co-présidents ont rappelé que l’action sécuritaire de la force conjointe n’aura d’impact que si elle s’accompagne d’actions de développement et d’un retour des services de l’Etat, en particulier dans les zones fragiles. Tout en reconnaissant les soutiens significatifs déjà mobilisés par la Communauté internationale (dont 8 milliards d’euros pour l’UE et ses Etats membres sur la période 2014-2020) en faveur du développement des pays du G5 Sahel, ils ont appelé à l’accélération de la mise en œuvre des stratégies nationales et actions de développement.

Ils ont aussi pris acte de l’appel des chefs d’Etat du G5 Sahel adressé aux institutions financières internationales à considérer les conséquences des crises sécuritaires sur leurs finances publiques. Par ailleurs, la Conférence s’est félicitée du travail réalisé autour du Programme d’investissement prioritaire (PIP) du G5 Sahel qui permettra de promouvoir des projets d’investissement pour le Sahel qui s’articulent autour des quatre axes suivants : Défense et sécurité; gouvernance; infrastructures, résilience et développement humain. La Conférence s’est également engagée à soutenir le Secrétariat permanent du G5 Sahel pour organiser la table ronde du financement du Programme d’investissement prioritaire en juin 2018 à Bruxelles.

En outre, les Co-présidents se sont également félicités du travail accompli par les membres de l’Alliance Sahel qui accompagnent les priorités stratégiques des pays du G5 Sahel, et qui constituent déjà une première réponse au PIP, en mobilisant 6 milliards d’euros de paiements à venir (sur la période 2018-2022) visant des cibles ambitieuses comme, par exemple, l’employabilité des jeunes (création de 1 million d’emplois) et la connexion énergétique (1,4 million de foyers supplémentaires connectés à une source d’énergie). L’Alliance Sahel concernera en particulier les zones fragiles et instables dans lesquelles l’aide au développement doit accompagner les efforts de sécurisation.

Sur le plan politique et diplomatique, la Conférence a appelé à un appui renouvelé aux efforts politiques déployés par les pays du G5 Sahel afin de réunir les conditions d’une stabilité durable de la région. Cela passe notamment par la capacité des Etats du G5 Sahel à lutter contre le terrorisme et les trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains, de promouvoir le développement durable, de fixer un cadre efficient de gouvernance et de répondre aux besoins et aspirations des populations sur l’ensemble de leur territoire, en particulier dans les zones les plus fragiles.

La Conférence a réitéré sa ferme condamnation des actes terroristes perpétrés, avant de saluer la mémoire des victimes, civiles et militaires et d’exprimer sa solidarité à l’endroit des familles et des pays touchés. Elle a aussi salué les progrès dans la mise en œuvre des dispositions de l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali et encouragé une mise en œuvre pleine et entière des dispositions de cet accord. A cet égard, elle a recommandé d’accentuer la lutte contre le terrorisme et d’accélérer les efforts notamment dans la mise en œuvre du volet désarmement, démobilisation et réintégration. Enfin, la Conférence a exprimé sa préoccupation face à la persistance de la crise libyenne et émis le vœu d’une résolution urgente et durable de ce conflit.

Envoyé spécial
Madiba KEITA

IBRAHIM BOUBACAR KÉÏTA SATISFAIT DE LA MOBILISATION AUTOUR DU SAHEL

«Je rends grâce au Tout Puissant qui a permis cette réunion de haut niveau, ici à Bruxelles, la capitale de l’Europe. C’était quelque part émouvant de voir ces cinq chefs d’Etat (Tchad, Mauritanie, Niger, Burkina, Mali) face à toute l’Europe. Et tous les chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Europe ont tenu à faire le voyage. Ils étaient tous là autour de la table pour écouter le message des hommes et des femmes du Sahel, éprouvés par ce fléau qui, aujourd’hui, est devenu l’angoisse du monde entier.

Ces chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Europe ont compris que ce qui se passe au Sahel les concerne directement et qu’ils sont plus victimes des cavalcades que nous subissons dans notre espace sahélien. Car eux qui ont été refoulés du Moyen Orient, qui furent les guerriers de DAECH, et je ne sais quelle auto-organisation à vocation du terrorisme international et d’une hégémonie mondiale de mauvais goût, tous ceux-là, dans la débâcle qu’a subie DAECH, sont en train de se retrouver dans notre espace.

C’est là le danger potentiel que nul ne saurait méconnaître l’importance future et la destination finale n’est pas le Sahel, cela a été compris. Quand on sait que la mission que se sont assignés les Etats du G5 Sahel est une mission qui dépasse de loin leur espace géographique et territorial. Il y a aussi que toutes les notions de convivialité civilisationnelle et de vivre ensemble, que toutes ces notions soient mises en cause fondamentalement aujourd’hui par des gens qui, sous le couvert faux et illégitime de la religion, s’adonnent à toute sorte d’atrocités.

Tel imam qui tranquillement conduit la prière du soir, au sortir est égorgé. Tel autre qui emprunte son chemin habituel, on le fait exploser. Nous avons vu l’horreur à Boni; trente personnes qui ne demandaient rien d’autre que de se retrouver comme chaque semaine avec leurs frères Maliens et d’ailleurs pour partager un moment d’échange commercial et surtout d’échange humain, ceux-là n’en sont plus.

Et je l’ai dit: l’objet du deuil même n’est pas palpable car les corps n’ont pas pu être reconstitués. Voilà l’horreur à laquelle désormais nous devons faire face et nos amis Européens ont compris la profondeur de cette affaire de terrorisme. Ils ont compris la menace et sa présence, c’est pour ça qu’ils se sont tous portés pour nous accueillir à Bruxelles, pour voir avec nous comment renforcer nos moyens de lutte. Les Etats du G5 Sahel ont tout le mérite de mettre en place un cadre de coopération, de mutualisation de leurs efforts, de leurs équipements, de leurs pauvres finances.

Et l’Europe aujourd’hui est décidée de contribuer financièrement à hauteur souhaitable à notre effort commun au Sahel. Voilà qui est confortable pour la solidarité internationale que nous avons beaucoup appréciée. Pas seulement l’Europe. Autour de cette table, d’autres ont été conviés et qui ne sont pas les moindres. Ainsi l’Arabie Saoudite, ainsi les Emirats Arabes Unis, tous ont dit combien cette question de terrorisme les préoccupait et combien était grande leur détermination à en être dans cette lutte là et cela nous a beaucoup réconfortés. Nous pensons qu’il y aura un avant et un après Bruxelles, Insh’Allah!

On peut dire aujourd’hui que sur le plan financier, le G5 Sahel est à condition, que tout ce qui a été annoncé (414 millions d’euros) soit libéré dans le temps souhaité. Il y a souvent eu ce problème dans la mise en place de financement, dans les annonces de financement. Hélàs, il y a souvent un temps indifféré entre les annonces et l’effectivité. Si cela était, ça serait dommage et dommageable pour notre opérationnalité.

D’où nous comptons qu’elle (l’effectivité des annonces) soit réelle à partir du mois de mars. Si cela est donc, il est fort souhaitable que la Force conjointe soit en capacité de donner ses effets dès la fin mars. Nous pensons aussi que ce qui s’est passé ici est une étape parmi tant d’autres parce que nous comptons encore rencontrer d’autres partenaires, d’autres horizons pour continuer à faire en sorte que le G5 Sahel puisse faire sa mission sans le souci de budget et de la logistique.

Je crois que tous ces espoirs sont permis. Nous sommes déjà en pourparlers avec les Nations unies. Nous sommes heureux que le secrétaire général, Antoni Guterres, soit avec nous dans cette quête là, qu’au niveau du Conseil de sécurité, on puisse donner un mandat robuste à la Force conjointe du G5 Sahel (sous le chapitre VII). Toute chose qui permettra de faire en sorte que les questions de financement pérenne de cette force soient résolues.

C’est une quête légitime. Nous pensons que ce qui est fait ailleurs dans la lutte contre le terrorisme est égal à ce qui est fait au Sahel. C’est la même dimension, c’est la même profondeur, c’est le même but. Donc on ne peut pas comprendre qu’1 milliard soit quotidiennement dépensé en bombardement, en logistique et autres activités dans une partie du monde parfois à vocation similaire et que dans notre espace à nous, nous soyons là en difficultés de réunir ce que nous souhaitons mettre en place. Je pense que les 75 millions d’euros sont possibles annuellement (pour le financement de la Force conjointe du G5 Sahel)».

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