SociétéAprès Koulogo, Dioura et maintenant plus 130 personnes tuées à Ogossagou dans le cercle de Bankass : L’échec patent du plan de sécurisation intégré des régions du centre!
Samedi 23 mars 2019, au matin de bonheur, le village d’Ogossagou-Peul a été l’objet d’une attaque d’envergure majeure. Plus d’une centaine de morts, tel est le bilan macabre de cette scène de carnage survenu après celle de Dioura le 17 mars dernier. Les uns et les autres se rejettent la responsabilité de cette atrocité.
La situation sécuritaire au Mali s’aggrave du jour au lendemain. Alors que les larmes des veuves de l’attaque de Dioura et de Koulogon peinent encore à se sécher, voici que le nombre de veuves vient à s’augmenter suite au « génocide » survenu le samedi dernier à Ogossagou-Peul. Si pour l’attaque de Dioura, un déserteur de l’armée malienne, Bamoussa, avait été accusé avant que le GSIM sort de son silence pour revendiquer l’attaque laissant comprendre qu’il s’agissait d’une annonce du retour de Amadou Kouffa, annoncé pour mort avant qu’il ne réapparaisse dans une vidéo, cette attaque du samedi a été attribuée au Groupe d’autodéfense Danan dirigé par Youssouf Toloba par certains.
Harouna Sankaré accuse la milice dirigée par Youssouf Toloba
Sur la RFI, le maire d’une commune voisine du village attaqué, Cheick Harouna Sankaré, a bien décrit la scène. Il précise que le groupe de chasseur qui a attaqué ce village était conduit par Youssouf Toloba : « Le village a été attaqué par des chasseurs des milices armées de Dan nan Amassagou, dirigées par Youssouf Toloba. Quand ils sont arrivés dans le village, ils ont commencé à tirer sur la population civile. Ils ont découpé à coup de machette des femmes. Des femmes enceintes ont été éventrées. Un jeune du village a été présenté devant sa mère, ils l’ont assassiné devant sa mère et puis ils l’ont assassinée. Pour le moment, jusqu’à 16h, nous avons compté 115 corps trouvés. Nous sommes en train de chercher d’autres corps. Nous avons 70 cases incendiées, 80 greniers brûlés. C’est une situation très inquiétante. L’État malien doit tout faire pour mettre fin à ces tueries». Tel est également la position de Tabital Pulaaku.
Le gouvernement parle de personnes non identifiées
Si le maire parle sans langue du bois en allant jusqu’à indexer sans aucun doute l’auteur de cette atrocité, le gouvernement garde des réserves. Le gouvernement parle d’individus non encore identifiés : « Dans la matinée du samedi 23 mars 2019, des éléments armés non encore identifiés ont attaqué le village d’Ogossagou, dans le cercle de Bankass, région de Mopti ».
Danan Amassagou dément son implication et condamne l’attaque
De son côté, Danan Amassagou dément toute son implication dans cette bavure.« Nous n’avons rien à voir avec ce massacre que nous condamnons avec la dernière rigueur. Nous ne sommes pas impliqués là-dedans ni de près, ni de loin », écrit-il dans ce son communiqué avant d’ajouter : « La tenue des chasseurs, tout le monde peut la porter, on la trouve au marché. Il y a même des mouvements qui portent la tenue militaire actuellement à Bankass et ils ne sont pas militaires ».Aussi, le groupe dirigé par Youssouf Toolba a rappelé qu’il a signé un cessez-le-feu unilatéral. Il fait ainsi part de toutes les difficultés auxquelles les Dogons sont confrontés depuis la signature de ce cessez-le-feu.
L’URD incite à l’action
De son côté, le parti du chef de file de l’opposition trouve que cette attaque est la preuve palpable de l’échec du plan de sécurisation intégré des régions du centre par le gouvernement. Il accuse alors le gouvernement d’IBK en l’interpellant sur « l’incompétence, les manquements et les négligences de son Gouvernement ayant entraîné de tels drames ».
Les Nations-Unies ont réagi
Les Nations-Unies après avoir indiqué l’attaque de ce village par « des hommes armés habillés en chasseurs traditionnels », condamne avec la dernière rigueur cette bavure. Antonio Guterres s’est dit « choqué et outré » par cette situation qui rappelle que les défis à relever restent nombreux. « Ce qui vient de se passer ce matin nous rappelle malheureusement que les défis sont nombreux », explique le chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif. Cette attaque survient alors que le Conseil de Sécurité des Nations effectue une visite dans le Sahel notamment au Mali et au Burkina Faso.
Que des enquêtes soient ouvertes
Cependant, toutes les parties demandent l’ouverture des enquêtes afin de situer les responsabilités et poursuivre les responsables devant les juridictions compétentes.
Notons que ça fait une semaine seulement qu’une attaque d’une telle envergure était survenue à Dioura et ayant fait plus de 20 morts. « La région de Mopti dans le centre du Mali a été le théâtre de violences meurtrières depuis le début de l’année », lit-on sur le site des Nations-Unies. Toutes ces attaques interviennent après celle de Koulogon-Peul le 1er janvier 2019.
Des questions doivent se poser
Les autorités doivent alors changer de fusil d’épaule en termes de sécurisation des personnes et de leurs biens. De source RFI, après l’attaque d’Ogossagou, les assaillants se sont dirigés vers Wélingara à 2 km du premier village. Ils auraient tué toutes les personnes trouvées sur place puisque la majorité avait fui.
Toutes ces atrocités survenues après le coup raté de l’armée française contre Amadou Kouffa serait-il à la base de l’exacerbation de la situation sécuritaire dans le fief de ce membre du Groupe de Soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) ? Rien n’est sûr, quand même tout porte à croire que Kouffa vit d’après les mêmes sources qui ont déclaré son probable mort.
Outre cela, nous sommes également tentés de nous demander s’il n’y aurait pas un rapport entre cette montée d’un cran de l’insécurité dans le centre avec les revendications du départ de la France du Mali afin de mettre un terme à l’exploitation du Mali par ce pays. Ces attaques récurrentes ne constitueraient-elles pas une technique pour montrer que le Mali a toujours besoin de la France afin de taire ces revendications? En tout cas, il pourrait y avoir anguille sous roche. Ce qui est déplorable, c’est que de véritables enquêtes ne sont pas menées ou même s’elles sont menées, les véritables coupables sont rarement inquiétés. Ce qui encouragerait ces genres de violation des droits humains.