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Dr. Alou Coulibaly, ARCAD santé + : “Plus de 240 000 Maliens vivent avec le VIH/Sida”
Publié le lundi 4 decembre 2023  |  Le Focus
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© Autre presse par DR
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Le mois de décembre est dédié à la lutte contre le Sida dans le monde. A l’occasion de ce mois, nous nous sommes entretenus avec Dr. Alou Coulibaly, médecin, directeur de renforcements des capacités à Arcad Santé plus, une organisation pionnière dans la lutte contre le Sida au Mali, pour parler de la situation et de l’évolution de cette épidémie au Mali. Cela, dans le contexte où la Covid à tendance à masquer l’ampleur de cette épidémie. Interview exclusive.

Le Focus : Qu’est-ce que le Sida
?
Dr. Alou Coulibaly : En termes simples, le Sida est une maladie comme toute autre maladie. Le virus responsable de cette maladie s’appelle le VIH. Pour une explication simple, le VIH est un microbe.

Le Focus : Comment l’attrape-t-
on ?

Dr. Alou Coulibaly : Il y a trois modes de transmissions. La transmission sexuelle qui représente plus de 80 % des cas de transmissions. La transmission verticale.
C’est-à-dire la transmission de mère à l’enfant. Enfin, la transmission sanguine à travers des objets souillés.

Le Focus : Quels sont les symptômes du Sida

Dr. Alou Coulibaly : Globalement, on ne peut pas perler de symptôme du Sida parce que le Sida est tout. Une fois le contact avec l’organisme, le virus se met à tuer le système de défense du corps. Naturellement, tout être humain est doté d’un système de défense qui le protège contre les maladies.
L’ennemi du VIH dans le sang,

c’est cette défense. Une fois que le virus prend le dessus sur ce système, la personne devient vulnérable aux maladies opportunistes. Les maladies opportunistes sont des maladies qui profitent des situations de faiblesse. Aussi, la manifestation du Sida dépend des personnes. D’aucuns font leur manifestation clinique avec des maladies de peau, des maladies de poumons. Spécifiquement, on ne peut pas dire que voilà le symptôme du Sida.

Ce qu’on peut dire par contre c’est qu’une personne doit être alertée pour aller faire le dépistage pour
savoir si elle est atteinte du VIH ou pas lorsque la personne fait une fièvre long-court. C’est une fièvre
inexpliquée qui dépasse deux ou trois jours. On devrait également faire le dépistage quand on perd
de manière inexpliquée 10 kilos de poids. Tout bon médecin prescrit également le test de VIH à tout pa-
tient venu pour une maladie sexuellement transmissible.

Malheureusement, il y a certains qui attendent ou refusent de faire le dépistage jusqu’à ce que le virus
prenne le dessus sur la défense et la personne tombe malade.

Le Focus : Comment prévenir le Sida ?
Dr. Alou Coulibaly : En 2023, on parle de prévention combinée. Pour la prévention, on parlait avant de préservatif. Maintenant, on parle de préservatif mais on parle également d’autres choses. La prévention combinée est une stratégie de lutte contre le VIH et les autres IST (infection sexuellement transmissible)
qui donnent la possibilité de combiner plusieurs outils de prévention en fonction de sa situation, de ses pratiques, de son mode de vie, etc.

Chacun trouve son compte dans ce paquet de prévention qui repose sur trois stratégies. Nous avons d’abord le dépistage. Beaucoup ne le savent pas, mais le dépistage est un moyen de prévention très efficace parce qu’il ouvre la voie au traitement ARV (anti retro viral) qui est une solution pour que le VIH ne se transmette pas d’une personne à une autre. Quand une personne atteinte du Sida suit régulièrement le traitement anti retro viral au bout de six mois, elle se retrouve dans une situation qu’on appelle la charge virale indétectable.

Quand la personne est dans cette situation, elle ne peut plus transmettre la maladie à une autre per-
sonne. La deuxième stratégie, c’est le préservatif. C’est l’outil de prévention le plus efficace. Enfin,
il y a le traitement ARV qui évite d’abord la transmission à une autre personne. Ensuite, l’ARV permet de se protéger contre le VIH quand on y a été exposé. Cela s’appelle la prophylaxie post exposition. Il y enfin la prophylaxie pré exposition. Cela consiste à prévoir un risque et à prendre un médicament qui permet de se protéger contre le VIH.

Le Focus : L’apparition de la Covid faisait croire que le Sida a tendance à disparaître. Est-ce le
cas ?

Dr. Alou Coulibaly : C’est vrai qu’à un moment donné, l’impact de la Covid sur les populations a
pris le dessus sur le VIH. Mais, le VIH continue d’exister. L’apparition de la Covid a impacté les fonds mis à disposition pour lutter contre le VIH. Mais, les gens commencent à venir parce que la Covid est
derrière nous alors que le Sida est là.

Le Focus : Parlez-nous de la situation actuelle du Sida au Mali...

Dr. Alou Coulibaly : L’évolution épidémiologique du VIH/Sida au Mali est plutôt bien. Les tendances
sont bonnes. On est parti d’une prévalence de 1,7 en 2001 à 1,3 en 2006. Aujourd’hui, la prévalence est de 1,1 % de la population générale. A côté de cette régression, il faut comprendre que la prévalence est très élevée chez certaines catégories de la population malienne. Il s’agit des hommes qui ont des relations avec d’autres hommes, les travailleuses de sexe, les usagers des drogues injectables, la population carcérale. Chez cette catégorie de population, la prévalence peut être 10 fois supérieure à la prévalence nationale. Pour lutter efficacement contre le Sida, il faut mettre l’accent sur ces personnes et travailler auprès d’elles à faire de la prévention et la prise en charge.

Le Focus : Comment se fait la prise en charge ?

Dr. Alou Coulibaly : La prise en charge au Mali est très facile parce que les autorités ont pris conscience de la gravité de cette situation depuis un certain temps.

C’est l’occasion pour moi de rendre hommage au président ATT qui a été le Général de la lutte contre le Sida au Mali. C’est grâce au à lui que les anti-retro viraux sont aujourd’hui gratuits au Mali. C’est lui qui a fait en sorte que les ARV se déplacent vers les patients au lieu du contraire qui était la pra-
tique. Avant, des personnes vivant avec le Sida quittaient Gao pour venir se faire prendre en charge à
Bamako. C’est le président qui a adopté la politique de la décentralisation des centres de prise en charge. Aujourd’hui, la prise en charge du VIH est gratuite pour tous au Mali, que tu sois Malien ou non.

Le Focus : Avec le développe- ment de la technologie, peut-on guérir du Sida ?

Dr. Alou Coulibaly : Cela dépend de ce que vous entendez par guérison. Si guérison veut être en
bonne santé, être capable de travailler comme une personne normale, pouvoir se marier et faire des enfants saints, alors on peut en guérir. Cependant, si guérison veut dire éliminer le virus dans le sang, cela n’est pas encore possible jusqu’à preuve du contraire.

On va actuellement vivre avec le VIH comme une personne saine, avoir l’espérance de vie d’une per-
sonne saine, mais on reste toujours sous traitement ARV. La maladie ne fait plus peur.
Le Focus : Quel message lancez-vous à la population malienne à ce propos ?

Dr. Alou Coulibaly : Dans le cadre de la semaine nationale du dépistage, Arcad Santé Plus en collaboration avec la Coalition Plus Internationale a initié une foire de dépistage. Je demande à
la population d’aller faire le dépistage qui ouvre la voie au traitement ARV. Une fois qu’on a
ce traitement, on retrouve sa santé et le même mode de vie qu’une personne saine.
Propos recueillis par Yacouba
Traoré
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