Le classement annuel des «100 personnes qui transforment l’Afrique», rendez-vous incontournable de la finance africaine, consacre une fois de plus des figures majeures qui façonnent l’avenir du continent. Cet exercice réalisé par le comité de sélection composé de la rédaction du journal, des 5 membres du jury issu des 5 régions du continent et des contributeurs externes n’est pas seulement une question d’agrégats, mais surtout une célébration des personnalités dont l’impact économique et social résonne à travers le continent. Travail de fourmi, réalisé tout le long de l’année, ce cru 2023 ne prétend pas à l’exhaustivité. Il s’agit d’un échantillonnage, une sorte de modèle réduit des dynamiques africaines, mettant en lumière des individus dont l’originalité et la capacité à créer des emplois sont à l’avant-garde du changement. Cette liste arrachée à une actualité financière palpitante honore principalement des entrepreneurs, mais pas seulement. Elle inclut également des individus au parcours exceptionnel, ceux qui, à travers leurs actions et visions, participent activement au changement du narratif africain. Dans ce classement, chaque nom raconte une histoire unique de persévérance, de créativité et de leadership, mettant en évidence la richesse et la diversité du potentiel africain.
LES MEILLEURS MINISTRES DES FINANCES
Vera Esperança dos Santos Daves de Sousa, Angola
Depuis sa nomination en tant que ministre des Finances de l’Angola en octobre 2019 à l’âge de 35 ans, Vera Esperança dos Santos Daves de Sousa a accéléré le chantier de la diversification de l’économie angolaise, traditionnellement dépendante des hydrocarbures. La diplômée en économie de l’Université Catholique d’Angola (UCAN) a intégré la Commission des Marchés de Capitaux du pays à l’âge de 27 ans. Elle est devenue directrice exécutive puis présidente de cette commission, avant d’être nommée secrétaire d’État aux Finances et au Trésor, et finalement ministre des Finances. Elle représentait l’Angola lors des premières réunions annuelles virtuelles du Fonds monétaire international alors que le pays gérait un programme de facilité élargie de 3,7 milliards de dollars, suite à trois années consécutives de contraction économique et de déficits budgétaires croissants. Sous sa houlette, la dette publique de l’Angola a considérablement baissé, passant de 138,4% à sa prise de fonction à 69% à la fin 2022 et devrait encore baisser en 2024. Toutefois, l’inflation continue d’augmenter nourrie par la trop forte dépendance alimentaire à l’étranger. Le leadership de Mme Daves de Sousa a permis à l’Angola de rétablir la stabilité macroéconomique et de regagner la confiance du marché. Avec ces résultats, elle est la meilleure ministre des Finances, avec 19 points et un meilleur score sur le leadership (voir tableau).
Romuald Wadagni, Bénin
En poste depuis 2016, Romuald Wadagni, ministre d’Etat en charge de l’Economie et des Finances a accompli plusieurs réalisations en tant que ministre des Finances du Bénin. Désigné Meilleur Ministre africain des Finances de l’année en 2018, et en 2020, l’argentier a supervisé des réformes qui ont renforcé la signature du pays auprès des partenaires techniques et financiers et dans les marchés financiers. Grâce à des mesures parfois impopulaires, le Bénin arrive à emprunter à des taux plus avantageux tant en monnaie locale, sur le marché financier de l’UMOA qu’en devises, sur les marchés internationaux. En octobre 2018, il a réussi à obtenir pour le Bénin un emprunt de 260 millions d’euros sur les marchés internationaux, une première pour le pays. Le 12 janvier 2021, il a émis deux eurobonds, positionnant le Bénin parmi un nombre restreint de pays émergents capables d’émettre des eurobonds de longue durée. Sous sa direction, le Bénin a vu sa note souveraine améliorée par l’agence Moody’s en mars 2021 et maintenue par Fitch Ratings en avril 2022. Il a joué un rôle clé dans l’émission d’un eurobond dédié au financement de projets à impact sur les Objectifs de développement durable des Nations-Unies. En novembre 2021, il a réalisé une économie significative pour le Bénin en remboursant anticipativement une partie de la dette nationale. Il a promu le secteur privé et l’entrepreneuriat, positionnant le Bénin comme le pays le plus rapide et le plus facile pour créer une entreprise selon la CNUCED en 2020. Titulaire d’un Master en Finance de l’École supérieure des affaires de Grenoble (ESA) et de la Harvard Business School, Romuald Wadagni a exercé pendant 16 ans au sein du cabinet de conseil Deloitte avant d’intégrer le gouvernement.
Nicolas Kazadi, RDC
Nicolas Kazadi est depuis 2021 ministre des finances de la République démocratique du Congo (RDC), jouant un rôle clé dans la gestion des finances nationales. Son mandat comprend la supervision du budget du pays, la recherche de ressources financières pour le gouvernement et la gestion des relations avec les institutions financières internationales. Sous son leadership, la RDC a réussi à regagner la confiance du marché financier international. Au niveau des réformes, le pays a révisé sa fiscalité afin de booster la diversification et de générer plus d’impact de la part du secteur minier. Preuve du succés des réformes, la vigueur de la croissance du PIB estimée à 6,8 % en 2023 selon la Banque Mondiale. Les réserves de change du pays sont passées d’environ 1 milliard en 2019 à 5 milliards de dollars en 2023. Le budget annuel atteindra 16 milliards de dollars, contre 5,7 milliards en 2019.
Enoch Godongwana, Afrique du Sud
Depuis sa nomination en tant que Ministre des Finances de l’Afrique du Sud en août 2021, Enoch Godongwana a réalisé d’importantes avancées économiques. Il a mis l’accent sur la discipline fiscale, géré la dette d’Eskom, introduit des incitations fiscales pour les énergies renouvelables et effectué des investissements stratégiques dans les infrastructures. Ses politiques ont encouragé une croissance durable et une gestion prudente des finances publiques. Malgré sa démission d’un rôle de leadership au sein de l’ANC, il reste une figure influente dans la politique économique du pays, reconnu pour sa capacité à naviguer dans des conditions économiques difficiles.
Mohamed Maait, Egypte
Depuis sa nomination au poste de Ministre des Finances égyptien en 2019, Mohamed Maait a supervisé des réformes cruciales dans le pays. Sous sa direction, l’’Égypte a atteint un taux de croissance économique élevé de 5,6 % pour l’exercice fiscal 2018/2019, le plus haut depuis la crise financière mondiale de 2008. Le pays a enregistré la deuxième plus forte croissance du PIB au monde pour l’exercice fiscal 2019/2020 avec 3,6 % au début de la COVID-19. L’Égypte a réalisé un surplus budgétaire initial considérable et a réduit son déficit budgétaire à 7,4 % pour l’exercice fiscal 2020/2021. Les taux d’inflation ont considérablement diminué, passant de 22 % en 2017 à 4,5 % en 2021. De plus, l’Égypte a réussi à réduire son ratio de dette sur PIB de 20 % sur trois ans, malgré les défis de la pandémie. Ces réalisations fiscales ont contribué à renforcer la résilience du pays face aux chocs économiques nationaux et internationaux. En 2023, l’Egypte a émis des obligations Panda de 3,5 milliards de yuans (479 millions de dollars). Cette opération sera suivie d’une obligation Samouraï de 500 millions de dollars, mais libellé en yen, sur le marché financier japonais.... suite de l'article sur Autre presse