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L’Essor N° 17653 du 8/4/2014

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Théâtre : la master class de Augusta Palenfo
Publié le mercredi 9 avril 2014  |  L’Essor




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La comédienne burkinabè a animé une conférence pédagogique au Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté devant de nombreux étudiants

Les étudiants du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté (CAMM /BFK) ont été nombreux hier à participer à la conférence pédagogique animée par la célèbre comédienne burkinabè, Bomsoya Augusta Palenfo. Bien connue du public malien grâce notamment au long-métrage « Une femme pas comme les autres » et à la série télévisée « Ina », cette femme de caractère s’est également illustrée dans l’organisation du Festival international du rire et de l’humour d’Ouagadougou (FIRHO). Âgée seulement de 33 ans, elle est plongée depuis déjà 14 ans dans le monde du cinéma, a participé à 11 films et autant de séries TV et joué dans 23 pièces de théâtre. Une telle expérience est une mine d’enseignements pour des étudiants comme ceux du département des arts scéniques du CAMM /BFK de Bamako. Bomsoya Augusta Palenfo est aussi lauréate de distinctions comme le Grand prix national de l’humour du ministère burkinabè de la Culture en 2003 et a été sacrée meilleure comédienne dans la série Ina, de la Radio télévision du Burkina en 2005.

La conférence pédagogique, a expliqué Mouctary Haïdara, le directeur des études du CAMM/BFK, offre aux étudiants finalistes l’occasion de discuter directement avec un artiste confirmé afin de s’enrichir de son expérience. Car la vie, l’œuvre et la manière de conduire une carrière sont des éléments importants qui peuvent servir les artistes en devenir que sont les étudiants. De grands noms comme Oumou Sangaré, Toumani Diabaté, Ali Farka Touré, Alioune Ifra N’diaye, Kanimba Oulén, Youssouf Tata Cissé, Ky Siriki se sont déjà pliés à l’exercice de la conférence-débat. La comédienne burkinabé l’a axé sur un thème précis : « Femme, théâtre et cinéma ». Ce thème est selon plus instructif que si elle devait seulement parler de sa vie.

Dans nos sociétés, il n’est pas évident pour une femme de choisir le théâtre comme métier, a souligné Bomsoya Augusta Palenfo. Elle s’est rapidement convaincue que faire de longues études ne menait pas à grand-chose car son ainé dont son père avait payé les études, était au chômage avec son diplôme de bac +5. Ainsi dès le lycée, elle s’est inscrite à l’Atelier du théâtre burkinabé (ATB). Après deux années de cours intensifs, elle lâche le lycée pour embrasser la carrière de comédienne. Mais il fallait d’abord convaincre les parents et l’entourage que la comédie est un métier comme les autres.

Même pour une femme ? C’est encore plus compliqué, admet Bomsoya Augusta Palenfo qui a choisi le théâtre et le cinéma pour s’exprimer et dire les problèmes des femmes. Aux jeunes comédiennes, elle recommande : « il faut tout faire pour rehausser l’image de la femme africaine ». En conformité avec ses principes, Augusta ne joue pas dans n’importe quelle production et a même choisi de se mettre en retrait du cinéma pour privilégier le théâtre. Le cinéma, lui reproche-t-elle, paie moins bien et ne nourrit pas toujours son homme. Le réalisateur a aussi le choix des images définitives lors du montage et peut privilégier des séquences qui ne valorisent par le comédien tandis que le théâtre se joue en direct devant le public. L’argument salarial revient : une production théâtrale dure longtemps. Car après deux à trois mois de création, la diffusion ou les représentations s’étendent sur des mois. Dans ce cas, l’artiste bénéficie d’un salaire régulier pendant tout ce temps.

Même à des questions sur la vie privée d’une comédienne, Augusta Palenfo ne se dérobe pas : « s’il le faut, je choisis mon travail, car le mariage n’est pas une fin en soi ». On ne peut pas continuer à demander tous les jours de l’argent à son homme, poursuit-elle. Il faut pouvoir être autonome dans la vie.

Au Burkina, assure-t-elle, l’Etat n’aide pas le théâtre. Pour le Festival international du rire et de l’humour de Ouagadougou dont le budget peut atteindre 50 millions de Fcfa, le gouvernement lui octroie … 200.000 Fcfa et les lui verse … 6 mois après la manifestation. Il faut donc se rabattre sur d’autres sources de financement. Et se montrer imaginatif pour retomber sur ses jambes : elle va ainsi transporter le festival en juin prochain à New York et à Washington afin d’aller à la rencontre de ses compatriotes burkinabè et africains installés aux Etats-Unis.

Au Burkina, le théâtre est vivant avec des ateliers et des centres de formation. Les festivals et lieux de représentation existent quasiment dans toutes les grandes villes. Pas comme dans notre pays. Ce dynamisme du théâtre du pays des hommes intègres tient aussi au fait que les comédiens se battent au quotidien, qu’ils se produisent même sans cachet dans des lieux où les gens peuvent les voir. Petit à petit, des promoteurs arrivent, attirés par une notoriété acquise au bout de l’opiniâtreté. Il ne faut pas tout attendre des pouvoirs publics sinon, vous ne travaillerez pas, tranche Augusta.

Le chef du département théâtre du CAMM/BFK, Ousmane Sow, a confirmé qu’il s’agit d’un métier que l’on aime avant de s’y lancer. Tous les gens que nous formons ici font soit des sketches, soit filent vers d’autres métiers. Le théâtre n’avancera pas dans ces conditions, a-t-il averti.

Y. DOUMBIA

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