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Avec l’imbroglio de dignitaires, de dignes et d’opportunistes : Ibk saura-t-il relever les défis du changement ?
Publié le mercredi 14 aout 2013  |  Le Zenith Bale


© aBamako.com par A S
Conférence de presse animée par IBK, le président du RPM
Bamako le 03 janvier 2013 à Sébénikoro


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Fini le scrutin présidentiel, place au travail dans l’équité et la justice, serait-on tenté de dire. Mais que faire avec un Président entouré de ses dignitaires (ceux qui en toute sincérité ont placé leur confiance en Ibk dès le premier tour) avec en face les dignes (ceux du FDR qui sont restés derrière leur parole) et dans l’entrejeu les opportunistes qui ont retourné la veste pour se mettre dans les grâces de la partie gagnante ?
C’est par une mobilisation jamais observée au Mali, en témoigne un taux de participation jamais atteint, que les Maliens ont manifesté leur engouement pour l’élection présidentielle de 2013. Pour nombre des électeurs, il s’agit d’opérer le changement, qui pour les uns signifie de mettre un terme à la crise qui a véritablement secoué le pays ces dernières années, qui pour les autres signifie d’en finir avec 20 ans de gabegie. Avec les félicitations du candidat Soumaïla Cissé au désormais Président Ibrahim Boubacar Kéïta, la voie est très vite et si bien tracée pour remettre le pays sur le chantier de la reconstruction, par le travail bien fait dans l’équité et la justice. Le Mali en a vraiment besoin. La communauté internationale nous assiste. Avons-nous d’ailleurs le choix ?
Cependant les défis sont énormes. Et surtout les plaies à panser sont nombreuses, selon une correspondance en son temps du Front Nouveau Citoyen (FNC).
Au plan socio-économique
A partir du 6 avril 2012 et suite au coup d’État du 22 mars, le Mali, jadis cité en exemple de stabilité, a été amputé des 2/3 nord de sa superficie, soumis à une loi divine dans la pure tradition talibane de Kaboul, étrangère aux mœurs africaines. Le septentrion vivait des pratiques inhumaines telles la fermeture des écoles publiques et leur remplacement par des « écoles coraniques », la fermeture des échoppes de tabac, le tout agrémenté par une cascade d’interdictions: interdiction des jeux de hasard (loteries), interdiction aux femmes de sortir sans accompagnement, interdiction des chants, danses et des rites de transmissions séculaires.
Tous les grands secteurs de l’État étaient en panne : l’économie en chute libre avec une perte de l’ordre de dix milliards de F CFA par mois rien que pour les recettes douanières. Une chute imputable tout autant aux destructions et aux pillages infligées aux infrastructures de l’administration par des soldats mutins qu’au refus des compagnies d’assurances de garantir les transferts financiers des opérateurs économiques maliens, en raison du climat d’insécurité. L’administration douanière a dû d’ailleurs entreprendre, en toute urgence, la remise en état de son réseau informatique dont les serveurs et les câbles de liaison avaient tous été volés ou détruits lors des pillages qui ont suivi le coup d’État. Le secteur du BTP pâtit aussi de l’insécurité et de l’incertitude ambiantes : les chantiers de modernisation de l’aéroport international de Bamako-Sénou, tout comme le « Millenium Challenge Account »(MCA), un programme d’investissement spécial des Etats-Unis, ont été suspendus dans l’attente de la restauration de la démocratie.
Au plan politique
Plus de quarante années de mensonges et de corruption à la cadence militaire et en tenue para, camouflée en civile sur la dernière décennie, aussitôt après un intermède « franchement civil » sous Alpha Oumar Konaré (AOK) de 1992 à 2002.
Le dictateur (1968-1991) Moussa Traoré, parricide du symbole de l’indépendance malienne, deux fois condamnés à mort, puis gracié, vit aujourd’hui une retraite pieuse mais très confortable aux frais de l’État, à Bamako, narguant de sa présence aux cérémonies les proches de ses victimes, sans s’encombrer de leurs fantômes ou de remords.
Son Excellence Alpha Oumar Konaré (AOK) : 2 mandats successifs de 5 ans. Le professeur – enseignant de son état, démolisseur attitré de l’éducation nationale et des mœurs, qui, après avoir transformé son parti politique en groupement d’intérêt économique (GIE) et modifié tous les seuils de concession (de gré à gré) des marchés publics, concéda à la corruption ses lettres de noblesses en élevant le clanisme, la perversion et la trahison à leur paroxysme. Pour sa propre succession, AOK finit par nier au parti qui l’a porté au pouvoir la qualité et les capacités de promouvoir et soutenir une candidature à l’élection présidentielle, préférant s’en remettre à un « non-partisan » – le général ATT.
Et, depuis le 22 mars 2012, nul n’a encore entendu AOK placer un seul mot sur l’actualité si brûlante du Mali, de laquelle il est tout de même directement et personnellement comptable au moins pour 10 ans !
Enfin, dernier et non le moindre, le mutique général stratège ATT, principal responsable de ce chaos absolu, en retraite tranquille à Dakar. Un procès aurait sans doute démontré l’incurie administrative et l’impéritie politico-militaire : que le dispositif militaire déployé dans le Nord du Mali était factice avec des chars désarmés. Par qui et pourquoi. De crainte d’un coup d’État contre le pouvoir à Bamako ? Pour donner les motifs à un coup d’Etat contre Att ? Att lui-même parlait d’un coup d’Etat. La mutinerie a-t-elle empêché ce coup d’Etat ?
Ibk a du pain sur la planche
Les Évêques du Mali, dans un message circonstancié, questionnaient déjà en 2002 : « Peuple du Mali, dis-moi qui est ton Dieu ! » (Pâques 2002, Message des Évêques du Mali à l’occasion des élections générales 2002)
À l’évidence, le Dieu des travailleurs maliens, honnêtes et entreprenants, n’est pas un Dieu de corruptions, de vols ou de mensonges, ni de surfacturations et encore moins d’escroqueries et de guerres. Ce Dieu, est-il le même que celui qui est adoré par ceux qui ont dirigé ou prétendent guider le Mali vers le bonheur ?
Osons l’affirmation sans fausse honte : la corruption gangrène toutes les strates de la société. « Le virus est déjà implanté dans le fœtus à peine constitué dans le ventre de sa mère », selon le constat désabusé le plus fréquent dans nombre de conversations privées au Mali. Terrible constat, couvrant un lourd aveu de culpabilité !
Viennent ensuite se rajouter les dommages collatéraux de la déstabilisation de la Libye par l’alliance atlantique.
Le Mali est, là aussi, victime des turpitudes de sa propre classe politico-militaire, qui aura été, dans une belle inconscience, le meilleur terreau au prosélytisme dogmatique de la branche la plus obscurantiste de l’islam pétro monarchique – le meilleur propagateur, par ricochet, de l’islamophobie à travers le monde.
Dans ces conditions, quoi de moins étonnant que de jeunes soldats malmenés et désappointés, mal conseillés et très souvent manipulés, déferlent dans les rues, avec la molle prétention de s’arroger le droit de se servir de ce gâteau de la République (le pouvoir et ses privilèges), dont ils ne percevaient, jusques ici, que la couleur tout en ignorant aussi bien la consistance que la saveur ?
Quoi de plus prévisible que, dans la foulée, de vieux charognards bataillant de jeunes hyènes haussent ensemble le hurlement et montrent leurs serres et crocs, au détriment du peuple et sa quiétude ? Que, ce faisant, ils s’entourent des mêmes caméléons et pique-assiettes, puis s’entredéchirent au sujet d’une légitimité politique qui, de toutes les façons, n’échoira aux uns à l’exclusion absolue des autres ?
Que des « religieux » en manque de spiritualité et d’inspiration s’imaginent que ce pourvoir reste à ramasser, puisque mis à terre et ne semblant plus appartenir à personne, et concluent en se pourléchant que « l’affaire est dans le sac » ?
Enfin, nous voilà au terme de la présidentielle, avec un tout nouveau pouvoir qui doit opérer sa fonctionnalité avec des mutants, des opportunistes de tous bords, pour redresser quoi ? Des amis de Moussa aux amis de Att en passant par les amis de Alpha, tout y est. Au Mali, les hommes politiques sont loin de vouloir s’assumer. En manque d’idéologie et en panne de conviction, ils rament à tous les courants. Ibk a du pain sur la planche !
Osons espérer que ces faiblesses de la chair et ces crises cumulées aboutissent, cette fois, à la consécration de la véritable Nation du futur au Mali par la formation d’une conscience nationale.
Une conscience nationale toujours laïque et authentiquement démocratique, à l’abri des intégristes de tout bord, des corrompus de tout poil et de leurs insatiables appétits.
Ce ne sera certes pas la chose la plus aisée à réaliser par les temps qui courent, mais c’est sans doute la seule qui vaille d’être retenue pour cible !
Mamadou DABO

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