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Affaire de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires : La Cour poursuit ses auditions… des révélations fracassantes au passage des témoins clés… et reprise du procès ce mercredi 9 octobre
Publié le mercredi 9 octobre 2024  |  Nouveau réveil
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Le procès très médiatisé sur l’achat controversé de l’avion présidentiel et des équipements militaires a atteint son 11ème acte, le lundi 7 octobre 2024, avec la comparution de l’un des témoins phares, en la personne du Sieur Ousmane Bouaré, dont le nom a largement circulé sur les réseaux sociaux. Auparavant, le jeudi dernier à la barre, la Cour avait auditionné d’autres témoins, notamment, le général Sidiki Samaké, Secrétaire général du Ministère de la Défense et des Anciens combattants, ainsi que le colonel Coumba Diarra, comptable au sein du département et membre de la commission de réception des équipements militaires, lors des faits.

C’est ce lundi 7 octobre 2024 vers 10h30 que la salle d’audience s’est remplie pour reprendre les auditions des témoins, dans une ambiance tendue et scrutée par l’opinion publique.


Assistant de monsieur Amadou Kouma, représentant de la société GUOSTAR et membre de la commission de réception des équipements militaires, le Sieur Ousmane Bouaré a affirmé avoir agi sous les directives de son supérieur. Interrogé par la défense sur d’éventuels liens familiaux avec Mme Bouaré Fily Sissoko, il a démenti toute parenté. “Je ne l’ai jamais connue, et c’est ici, aujourd’hui, qu’elle me voit pour la première fois“, a-t-il insisté. Mousieur Bouaré a également témoigné que tous les équipements avaient été livrés à 100 % et que des preuves en attestaient. Il a expliqué son rôle dans le retrait de chèques, notamment un montant de 900 millions de FCFA de la banque Atlantique, effectués au nom d’Amadou Kouma.

Par la suite, le commissaire colonel-major Abdel Kader Sidibé, alors directeur des finances et du matériel du ministère de la Défense et des Anciens Combattants (MDAC) entre 2013 et 2014, a pris la parole à son tour. Le Sieur Sidibé a déclaré avoir reçu un protocole signé de 69 milliards FCFA, alors que le crédit disponible du ministère n’était que de 33 milliards. Selon lui, il avait mis en place le premier comité de réception des équipements, mais n’a pas pu donner plus de détails sur la suite de l’exécution du protocole après son départ.

La cour a également entendu le témoignage de Mamadou N. Traoré, militaire chargé du matériel à la direction des hydrocarbures. Il a confirmé que tous les équipements avaient été réceptionnés, notamment 281 véhicules, et que les formations nécessaires avaient été effectuées. Cependant, le ministère public a mis en doute la conformité des véhicules en posant des questions techniques sur la puissance des moteurs. Traoré a assuré que ces véhicules étaient fonctionnels depuis leur livraison en 2014, soulignant la qualité du matériel.

Le lieutenant-colonel Sidi Coulibaly, chef de la section stockage et entretien des véhicules, a apporté un témoignage similaire, confirmant la réception et l’inspection des 281 véhicules. Lorsque le procureur a insisté sur la question de la puissance des moteurs, Coulibaly a estimé qu’il serait risqué de divulguer des détails techniques, susceptibles d’exposer les équipements aux ennemis.

Le général Drabo, appelé à la barre, a assuré que les comptes rendus reçus confirmaient la conformité des caractéristiques des équipements. Néanmoins, le procureur a maintenu ses soupçons, affirmant que les spécifications pourraient ne pas correspondre à celles indiquées sur les bons de commande. Le président de la cour est intervenu, expliquant qu’il serait inapproprié de divulguer la puissance des véhicules en public. Face à cette situation, le procureur a annoncé son retrait des débats, accusant la cour de partialité et se plaignant d’être empêché de mener ses questions à terme. En conclusion, l’audience a été suspendue et reportée à mercredi pour la phase des réquisitoires et plaidoiries.

La preuve des épreuves

Décidemment, les témoignages, sollicités par les avocats de la défense, visent à éclairer la Cour sur la conformité des livraisons des équipements militaires commandés.

En effet, le général Sidiki Samaké, lors de son passage, le jeudi 3 octobre 2024 à la barre, a affirmé que « la totalité des équipements a été livrée conformément aux bordereaux de livraison ». Une affirmation confirmée par le colonel Coumba Diarra, qui a cependant émis des réserves sur trois procès-verbaux (PV) de livraison associés à la Direction du matériel, des hydrocarbures et du transport des armées (DMHTA) ainsi qu’à la Direction du Commissariat des Armées (DCA). « Je ne me reconnais pas dans ce PV, mais les matériels ont bien été livrés », a-t-elle déclaré.

Le lendemain 4 octobre dernier, ce fut au tour de deux autres témoins d’être entendus par la Cour. Abou Berthé, inspecteur des finances et contrôleur financier au ministère de la Défense, à l’époque des faits, et Sidy Dicko, de la délégation du contrôle financier, ont apporté des éclairages supplémentaires.

Abou Berthé a précisé que le protocole d’achat avait été transmis au Directeur des finances et du matériel du ministère. Il a confirmé que deux mandats, d’un montant total de 44 milliards de francs CFA, avaient été visés entre décembre 2014 et août 2015. Cependant, il a souligné que les réceptions des équipements avaient débuté avant même que son service n’ait reçu le protocole, tout en précisant que 39 milliards de francs CFA avaient été effectivement engagés pour les livraisons.

Sidy Dicko, de son côté, a détaillé les étapes de réception des équipements, affirmant que les opérations avaient débuté en août 2014 à Kati pour s’achever en juillet 2015. Il a présenté à la Cour 11 procès-verbaux de réception pour la DMHTA et 6 pour la DCA, confirmant la livraison complète des matériels.

Face à tous ces éléments, l’audience a été suspendue et reportée à ce mercredi 9 Octobre 2024 pour la phase des réquisitoires et des plaidoiries.

Certes, ce procès dit de « l’achat de l’avion présidentiel et du marché des équipements militaires » avance dans une atmosphère lourde, où la vérité semble encore s’effilocher entre contradictions, tensions et suspicions. La suite s’annonce capitale pour situer la responsabilité des différents acteurs impliqués dans cette affaire d’État qui continue de passionner et de diviser l’opinion publique malienne.

Adama Coulibaly
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