La guerre moderne se fait avec des armes. Sur le continent africain, les grandes nations se battent pour s’imposer dans le marché de vente d’armes. Malgré la forte présence militaire de Chine, la France et des USA sur le continent, c’est la Fédération de Russie qui se taille la part du lion dans ce juteux marché avec 49 % du total des exportations d’armes vers l’Afrique. Veut-elle étendre ce marché dans le Sahel à travers l’arrivée de Wagner au Mali ?
Ces deux dernières décennies, la Russie, sous le leadership de son Président Vladimir Poutine, a approfondi sa relation avec l’Afrique, devenant ainsi le plus grand fournisseur d’armes sur le continent. Selon l’Institut international de Recherche sur la Paix de Stockholm (Sipri) depuis 2000, les exportations d’armes de la Russie vers l’Afrique ont augmenté de manière significative. Actuellement, elles représentent 49 % du total des exportations d’armes vers le continent, selon cet institut.
C’est l’Algérie qui est le plus gros client des armes russes en Afrique. Le pays est suivi par l’Egypte, le Soudan et l’Angola. Selon nos confrères de DW.com, Alexandra Kuimova, chercheur au Programme de Dépenses militaires et d’Armement du Sipri, explique que le nombre de pays africains qui achètent des armes russes a augmenté ces deux dernières décennies. « Au début des années 2000, 16 pays africains étaient destinataires de ces armes. Entre 2010 et 2019, ils sont passés à 21.
A partir de 2015, la Russie a commencé à vendre des armes à l’Angola, pays riche en pétrole, principalement des avions de chasse et des hélicoptères de combat. Le gouvernement angolais à Luanda entretient depuis la période soviétique des liens étroits avec Moscou ».
Dans sa longue stratégie de conquête et de domination du marché des armes sur le continent, la Russie raffermit ses liens avec les pays puissants militairement sur le continent. Or le Mali, malgré la situation sécuritaire du pays, figure sur la short liste des pays les plus puissants sur le plan militaire du continent. Il occupe la 19e place dans le classement 2021 des puissances militaires en Afrique, selon le Global Fire Power. « Avoir un pied dans un pays du Sahel, même à travers une structure privée, est un moyen efficace pour poser les jalons en vue de conquérir le marché des armes dans ce pays », affirme un expert de la géopolitique proche du Kremlin. Il ajoute : « nous voulons aider un pays avec lequel nous entretenons une amitié féconde et sincère depuis les années 1960».
« Nous estimons qu’à partir du Mali, la Russie pourrait étendre ses activités dans les autres pays du Sahel notamment au Niger et au Tchad qui sont plus puissants que le Mali sur le plan militaire, selon le classement de Global Fire Power », analyse un autre source.
Les Russes, plus concrets que leurs rivaux ?
Selon DW.com, l’offensive russe est gagnante car en comparaison avec d’autres grands acteurs, les accords d’armement avec le Kremlin n’exigent pas de conditions politiques ou celles relatives aux droits de l’Homme. Dans certains cas, la Russie comble donc le vide laissé par les fournisseurs européens et américains.
Le site donne l’exemple des forces de l’ordre nigérianes accusées de violations des droits humains contre des suspects dans la lutte contre Boko Haram. « Par la suite, les États-Unis ont annulé une livraison d’hélicoptères d’attaque, alors que l’accord avait déjà été signé. La même année, le Nigéria a passé une commande et a reçu six hélicoptères de combat Mi-35M de Russie », indique le site.
L’Egypte présente un cas similaire. Après le coup d’Etat de 2013, les États-Unis ont commencé à couper dans l’aide militaire et les livraisons d’armes au pays. Ceci a donné une opportunité à la Russie (avec la France, un autre grand exportateur d’armes); le pays a rapidement intensifié ses transferts d’armes vers l’Egypte. De 2009 à 2018, la Russie représentait 31% des importations d’armes majeures de l’Egypte.
Selon Mme Kuimova, précise le site, les commerces d’armes se font généralement vite. Si un pays a besoin d’armes immédiatement et que la Russie en dispose, la Russie pourra les lui fournir. Ce qui joue aussi en faveur de la Russie est le manque de pression de la société civile russe pour suivre les ventes d’armes. L’industrie de la défense russe est secrète; la loi n’oblige pas les entreprises à publier les exportations d’armes, et généralement ces informations sont classées secret défense. Un manque général de données et de transparence a créé une situation dans laquelle les groupes de société civile sur le commerce d’armes n’existent simplement pas.