La situation est devenue plus récurrente et préoccupante que le pain dans certain localité du centre du Mali. Et voici pour la énième fois la ville historique de Bandiagara hausse le ton demandant aux autorités du Mali de faire face à cette crise qui a versé trop de sang. C’est encore une marche pacifique des forces vives pour exprimer leur ras le bol face à l’insécurité grandissante qui prend de plus en plus l’ampleur au pays dogon.
C’était le Vendredi 12 Novembre 2021 dernier, ils étaient des milliers de manifestants composés des maires des communes et toutes les couches socio professionnelles de la région de Bandiagara ont pris d’assaut les grandes artères de la cité historique de Nangabanou Tembely (Bandiagara). Une marche qui interpellent une fois de plus les plus hautes autorités de faire face à leur responsabilité qui est d’assurer la sécurité des populations et de leurs biens.
« L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère » disait l’ancien président du Burkina Faso, Thomas Sankara. Les populations de la région de Bandiagara, victimes de l’insécurité grandissante et de la faillite de l’État, ont compris cette réalité. Elles ont décidé ainsi de briser le silence et de réclamer ce que l’État leur doit : la sécurité. Elles ont dit non à l’insécurité grandissante dans la région ; non aux enlèvements répétitifs des cars ; non au mutisme de l’État ; oui à la sécurité, à la paix et au vivre ensemble.
«Sinon comment comprendre des dizaines d’attaques sur l’axe routier NationaleN°15, la quasi-totalité de nos greniers sont incendiés, la petite récolte incendiée au champ, les déplacés par ci à Koro Bankass Bandiagara Douentza, les déplacés par là et les déplacés partout au Mali», ont-ils souligné. Ils considèrent « tout ceci aujourd’hui par le manque de prévention de l’Etat a vue l’économie du centre tombée à terre, des champs de cultures et des espaces maraîchers abandonnés depuis trois à quatre ans, des écoles fermées, des villages abandonnés créant ainsi des déplacés qui vivent en toute misère.»
Ils ont retracé le tableau sombre de la situation, « C’est au total 709 personnes tuées plus bovins et caprins qui ont été emportés, plus de 20 000 déplacés, des dizaines d’engins de deux et de trois roues emportés et des boutiques incendiés la suite d’attaques suivis de plusieurs dizaines de morts d’hommes». Selon eux, les autorités n’ont jamais fait un communiqué pour compatir en plus forte raison de venir en aide. Ainsi, seulement le mercredi 10 novembre dernier, «des véhicules de transport interceptés entre Bandiagara et Bankass avec la plupart de leurs occupants emmenés par les ravisseurs, c’est le silence de l’état», ont-ils dénoncé.
«Les auto défenses DANA Amassagou seul rempart face au mal dans face n’est ni accompagné ni aidé par l’Etat ou les forces Armées dans sa lutte contre les terroristes d’où une fois encore notre soucis de voir les autodéfenses faiblir pour laisser finalement le centre a un triste sort», ont-ils exprimé leur désarroi.
Les revendications
Même si à Bamako, on ne parle que des sanctions de la CEDEAO à l’encontre des autorités de la transition au Mali et du respect de la durée de la transition ou même de la tenue des Assises nationales de la Refondation, les populations de Bandiagara, elles, ne réclament que la sécurité des personnes et de leurs biens. Dans le mémorandum lu à la fin de la marche, les manifestants ont réclamé, entre autres, le déploiement rapide des FAMa pour sécuriser tous les axes routiers du centre ; la réponse rapide des FAMa face aux attaques ; la patrouille des FAMa en accord avec les autodéfenses Dana Ambassagou ; la sécurisation des personnes et leurs biens ; la levée des embargo sur certains villages ; le réengagement rapide du centre d’un processus de dialogue pour la sortie entre protagonistes et de la réconciliation. « Nous sommes tout à fait disposés à soutenir la transition dans tous les aspects du règlement du Mali, mais ce sont les autorités de la transition même qui doivent soutenir la sécurisation du centre pour réussir le soutien à la transition », a-t-on précisé dans le mémorandum. Selon les manifestants, la marche de ce matin est un nouveau départ dans les réactions des populations face à la dramatique situation qui « ne s’améliore guère ».
La marche de ce 12 novembre 2021 ne sera pas la dernière dans la région de Bandiagara si la situation sécuritaire ne s’améliore pas. « Toutes les prochaines fois, nous serons dans les rues tant que nous n’avons pas droit à la vie, à la paix et à la sécurité », ont affirmé les manifestants.
Enlèvement des personnes
Le mercredi dernier, des cars en provenance des cercles de Bankass et Koro ont été enlevés entre Bankass et Bandiagara. Il s’agit de : Ogoyara Transport et Air Bankass. Même si les femmes et les enfants qui étaient dans les deux cars ont été relâchés, des dizaines d’autres passagers ont été conduits à des destinations inconnues par leurs ravisseurs. Ces otages, viennent majoritairement de la commune centrale de Bankass et d’autres communes du cercle n’ayant pas encore signé l’accord de « soumission » aux djihadistes. Au moment où nous mettions cette information sous presse, ces paisibles citoyens n’étaient encore libres même si les négociations locales étaient en cours.
Après les deux cars, les djihadistes ont enlevé, le vendredi, le second car de Ogoyara. Tous les passagers sont, selon nos sources, pris en otage.
Ce qui est déplorable, l’État n’avait pas encore réagi à ce drame. Aucun communiqué officiel n’a été produit sur la situation, en tout cas au moment où nous mettions cette information sous presse.
Attaque de poste de police de Koro : les assaillants violements repoussés
C’est au environ de 00h10 que des hommes armés non identifiés ont attaqués le poste de police de koro ce samedi. Après avoir encerclé et ou presque le poste ils ont ouverts le feu tout en criant ALLAH AKBAR.
Les agents qui étaient sur place, ont ripostés pour pousser les assaillants à la déroute. Au même moment un renfort d’une base CIR est venu définitivement mettre sous contrôle le poste de police. Bilan pas de perte en vie humaine ni de blessé. Les impacts de balles prouvent la violence du combat.
Il faut noter qu’au cours de l’attaque un engin explosif (grenade) qui a été jeté sur les agents de la police en plain combat n’a pas explosé et a été détruit par une unité anti mine ce matin.