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L’Indépendant N° 3430 du 3/2/2014

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Ligne de force : La décentralisation comme substitut à l’autonomie
Publié le lundi 3 fevrier 2014  |  L’Indépendant




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Les émissaires du Conseil de sécurité de l’ONU séjournent au Mali depuis le week-end dernier. Entre autres missions, ils tenteront d’enclencher « un dialogue inclusif entre Maliens » à l’effet d’accélérer un règlement pacifique et définitif de la crise kidaloise.

Dans le même temps, le Roi du Maroc, Sa Majesté Mohammed VI, recevait en son palais de Marrakech le Secrétaire général et le porte-parole du MNLA. A travers les deux hommes, il a exhorté le mouvement rebelle » à continuer à s’inscrire dans le cadre de la dynamique régionale initiée par l’Organisation des Nations Unies et la CEDEAO, selon une approche réaliste et efficiente à même de parvenir à une solution durable et définitive à la crise actuelle « .

Ces deux initiatives surviennent dans un contexte marqué par l’absence totale de dialogue entre Bamako et les groupes armés signataires de l’Accord de Ouagadougou du 18 juin 2013.


Le gouvernement malien a satisfait un certain nombre de mesures édictées par cet Accord pour créer les conditions favorables à l’instauration d’un dialogue pouvant déboucher sur une paix durable et le retour de la sécurité dans la région de Kidal. Il a scrupuleusement respecté le cessez-le-feu qui est la première de ces mesures. Contre l’avis de la majeure partie de ses administrés et au grand dam des instances judiciaires et des organisations professionnelles du microcosme judiciaire, il a remis en liberté des rebelles faits prisonniers par l’armée et levé les mandats d’arrêt à l’encontre de leurs chefs sans se préoccuper de savoir si les uns et les autres ont commis des » crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocide, des crimes de violence sexuelle, des violations graves du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire « . Ce qu’une commission d’enquête internationale devait déterminer et qui est tombée en déshérence par la force des choses.


Parallèlement, comme pour montrer sa foi en l’irréversibilité du processus entamé dans la capitale burkinabé, le parti présidentiel, le RPM a accueilli sur ses listes aux législatives des dirigeants rebelles, antérieurement visés par les mandats d’arrêt. Trois d’entre eux siègent désormais à l’Assemblée nationale.


En face, hélas, les animateurs du MNLA et du HCUA n’ont pas démontré le même esprit constructif. Beaucoup s’en faut. Ils ont essayé d’empêcher le déroulement du scrutin présidentiel dans Kidal en enlevant (une pratique qui leur est coutumière) des agents électoraux et en confisquant et détruisant les matériels et documents électoraux. Contraints de battre en retraite à cause des critiques suscitées, y compris dans les rangs de leurs amis et protecteurs, par de telles méthodes inimaginables en Occident, ils ont entrepris d’intimider les électeurs pour les dissuader de se rendre aux urnes.


Les mêmes individus ont fait obstruction au déploiement des militaires maliens dans Kidal. Et, revers de plus pour le Mali, ils ont obtenu que les Colonels Didier Dakouo et El Hadj Gamou (passés depuis Généraux) ne puissent conduire les 200 hommes finalement autorisés à y pénétrer. Pour être cantonnés et placés sous étroite surveillance de la MINUSMA pendant que les éléments des groupes armés contrôlent les points de passage et font la police en ville. Une tâche dont ils s’acquittent, au demeurant, si mal que deux de nos confrères de RFI se sont faits massacrer sous leurs yeux sans qu’ils aient pu lever le petit doigt.


Ajoutons-y que le MNLA et le HCUA ont longtemps retardé le retour de l’administration malienne dans la capitale des Iforas, en occupant ses locaux; qu’ils ne les ont libérés qu’après les avoir mis à sac et incendiés; qu’ils ont organisé des manifestations factices en utilisant de pauvres femmes incultes et des enfants à peine sortis du berceau pour jeter des cailloux et d’autres projectiles de fortune à des ministres venus de Bamako pour discuter paix et réconciliation, une autre mesure préconisée par l’accord de Ouagadougou.


Enfin, ce sont ces mêmes « manifestants » qu’on a vus s’agiter sur la piste d’atterrissage de l’aéroport de Kidal, empêchant l’avion de la MINUSMA à bord duquel se trouvait le premier ministre Oumar Tatam Ly de se poser. Il venait installer le gouverneur dans ses fonctions avec quelque solennité pour bien montrer que la guerre est derrière nous et que la situation est en bonne voie de se normaliser. Il a dû déchanter.


Le rappel de ces quelques faits prouve à satiété que les groupes armés n’ont signé l’Accord de Ouagadougou que parce qu’ils ne pouvaient faire autrement, n’ayant pas les moyens militaires de leur ambition de détacher Kidal du Mali et d’en faire Etat (tribal) à part.

Faute de faire aboutir ce projet indépendantiste, ils considèrent l’autonomie comme un minimum dont ils s’accommoderaient bien.


Mais la position du Mali sur cette question est bien connue et n’a pas varié en plus d’un demi-siècle d’indépendance. Le président IBK l’a clairement exposée devant les représentants des groupes armés qu’il a reçus à Koulouba et ne se prive pas de la rappeler chaque fois que l’occasion s’offre à lui : » Tout est négociable, sauf l’indépendance ou l’autonomie « .


Là se situe le point de blocage de toute discussion sérieuse sur Kidal.

Après son installation au poste de commande de l’Etat, le premier geste posé par IBK a été de convoquer les états généraux de la décentralisation pour permettre aux centaines de délégués venus de toutes les régions d’échanger sur une autre façon de gouverner le Mali : celle qui consacrerait la fin de l’Etat jacobin (centralisateur) en redistribuant le pouvoir aux collectivités territoriales. Dans un Mali où chaque région disposerait de son assemblée élue et d’un exécutif reflétant la configuration de cette assemblée - comme cela devrait être le cas à l’échelle nationale - la revendication autonomiste des Touareg de Kidal n’aurait plus sa raison d’être.

Elle deviendrait effective sans qu’il soit besoin de prononcer le mot qui fâche.

Saouti Haidara

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