Officiellement, la direction du PDES a choisi le président du parti, Hamed Diane Séméga, candidat à la présidentielle de juillet prochain. Bien avant, Mme Haïdara Aïssata Cissé dite Chato, députée et membre de l'organe dirigeant du PDES, avait proclamé la sienne. Le Parti pour le développement économique et la Solidarité (PDES) revient de loin. Il remet sur la place publique ses querelles de clocher qui avaient eu raison de sa cohésion à la veille des élections avortées d'avril 2012. A cette échéance, la maison des héritiers de l'ancien président de la République, Amadou Toumani Touré, avait failli voler en éclats à cause des querelles byzantines, chaque cadre voyant midi à sa porte à la fin du règne du mentor.
Devant les atermoiements du PDES sur le choix du candidat ou l'opportunité de briguer le suffrage des Maliens, Ahmed Sow, le président d'honneur, et Jeamille Bittar, le 1er vice-président, avaient déclaré leur candidature en créant leurs propres partis.
La 1ère Convention du parti organisée en décembre 2011 au stade du 26-Mars sous le contrôle d'ATT a accouché d'une souris parce que les événements de mars sont survenus sans que le parti ait pu désigner son porte-drapeau. Ahmed Sow et Jeamille Bittar sont restés campés sur leur position de garder intacte leur candidature. Un an après le PDES remet le couvert. Les blessures sont loin d'être cicatrisées. La candidature de Diane Séméga, rentré précipitamment il y a une dizaine de jours de son exil dakarois où il s'était réfugié depuis le coup d'Etat avec ATT, a été validée par la commission mise en place à cet effet. Son choix a été décidé au détriment de trois autres prétendants malheureux, dont les députés Billy Touré et Chato.
Cette dernière n'a pas encore dit son dernier mot. Elle reste dans la course à Koulouba avec ou sans le PDES dont le dernier mot revient aux militants et électeurs. Chato a officiellement lancé sa candidature la semaine dernière qu'elle présente sous la bannière des associations de femmes et de jeunes. L'élue du PDES à Bourem est déterminée à barrer la route à celui qu'on présente comme un déserteur, celui qui a osé jeter l'éponge, laisser le gouvernail de son parti et partir de son pays en feu et en sang par la faute de la mauvaise gouvernance du régime dont il était l'exécuteur des basses œuvres.
Candidate des femmes et des jeunes
La candidate des femmes et des jeunes, syndicaliste réputée qui a conduit les pas de l'Intersyndical de la défunte multinationale Air Afrique jusqu'à sa liquidation au courant de l'année 2000 est plus qu'une combattante avec un certificat de la vie impressionnant. Elle a bravé les canons des terroristes du MNLA, d'Ançar Eddine et du Mujao pour défendre la cause de ses frères pris en otage ou en détresse dans les villes occupées du Nord. L'opinion publique nationale et internationale se souviennent encore de ses prises de position à l'Assemblée nationale, à Bruxelles, à Paris et à New York contre l'irrédentisme touareg et les idées malveillantes véhiculées sur le Mali par le MNLA et ses soutiens occultes ou avérés aux quatre coins du monde.
Elle a ainsi pu clouer le bec des éminences grises du MNLA dans leur tentative de dénigrement de notre pays qu'ils qualifient à tort "d'anti-touareg" sur des plateaux des chaînes TV, lors des débats télévisés sur des TV françaises et européennes. Wildaf-Mali, une organisation féminine, n'a pas hésité à la primer récemment pour ses engagements et sa combativité. Wildaf lui a rendu un hommage appuyé le 2 mars 2013, à l'occasion des festivités commémoratives du 8 mars, Journée internationale des femmes.
L'antipode
"Malheur à qui chante quand Rome brûle". Cet adage d'un auteur de l'Antiquité peut être paraphrasé en ces termes, "malheur à qui fuit quand Rome (le pays) brûle". Hamed Diane Séméga, ministre d'ATT pendant ses deux mandats successifs à la tête de l'Etat du Mali et Niorois bon teint, a préféré se la couler douce au pays de la Terranga. Après 14 mois passés à 1 300 km de Bamako, il n'a fait son retour qu'il y a une dizaine de jours pour des motivations qu'on ignore même s'il a semblé se justifier devant la presse au cours d'une conférence. Reparti à son lieu d'exil ces derniers jours, les raisons de sécurité sont loin de justifier la fuite du pays de Séméga qui pourrait être rattrapé par l'histoire ainsi que toute sa lignée comme l'histoire contemporaine du Mali nous l'apprend.
"Le vin est tiré, il faut le boire". En dépit de la décision de la direction, le fauteuil du PDES pour l'élection présidentielle de juillet est à disputer entre Chato qui donne l'image d'une battante et un fuyard. Une troisième candidature n'est pas à écarter.