« Le phénomène de l’orpaillage traditionnel prend de plus en plus d’ampleur dans notre pays. Cette ruée vers l’or constitue une véritable menace favorisant la propagation rapide du VIH ». Cette déclaration a été faite par Malick Sène, secrétaire exécutif du Haut conseil national de lutte contre le SIDA, à Sikasso lors de la 3ème édition du Festival international « Ciné à Dos ».
Venu à la rencontre de la jeunesse malienne qui s’était mobiliser pour cette manifestation culturelle, Malick Sène s’est attaqué à la ruée généralisée vers l’or qui constitue aujourd’hui une menace sérieuse pour notre pays en matière de VIH/SIDA. Malick Sène est convaincu que tout pays africain qui se veut un destin minier, se doit d’être proactif et vigilant dans la gestion de l’épisode du VIH dans ses zones minières. Il dira que l’Afrique du Sud, est l’épicentre du VIH/SIDA dans le monde et en Afrique, avec à elle seule plus de 6 millions de porteurs de virus, soit 25% des 23,5 millions de personnes vivants avec le VIH que compte l’Afrique, principalement à cause de l’exploitation de ses immenses ressources minières. Malick Sène est aujourd’hui inquiet que notre pays n’emboîte le pas à ce grand pays minier d’Afrique. Il pense qu’il y a des indices qui ne trompent pas. Selon lui, de la région de Kayes à celle de Sikasso, en passant par Bamako, le Mali est devenu un gros gruyère avec partout des trous à ciel ouvert, des conditions et modes de vie à la limite de l’acceptable. Le secrétaire exécutif du Haut conseil national de lutte contre le sida a révélé que la dernière enquête de démographie et de santé qui vient d’être validée a montré que le taux de séroprévalence du VIH a chuté dans les régions de Bamako, Ségou, Mopti, alors qu’il est monté dans les régions de Kayes et Sikasso. « Nous pensons principalement que c’est à cause de cette ruée vers l’or », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que malheureusement, ce taux peut encore augmenter dans les années à venir si des mesures énergiques n’étaient pas prises. Malick Sène s’est dit d’autant plus inquiet que les orpailleurs sont les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs, les bras valides de la nation. « S’ils sont malades, c’est l’économie nationale et l’économie rurale qui seront malades », a-t-il déclaré. Par ailleurs, il a estimé que le développement et le VIH/SIDA sont indiscutablement liés. Selon lui, si d’un coté le VIH/SIDA suit la croissance et le développement, de l’autre coté, la croissance et le développement appellent, sinon attirent le VIH/SIDA. « C’est un binôme inséparable qui se nourrit l’un de l’autre, mais aussi se détruit l’un, l’autre », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter qu’il paraît stratégique de se servir de l’un pour combattre l’autre, c’est-à-dire se servir du développement porteur de progrès et de ressources, pour lutter contre le sida destructeur de progrès et de ressources de toutes sortes. Pour cela, il a tenu à attirer l’attention des autorités nationales et régionales sur la nécessité de prendre en compte le binôme développement et VIH/SIDA. Avant d’inviter les uns et les autres à ne pas écarter le VIH/SIDA des priorités, au profit des seuls grands projets générateurs de croissance et de développement, tels que les routes, les barrages, l’eau, l’électricité, les transports, les grands travaux d’irrigation. « En finançant exclusivement ces projets comme c’est souvent le cas, et en négligeant le VIH/SIDA, le fléau suivra inexorablement ces projets et détruira sur le moyen et le long terme leurs effets escomptés, en favorisant l’expansion du VIH dans de nouvelles zones qu’on veut développer, mais aussi en hypothéquant les droits à la protection des populations bénéficiaires ou riveraines de ces projets », a-t-il estimé. Qu’à cela ne tienne, il dira qu’au Mali, on a un taux de séroprévalence faible, mais préoccupant. « Le Gouvernement s’est très vite engagé dans la lutte et en a fait une priorité dans les politiques et stratégies nationales de développement », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que la lutte contre le VIH est retenue comme un des axes prioritaires de la lutte contre la pauvreté dans l’étude prospective 2025 et dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. Il a précisé que le Mali a mis en place deux grands axes de réponse : institutionnelle et programmatique. Selon lui ces programmes ont permis d’atteindre de très bons résultats, qui sont malheureusement menacés par la crise financière et sécuritaire.