Société
Dissolution de Dan Na Ambassagou : pourquoi avoir attendu maintenant ?
Publié le jeudi 28 mars 2019 | Le Wagadu
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Le gouvernement du Mali a annoncé le dimanche 24 mars, à l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire, la dissolution du mouvement d’autodéfense Dan Na Ambassagou suite au massacre d’une centaine de Peuls, vingt-quatre heures plus tôt dans le village d’Ogossagou dans le cercle de Bankass. Une décision vivement contestée par les responsables du regroupement.
Dan Na Ambassagou s’est «écarté de ses objectifs initiaux…»
«L’association Dan Na Ambassagou est dissoute », annonce le communiqué du conseil des ministres extraordinaire du dimanche 24 mars. Il est reproché au regroupement de s’être «écarté de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales».
Une accusation que rejette Marcelin Guinguéré, porte-parole du mouvement, qui affirme n’avoir jamais été approché par les autorités pour que ce soit. Cette dissolution intervient après le massacre d’une centaine de personnes à Ogossagou à moins d’une vingtaine de kilomètres de la ville de Bankass.
La dissolution intervient trop tard
L’annonce de la dissolution du mouvement Dan Na Ambassagou est diversement appréciée par les Maliens. Certains se demandent pourquoi avoir attendu maintenant. Quand on sait que la même milice d’autodéfense avait été accusée à tort ou à raison d’être l’auteur du massacre de Koulougon, le 1er janvier.
Sa dissolution avait été réclamée par NyugalPulaaku, une association peule, depuis le 9 septembre. Lors d’une conférence de presse, les responsables de NyugalPulaaku accusaient déjà la milice dirigée par Youssouf Toloba d’être à l’origine des massacres perpétrés dans le centre du pays. Le chef du gouvernement, SoumeylouBoubèyeMaïga, avait demandé à toutes les milices de se désarmer avant le 30 janvier.
Plus d’un mois après, force est de constater que rien n’a été fait. Si l’Etat avait agi, on aurait pu éviter cette tragédie. Aussi,à y voir de près, ce massacre est la preuve que les autorités n’ont pas tiré les leçons de l’attaque de Koulougon. Elle traduit également l’échec du plan dit de sécurisation du centre du pays.
Cette décision n’est qu’un coup d’épée dans l’eau
Au contraire, d’autres pensent que cette décision n’est qu’un coup d’épée dans l’eau et qu’elle ne résoudra pas le problème. «Je doute que cette dissolution change quelque chose sur le terrain. C’est l’association qui a été légalement dissoute, pas la milice. La milice agit avec du mépris pour la loi depuis longtemps. Pourquoi cela changerait-il ?» analyse Dougoukolo Alpha Oumar BaKonaré, chercheur et président de l’Observatoire Kisal des droits humains pour les pasteurs nomades sur le plateau de TV5 Afrique. Cette décision s’avèrera très difficile à appliquer d’autant que l’Etat est absent de la zone qu’occupe la milice Dan Na Ambassagou. Une absence qui a justifié la création de la milice.
Marcelin Guinguéré nie la responsabilité de Dan Na Ambassagou
En plus de la dissolution de toutes les autres milices, de quelle que nature que ce soit, les autorités doivent traduire les responsables du mouvement Dan Na Ambassagou devant la justice. D’autant que par cette décision, l’Etat rend la milice implicitement responsable de la tuerie odieuse à Ogossagou. Ce que nie vigoureusement Marcelin Guinguéré, qui dit condamner l’attaque avec la dernière énergie.
Il affirme prendre acte de la décision du gouvernement. Le chef de la branche politique se dit également surpris de la décision du gouvernement. «Nous ne sommes pas une association, mais plutôt un mouvement d’autodéfense qui n’a pas de récépissé. Alors je ne sais pas ce que le conseil des ministres a dissout», ironise le porte-parole de Dan Na Ambassagou. Cependant, Marcelin Guinguéré affirme rechercher la paix. C’est pourquoi il demande à l’Etat de procéder à la sécurisation de la zone.
Sur le terrain, des responsables de Dan Na Ambassagou contestent la décision du gouvernement et promettent de s’y opposer par tous les moyens. «C’est une grosse erreur que le gouvernement a commise», commente un agent d’une ONG sous couvert d’anonymat. Il fallait selon lui appeler les leaders de la milice à la table de négociation plutôt que de prendre cette décision qui sera très difficile à appliquer. Les jours prochains seront très édifiants.
Abdrahamane Sissoko
Le Wagadu
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