Le Mouvement national de Libération de l’Azawad (Mnla) n’est-il pas aussi réduit qu’on serait tenté de croire, après sa débandade contre les islamistes d’Ansar Dine, qui l’ont chassé des principales villes du nord Mali ? La question taraude les esprits quand on se réfère à la réponse réservée à une personne de bonne volonté qui avait contacté un membre du Mnla, ancien député malien, dans le souci d’obtenir la libération des militaires maliens détenus par l’organisation indépendantiste. La réponse de l’ancien député était sans appel : « nous attendons de reprendre d’abord Kidal, Gao et Tombouctou ». Il y a donc le risque que les militaires maliens au nombre de 79, détenus par le Mnla dans la localité de Tinzaouaten, soient utilisés comme boucliers humains pour des revendications irrédentistes.
Ce qui est sûr, les militaires maliens continuent de souffrir le martyre, prisonniers qu’ils sont aux mains des rebelles. Le dimanche 29 et lundi 30 juillet, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a rendu visite à ces militaires maliens détenus par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dans le nord-est du Mali, dans la localité de Tinzaouaten, selon nos sources proches de l’organisation humanitaire. Nos interlocuteurs n’ont pas voulu nous préciser l’endroit où les prisonniers sont détenus, ni les conditions dans lesquelles ils vivent. Selon nos interlocuteurs, cette visite relève du travail habituel du Comité international de la Croix Rouge (CICR). Dans ce cadre, le CICR n’est pas à sa première visite à des militaires maliens détenus par ce mouvement. Il en est à sa troisième visite, après celles en février et mars derniers.
Parmi les 79 militaires maliens que l’organisation humanitaire a trouvés à Tinzaouaten, 20 d’entre eux sont des anciens qu’ils avaient vus en février et mars au nord Mali, nous expliquent nos sources sans dire où ils les avaient rencontrés exactement. Lors de ces visites, les détenus ont été identifiés et enregistrés. Selon nos sources, ils ont pu communiquer avec leurs familles, à partir du téléphone satellitaire mis à leur disposition par les visiteurs du CICR. En février et mars derniers, le CICR leur avait donné l’occasion d’écrire à leurs familles qui ont reçu et répondu à ces lettres grâce à l’organisation humanitaire. Ils ont donc reçu ces réponses lors de cette dernière visite du dimanche et lundi.
Selon un article de l’AFP, « 75 des détenus ont écrit de tels messages, que le CICR se chargera de transmettre à leurs familles ». Outre ces liens renoués avec leurs familles à Bamako et dans d’autres localités, le CICR leur a apporté de la nourriture. Parmi les 79 militaires maliens détenus par le Mnla, « un a été libéré, il était malade et souffrait. Nous devons l’amener au Niger, pour le remettre au Consul du Mali à Niamey », selon nos interlocuteurs. « A leur arrivée à Niamey ce soir ou demain [mercredi 2 août dans l’après midi], il sera remis au consulat du Mali ». Mais quel sera le sort des militaires maliens en détention à Tinzaouaten, aux mains des rebelles du Mnla ?
De bonnes sources, « le gouvernement aurait entrepris une sorte de médiation, cependant les prisonniers ne seraient gardés que par des bambins ». Selon certains, le gouvernement peine à trouver un interlocuteur. Et cet ancien député qui affirme qu’ils ne libéreront les prisonniers que lorsque le Mnla reprendrait les régions du nord.
En fait de négociation, en avril dernier, le Haut Conseil islamique a pu obtenir d’Iyad Ag Ghaly la libération de 169 prisonniers militaires, dont la cérémonie de remise a eu lieu, le 17 avril 2012 à la base aérienne de Bamako, sous la présidence du Président par intérim, Dioncounda Traoré. A cette occasion, les émissaires du Haut Conseil islamique ont été reçus par le Jihadiste Iyad qui leur a remis tous les prisonniers militaires maliens. Ces érudits du Haut conseil islamique, les Imams Mouhazé Haïdara et Yacouba Siby, ont eu le privilège de revenir à Bamako accompagnés des militaires maliens, anciens prisonniers du Jihadiste Iyad Ag Ghaly.
B. Daou