Le taux de fécondité est en baisse dans notre pays. C’est ce qui ressort de la dernière enquête démographique et de santé du Mali réalisée entre le novembre 2012 et février 2013.
En effet, l’estimation du niveau de la fécondité est obtenue directement à partir des informations fournies par les femmes sur l’historique de leurs naissances. Les indicateurs sont calculés sur la période de trois ans précédant l’enquête.
Cette période de trois années a été retenue comme compromis entre trois exigences à savoir fournir les niveaux de fécondité les plus récents possibles, réduire les erreurs de sondage et réduire les effets des transferts possibles d’année de naissance des enfants déclarée par la mère. La fécondité, est mesurée par les taux de fécondité par groupe d’âges quinquennaux et par leur cumul, c’est-à-dire l’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) qui mesure le nombre moyen d’enfants nés vivants qu’aurait une femme, en fin de période féconde, dans les conditions de fécondité actuelle.
L’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) est estimé à 6,1 enfants par femme. Il est plus élevé en milieu rural (en moyenne, 6,5 enfants par femme) qu’en milieu urbain (5,0 enfants). En outre, pratiquement le même niveau de fécondité est observé à Bamako (5,1 enfants) que dans les autres villes (4,9 enfants).
On observe également qu’à tous les âges, les taux de fécondité sont plus élevés en milieu rural qu’en milieu urbain. Il faut noter que les courbes de fécondité urbaine et rurale suivent une tendance similaire, c’est-à-dire, qu’elles augmentent rapidement pour atteindre un maximum à 25-29 ans avant de baisser de façon régulière avec l’âge. Quel que soit le milieu de résidence, c’est dans le groupe d’âges 25-29 ans que le niveau de fécondité maximum est atteint, 233 ‰ en milieu urbain et 283 ‰ en milieu rural, pour commencer à diminuer et atteindre respectivement 69‰ et 87 ‰ à 40-44 ans. Toutefois, un niveau similaire élevé de 273 ‰ est observé en milieu rural dès 20-24 ans ; ce qui reflète la précocité de la fécondité dans ce milieu. En plus, si les adolescentes de 15-19 ans contribuent pour 12 % à la fécondité totale du milieu urbain, elles contribuent pour 15 % à la fécondité du milieu rural.
En 2006, l’ISF avait été estimé à 6,6 enfants par femme (5,4 en urbain et 7,2 en rural), contre 6,1 en 2012-2013 (5,0 en urbain et 6,5 en rural). Il semblerait donc qu’il y ait eu une baisse du niveau de fécondité entre les deux enquêtes, même si l’EDSM-V ne porte que sur les cinq régions du Sud. La comparaison des taux par âge de 2006 et 2012-2013 (Graphique 2) met en évidence des courbes régulières et très proches avec le maximum de fécondité toujours atteint à 25-29 ans.
Désir d’enfants supplémentaires
Parmi les femmes actuellement en union, 21 % ont déclaré ne plus vouloir d’enfants supplémentaires. À l’opposé, 69 % des femmes ont déclaré qu’elles souhaitaient un enfant ou un autre enfant : 34 % ont déclaré qu’elles souhaitaient un enfant ou un autre enfant dans les deux années à venir, et 28 % souhaiteraient cet enfant plus tard (après deux ans) c’est-à-dire qu’elles expriment le désir d’un certain espacement des naissances. Par ailleurs, 7 % des femmes voudraient un enfant ou enfant supplémentaire mais elles ne savent pas quand. Par rapport aux données de l’EDSM IV 2006, on constate que la proportion de femmes qui ne veulent plus d’enfant n’a pas beaucoup changé (20 % en 2006 contre 21 % en 2012-2013). En outre, la proportion de femmes qui souhaitent espacer leur prochaine naissance a légèrement baissé (34 % en 2006 contre 28 % en 2012-2013). Par contre, la proportion de femmes qui désirent avoir un prochain enfant dans les deux années à venir (29 % en 2006 et 34 % en 2012-2013) et celle des indécises (2 % en 2006 et 6 % en 2012-2013) ont augmenté depuis l’enquête précédente.
La proportion de femmes qui veulent limiter leur descendance augmente de façon importante avec le nombre d’enfants vivants : de moins de 1 % chez les femmes n’ayant pas d’enfant, la proportion passe à 4 % chez les femmes ayant un seul enfant vivant, puis 7 % chez celles ayant deux enfants vivants, 12 % chez celles ayant trois enfants vivants, et atteint un maximum de 55 % chez les femmes ayant six enfants ou plus. La proportion de femmes qui veulent espacer leurs naissances est relativement élevée quel que soit le nombre d’enfants vivants, sauf chez les femmes sans enfant (3 %). Comme quoi, le taux de fécondité reste en baisse comparativement à la précédente enquête de 2006.