Le Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA a décidé de surseoir à la décision de recasement des commerçants du marché Rose et des Halls aux légumes de Bamako en commune II du District de Bamako contre laquelle des habitants ont manifesté leur opposition malgré la signature d’un protocole, dans ce sens, entre les autorités locales et le maire du District de Bamako.
Interpellé après l’affrontement entre les forces de l’ordre et des habitants de la commune II opposés à la mesure, le lundi dernier, le chef du gouvernement Soumeylou Boubèye MAIGA a demandé au maire de la CII du district de surseoir à l’exécution de la mesure du recasement temporaire des commerçants à l’hippodrome et au quartier TSF.
Ce même lundi, la manifestation contre ce recasement a dégénéré. Les manifestants ont brûlé les pneus, occupé les voies publiques, barricadé des rues pour exprimer leur mécontentement à accueillir ces commerçants tout en qualifiant la décision du conseil communal d’irréfléchie. Selon eux, la rue 214 d’une superficie de 4 700 m2 à l’Hippodrome n’est pas un espace approprié pour recaser des commerçants même si c’est pour un laps de temps. Déterminés à faire échec à ce projet, ils soutiennent l’existence de plusieurs sites susceptibles d’accueillir ces individus en attendant la fin des travaux de rénovation des deux marchés. Ce jour, il a fallu l’intervention musclée des forces de l’ordre pour disperser les manifestants.
En confirmant la décision du Premier ministre de surseoir à l’opération de recasement qui allait commencer incessamment, plusieurs responsables de la mairie de la commune II supposent que la décision du chef du gouvernement vise à apaiser cette vive tension entre les autorités locales et les habitants de la commune.
« La situation a créé un climat de méfiance entre nous et la population. Les fausses nouvelles ont pris le dessus sur la réalité. J’image que la démarche du Premier ministre consiste à résoudre ces brouilles », a estimé notre source qui reste pessimiste sur la suite de cette opération.
Elle soupçonne néanmoins le gouvernement de prendre cette décision de sursis à l’installation des commerçants avant qu’elles ne la transforment en annulation pure et simple.
Il faut rappeler que c’est le vendredi 23 février dernier que le maire de la CII, Cheick Abba NIARE, et celui du district de Bamako, Adama SANGARE, ont signé un protocole d’accord dans la cour de la mairie centrale. Ce protocole d’accord avant sa signature avait selon nos sources fait l’objet d’une large concertation entre les membres du conseil municipal de la CII. Il portait sur l’installation temporaire de 2000 des commerçants victimes de l’incendie du marché rose, à l’Hippodrome et au quartier TSF, en attendant la fin des travaux de réalisation dudit marché. Dans ce protocole, les deux parties ont également convenu d’épargner le champ hippique de Bamako, qui était site de recasement de ces commerçants.
La mairie de la commune II lors de sa session extraordinaire du 21 février a finalement opté pour la rue 214 d’une superficie de 4 700 m2 à l’Hippodrome et la bande des anciens rails d’une superficie de 5 999 m2 traversant les quartiers de Quizambougou, la Zone industrielle et le quartier TSF qui font aussi l’objet de contestation.
Si la décision du Premier ministre a l’avantage d’instaurer le calme dans la commune, il aura comme principale conséquence de ralentir la mise en œuvre des travaux de rénovation des deux marchés, conditionnés à la libération des lieux par les commerçants.
La société turque, PACRAY, en charge de la reconstruction du marché, s’est également engagée, dans son cahier de charge, à construire des kiosques en vue de recaser temporairement les occupants des lieux avant le début des chantiers.
« Pour commencer les chantiers, il faut d’abord que les commerçants libèrent le site », avait déclaré Ibrahim BA, le porte-parole de la société PACRAY, le mardi dernier, lors de la cérémonie d’installation des deux mille kiosques en commune III du District de Bamako. À l’en croire, le démarrage des travaux est lié au recasement des commerçants. En commune II et III, il est prévu d’installer des kiosques de 3 min 2 s pour 4 000 personnes soit 2 000 par commune.