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Disparitions forcées, tortures, exécutions extrajudiciaires et détentions illégales : Le capitaine Sanogo épinglé par Amnesty International
Publié le jeudi 2 aout 2012   |  Le Prétoire


Le
© Getty Images
Le capitaine Amadou Haya Sanogo
Le chef de l’ex-junte malienne, le capitaine Amadou Haya Sanogo


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Suite aux douloureux et regrettables évènements que notre pays a connus depuis la tentative de contre coup d’Etat (29-30 avril 2012), des violations graves de droits de l’Homme ont été décelées par Amnesty International. A cet effet, un rapport, produit par ce mouvement mondial accable principalement une personne, notamment son auteur, en des termes sans équivoque : «Les violations de droits humains les plus graves commises par les soldats partisans de la junte du capitaine Amadou Haya Sanogo ont eu pour cible des militaires et des policiers arrêtés après une tentative de contre-coup d’Etat qui a eu lieu le 30 avril 2012. Des dizaines de militaires ont été arrêtés et plus d’une vingtaine ont été victimes de disparition forcée. Vingt-et-un d’entre eux ont été enlevés de leur cellule nuitamment et demeurent sans aucune nouvelle d’eux» précise le rapport. Où sont-ils alors ?

Où peuvent-ils bien se trouver au point de ne pouvoir donner aucun signe de vie ? C’est la question qui taraude aujourd’hui les esprits des parents des disparus et inquiète les organisations internationales de droit de l’Homme.
« Nous n’avons plus revu nos compagnons de cellule » tel est le titre de ce rapport d’Amnesty international. Sur la couverture du document, apparait la photo des épouses des commandos parachutistes coiffées de bérets ou foulard rouges, désabusées, à la recherche de leur mari, frères ou parents tout simplement.
Le rapport fait état de disparitions, d’exécutions extrajudiciaires et de cas de tortures répétés, commis en toute impunité par les militaires fidèles à la junte du capitaine Sanogo. Ce ne sont pas de simples affabulations puisque Amnesty international a mené des investigations qui l’ont conduit jusque dans les familles des disparus. En plus, sa délégation dépêchée au Mali courant juillet 2012 pour y séjourner pendant dix jours dans le cadre d’une mission d’enquêtes, a pu avoir accès à certaines de ces personnes détenues pour recueillir leurs témoignages accablants, ponctués de détails qui ne laissent aucun doute à leur souci de précision. C’est ainsi que l’organisation internationale de défense des droits de l’Homme a établi une liste de 21 militaires et policiers détenus dans la nuit du 2 au 3 mai 2012 vers 2 heures du matin et ensuite portés disparus.
Rappelons qu’après le contre-coup d’Etat raté des bérets rouges, on a assisté à une chasse aux sorcières menée par les partisans du capitaine Sanogo contre les bérets rouges. Amnesty International, présent dans 150 pays et soucieux de la promotion et de la préservation des droits humains, a mené une enquête sur cette affaire, comme il sait le faire dans pareils cas. A la suite de cela, un rapport a été publié et remis à la presse et au gouvernement du Mali. Il ressort de ce rapport accablant contre les autorités maliennes et particulièrement contre le capitaine Amadou Haya Sanogo et sa suite (dont essentiellement les bérets verts), que des violations des droits humains les plus graves ont été commises par les soldats partisans de la junte sur des éléments du 33è régiment des commandos parachutistes appelés bérets rouges.
Ce rapport de 22 pages sur les questions relatives aux droits de l’homme au Mali est sans équivoque. C’est un travail de 10 jours rondement mené par les enquêteurs d’Amnesty international qui ne se sont pas limités au cas des bérets rouges. Il souligne, dans son introduction, que «la junte militaire a accepté la mise en place d’un gouvernement de transition destiné à organiser une élection présidentielle. Cependant, ce gouvernement ne semble pas détenir la réalité du pouvoir comme l’ont démontré l’agression dont a été victime le chef de l’Etat par intérim, Dioncounda Traoré, en mai 2011, ainsi que la répression et l’intimidation, en toute impunité, d’opposants à la junte ».
Par ailleurs, après avoir dénoncé les violations de droits Humains les plus graves commises par les soldats partisans de la junte du capitaine Amadou Haya Sanogo sur des militaires et policiers arrêtés après une tentative de contre-coup d’Etat qui a eu lieu le 30 avril 2012, Amnesty international enfonce le clou en relevant que ces personnes ont été détenues arbitrairement à Kati, abandonnées entre les mains des soldats favorables à Sanogo qui s’adonnaient à des exactions d’une atrocité indescriptible sur leurs frères d’armes.
Témoignages des soldats rescapés
La force de ce rapport réside dans les récits, sous forme de témoignages, des soldats rescapés. Comme ce passage émouvant : «Avant 2 heures du matin, la porte de notre cellule s’est ouverte. Nos geôliers sont restés devant la porte et ils ont commencé à lire une liste. Un à un, les militaires appelés sont sortis. Parmi eux se trouvaient Samba Diarra, notre chef, et Youba Diarra avec qui je m’entrainais à la boxe. Nous n’avons plus revu nos compagnons de cellule depuis cette date ».
Un autre a déclaré aux enquêteurs d’Amnesty international: « Ils m’ont donné des coups puis ils ont pris un paquet de cigarettes Dunhill. Ils ont commencé à fumer et ils les ont éteintes à douze reprises sur mon corps. Une cigarette a été également éteinte dans mon oreille gauche. Ils m’ont ensuite jeté, les pieds et les mains attachés dans une cellule où se trouvaient d’autres détenus ».
S’agissant des aveux arrachés sous la torture, un des rescapés confie que : «Lorsqu’on m’a interrogé, le gendarme enquêteur était assis sur une chaise, moi j’étais assis par terre, menotté dans le dos, en caleçon. J’étais entouré de militaires qui pointaient leurs armes sur moi. L’enquêteur me disait : « Vous avez déclaré… », «Selon les renseignements que nous avons… ». Un militaire présent a donné sa version des faits qui ne correspondait pas à la réalité et lorsque j’ai fait état des sévices subis, le gendarme enquêteur a répondu sur un ton menaçant que ce n’était pas vrai ».

Liste de détenus portés disparus dans la nuit du 2 au 3 mai.
A rappeler qu’ils ont été extraits de leur cellule vers 2 heures du matin. Depuis lors, il n’ya plus aucune nouvelle d’eux. Au nombre de 21, ils sont:
Adama Bagayoko, Youssouf Bamba, Aboubacar Kola Cissé, Brehima Coulibaly, Mamadou Dembélé, Bouillé Diallo, Ba Mory Diarra, Samba Diarra, Youba Diarra, Baba Lamine Doumbia, Baba Lamine Kalouchi, Mama dite Bakoroba Kane, Abdoul Karim Kéita, Kabine Kéita, Aliou Bongana Maiga, Ibrim Maiga, Bourama Niaré, Aboubacar Poudiougou, Pakole Sagara, Yeba Traoré.
Ces personnes n’ont plus été revues de cette date à nos jours ni par leurs compagnons d’arme ni par leurs parents. La seule et grande interrogation qui se pose est de savoir aujourd’hui s’ils sont encore en vie?
Un autre témoin explique les tortures subies par eux pour leur arracher des aveux forcés : « Ils nous ont demandé d’avouer que nous voulions faire un coup d’Etat. Ils nous ont fait coucher sur le ventre, ils nous ont menotté les mains au dos et les ont liées à nos pieds. L’un des militaires a enfoncé un chiffon à l’aide d’un bâton dans nos bouches. On ne pouvait plus parler encore moins crier. Parfois, un militaire tirait sur la corde qui liait les menottes à nos pieds, c’est la position connue sous le nom de « nègèsoni », la bicyclette, en tirant sur la Corde, les pieds font un va et vient comme quand on pédale. »
Le rapport rappelle, qu’à ce jour, la majorité de ces militaires et policiers détenus ont été inculpés pour atteinte à la sureté de l’Etat ou de complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat, mais dix d’entre eux demeurent sans inculpation.
Les auteurs du rapport citent en référence l’article 209 du Code pénal malien qui prohibe la torture. Ce Code de procédure pénale réglemente la garde à vue en son article 76. Dans le même cadre, les rédacteurs du rapport citent la Convention contre la torture ratifiée par notre pays. Ce texte en son article 13 fait obligation au Mali de mener une enquête si une plainte a été déposée.
Le ministre de la justice est-il sans reproche ?
Malick Coulibaly, le ministre de la Justice est épinglé dans le même rapport. Conformément à l’article 12 de la Convention contre la torture, le Ministre de la Justice est obligé de mener une enquête chaque fois qu’une plainte est déposée contre la torture. A ce niveau Malick Coulibaly n’a rien fait. Jusqu’à la date du 26 juillet encore, aucune poursuite n’avait été engagée contre les auteurs des tortures. Le ministre de la Justice aura-t-il le courage de mener une enquête contre Sanogo et autres dans ce cadre comme le prévoit la Convention contre la torture dont notre pays est signataire? Il est important de situer les responsabilités des uns et des autres dans la disparition des 21 soldats. L’avenir nous édifiera. S’il ne le fait pas, quelqu’un d’autre le fera à une autre époque!
Le rapport précise que les enquêteurs d’Amnesty ont rencontré Dr Malick Coulibaly le 20 juillet 2012. Ils ont fait part au Ministre des inquiétudes concernant les disparitions, les tortures et les conditions de détention des militaires et policiers arrêtés.
Recommandations et conclusions
Des recommandations ont été faites à l’endroit des autorités maliennes pour que cessent les violations des droits de l’homme et en outre Amnesty International les interpelle, notamment le ministre de la Justice, afin que justice soit rendue «pour mettre un terme à l’impunité».
En effet, en guise de conclusions et recommandations, le rapport relève de graves lacunes dans l’application par le Mali des normes nationales et internationales relatives aux droits humains. Il dénote que l’Etat n’assure pas les garanties essentielles de protection des droits humains conformément à la législation malienne.
Le rapport recommande entre autres de mettre un terme aux disparitions forcées et aux exécutions extrajudiciaires aux tortures ; aux détentions arbitraires ; à l’impunité. Enfin que soient réparés les torts faits aux personnes victimes de violations des droits humains.

Birama FALL

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