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Violences armée dans le nord du Mali : les villages se vident de leurs habitants
Publié le jeudi 1 aout 2024  |  aBamako.com
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© aBamako.com par DR
Attaque djihadiste contre un détachement du Groupement des Forces anti-terroristes (GFAT) de l’armée burkinabè dans le village de Nassoumbou
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Dans le cercle de Niafounké, dans le nord du Mali, un exode silencieux se déroule. Fin avril 2024, près de 2 000 personnes originaires de la partie du Gourma ont fui leurs villages, cherchant refuge dans la ville de Niafounké. Ces déplacements massifs sont le résultat direct des affrontements qui s'intensifient entre groupes armés non étatiques et l'armée malienne.

Face à cette crise humanitaire, Médecins Sans Frontières (MSF) a rapidement mobilisé ses équipes. Un poste de santé d'urgence a été établi à Niafounké pour répondre aux besoins médicaux immédiats des déplacés. Parallèlement, MSF a lancé une distribution de kits essentiels, fournissant aux familles le matériel de première nécessité pour faire face à leur situation précaire.

En l'espace de deux mois, la ville de Niafounké au Mali a vu sa population de déplacés doubler, sonnant l'alarme d'une crise humanitaire en pleine expansion. D'avril à juin 2024, le nombre de personnes fuyant la violence et l'insécurité dans la région est passé de 2 000 à 4 000, représentant désormais 673 ménages.

Ces hommes, femmes et enfants ont été contraints de quitter leurs villages d'origine - Dagodji, Fourou, Goundamtouskeli et Mandjebougou - sous la pression croissante des groupes armés non étatiques. Les raisons de leur fuite sont multiples : certains cherchaient à éviter l'enrôlement forcé, d'autres ont été accusés de complicité avec l'un ou l'autre camp, tandis que certains n'ont tout simplement pas réussi à s'échapper à temps.

Dans leur fuite précipitée, ces familles n'ont pas eu le temps d'emporter leurs biens essentiels. Beaucoup ont dû abandonner non seulement leurs possessions, mais aussi leurs moyens de subsistance : fermes, champs et animaux. Cette situation dramatique a plongé de nombreux déplacés dans une précarité extrême, les privant de leurs sources de revenus et de leur autonomie économique.

Un jeune agriculteur de 23 ans, originaire de Dagodji, témoigne de l'horreur vécue lors de sa fuite : "J'ai fui mon village sous la menace des hommes armés. Ils sont venus pour recruter des jeunes, je les ai défiés en disant que je refusais d'adhérer. Dès lors, ils ont voulu m'éliminer. Ils m'ont menacé avec une arme, j'ai eu peur et j'ai plongé précipitamment dans l'eau pour atteindre Niafounké à la nage. Ils ont tiré, mais heureusement, je n'ai reçu aucune balle. "

Ce témoignage poignant illustre les risques extrêmes auxquels ces populations sont confrontées et les traumatismes psychologiques profonds qui en résultent.

Des conditions de vie précaires et une crise sanitaire imminente

À Niafounké, les déplacés se retrouvent entassés dans des salles de classe, dans des conditions d'habitation extrêmement difficiles. La promiscuité et le manque d'hygiène favorisent la propagation de maladies, créant une véritable crise sanitaire.

Le Docteur Baricomo Karembé, médecin clinicien sur le site des déplacés, dresse un bilan alarmant de la situation : "Nous avons des cas croissants d'infections respiratoires (sur 618 personnes soignées 51,6% sont des enfants de moins de 5 ans), des affections dermatologiques infectieuses et des cas de diarrhées (sur 158 personnes soignées, 87 étaient des enfants de moins de 5 ans). Nous notons aussi des cas de malnutrition, 66% des enfants dépistés sur les sites sont malnutris aigus. Le nombre de déplacés nécessitent également une assistance en santé mentale, confrontés à la perte de leurs proches et de leurs biens".

Face à cette situation d'urgence, Médecins Sans Frontières (MSF) a réagi promptement dès l'arrivée des premiers déplacés en avril. L'organisation a mis en place un poste de santé offrant des soins gratuits, installé des points d'eau et distribué 600 kits non alimentaires pour répondre aux besoins les plus pressants.

Entre avril et juin 2024, les équipes de MSF ont pu fournir des soins à 1 202 femmes, dont 96 consultations prénatales, et ont assisté 15 accouchements. Ces chiffres témoignent de l'ampleur des besoins en matière de santé, particulièrement pour les femmes et les enfants.

Un appel urgent pour un soutien accru

Malgré les efforts déployés par MSF pour assurer l'accès à l'eau potable et aux soins de santé, de nombreux besoins restent non couverts. La situation économique des déplacés est particulièrement préoccupante : ayant perdu leurs moyens de subsistance, ces familles se retrouvent sans ressources et incapables de rembourser les prêts contractés pour leurs activités agricoles antérieures.

De plus, avec l'approche de la rentrée scolaire, il devient urgent de trouver un site d'hébergement adapté pour ces familles, afin de libérer les salles de classe et permettre la reprise de l'éducation pour les enfants de la région.

La santé mentale des déplacés est également une préoccupation majeure. Les expériences traumatisantes vécues lors de leur fuite et les conditions de vie difficiles actuelles ont engendré d'importants troubles psychologiques chez de nombreux individus. Certains continuent de vivre dans la peur, se sentant toujours poursuivis malgré leur éloignement des zones de conflit.

Face à l'ampleur de cette crise humanitaire, MSF lance un appel pressant aux autres organisations humanitaires, tant locales qu'internationales, pour qu'elles renforcent leur soutien aux déplacés de Niafounké. Une assistance accrue en matière de santé mentale, de logement, nourritures et de soutien économique est nécessaire pour aider ces populations vulnérables à surmonter cette période difficile et à reconstruire leur vie.


MS
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