Deux semaines après la réception des premières doses du vaccin anticovid AstraZeneca, la vaccination n’a toujours pas commencé dans nos murs. Cette lenteur dans l’exécution d’une campagne qui devrait être salvatrice, n’est pas fortuite en soi. Si officiellement les autorités en charge du dossier la justifient par l’alibi selon lequel elles se doivent de définir au préalable les cibles prioritaires, notamment le ‘’personnel médical de premier rang’’, elles voilent en revanche que la situation exige une forte campagne de sensibilisation en amont. Un taux de vaccination acceptable dans notre pays, réputé pour son scepticisme vis-à-vis de l’existence du virus, passerait à coups sûr par là.
En effet, la réalité selon laquelle au moins une dizaine de pays du Nord, c’est-à-dire les pays développés ont suspendu l’administration de ce vaccin en attendant d’avoir le feu vert de l’Agence européenne du médicament (AEM), n’est pas inconnue sous nos tropiques. Notre pays en est bien au parfum puisque des rumeurs persistantes circulent autour de la qualité des doses de ce vaccin que nous avons reçues le 5 mars dernier. Parce que ailleurs, des effets secondaires, notamment des caillots de sang auraient été constatés chez certaines personnes ayant reçu des doses d’AstraZeneca. Cette donne, ajoutée à la divergence notoire dans les positions des acteurs locaux, n’est pas de nature à faire passer aisément la vaccination AstraZeneca au sein de la population malienne extra médicale.
Pour la section immunisation de la direction générale de la santé, l’antigène AstraZeneca a plus d’effets bénéfiques que de conséquences néfastes. Mais le Haut représentant du président de la Transition dans la lutte contre la Covid-19 requiert de surseoir à la vaccination et demande l’acquisition d’autres types de vaccin. Respectivement, Dr. Ibrahima Diarra et Dr. Ibrahim Traoré, ces deux acteurs majeurs de la gestion de la pandémie dans notre pays, ne sont pas sur la même longueur d’onde au sujet de la vaccination à base du vaccin anglo-suédois AstraZeneca. Le premier soutient que jusque-là, il n’y a pas de preuve scientifique que ce vaccin doit être mis en cause tandis que le second demande de surseoir à son utilisation et requiert l’acquisition d’autres types de vaccin. Et, en mentionnant dans un communiqué que la présidence est sur le point de se procurer 3 millions de doses du vaccin russe (Spoutnik) et du vaccin chinois (Sinovacc) dans le cadre du Programme présidentiel d’urgences sanitaires, le conseiller spécial avec rang de ministre et haut représentant du chef de l’État pour la lutte contre la Covid-19, renforce involontairement le covidosceptique malien dans son sentiment anti vaccin covid-19.