Les opérations artisanales s’enfoncent de plus en plus dans l’informel avec l’occupation anarchique des permis d’autrui et l’utilisation de produits prohibés
Sortir l’orpaillage du cadre informel, voilà en substance l’une des problématiques majeures au centre des travaux de la 2è session de l’Assemblée consulaire de la Chambre des mines du Mali (CMM). La rencontre s’est déroulée hier au siège du Conseil national du patronat du Mali (CNPM). Placée sous la présidence de Djibouroula Togola, chef de cabinet du ministère des Mines, la cérémonie d’ouverture des travaux s’est déroulée en présence du représentant du maire de la commune IV, Mamoutou Doumbia.
Le président de la CMM, Abdoulaye Pona, l’invité spécial, Alou Boubacar Diallo, les représentants des sociétés et entreprises minières, des associations et des structures faitières œuvrant dans le secteur de l’orpaillage, étaient tous là. Des délégués venus des huit régions administratives et du District de Bamako ont pris part aux travaux. Deuxième du genre, la session s’est saisie de deux dossiers majeurs : le budget annuel de l’exercice en cours et la feuille de route qui fait office de boussole pour la CMM dans le cadre de la nouvelle orientation à donner à l’activité d’orpaillage dans notre pays.
Le budget 2014 de la CMM se chiffre en recettes et en dépenses à 960,5 millions de Fcfa. Cette enveloppe financière sert à soutenir les politiques de la structure consulaire en matière de promotion et de développement du secteur de l’orpaillage. Ce budget ambitieux a été élaboré en tenant compte du contexte difficile engendré par la crise que connaît le pays depuis plus d’une année, a indiqué le président de la CMM. Abdoulaye Pona a souligné la place que joue l’orpaillage dans l’économie nationale. En 2013, le poids de l’activité du métal jaune s’élevait, dans les échanges commerciaux, à environ 20 tonnes, soit plus de la moitié de la production industrielle dans le secteur minier. Les droits perçus par l’Etat se chiffraient à environ 5 milliards Fcfa.
L’ambition de la CMM est d’instaurer un orpaillage réfléchi. Cet objectif est d’autant plus important que les opérations artisanales s’enfoncent de plus en plus dans un cadre informel, avec l’occupation anarchique des permis d’autrui et l’utilisation de produits prohibés. Le président de la CMM a salué la reconnaissance de l’orpaillage mécanisé par le Code minier. Cependant, estime-t-il, cette disposition ne doit pas servir de prétexte à des fins inavouées, visant à nuire aux intérêts d’autrui. Le développement et la promotion de l’orpaillage passent par l’observation de principes moraux dans un cadre bien défini à travers la délimitation de couloirs d’orpaillage qui permettront d’éviter des situations fâcheuses comme ce fut le cas à Kobada, a explicité Abdoulaye Pona.
Le second dossier épluché par la session est la feuille de route : un document de référence qui servira de canevas d’actions à la CMM en matière de promotion et de développement des deux secteurs de l’orpaillage et des matériaux locaux de construction. Abdoulaye Pona a jugé qu’il n’y avait plus de place pour les atermoiements. Il faut se serrer la ceinture, a-t-il préconisé en soulignant la nécessité d’accompagner les orpailleurs dans un cadre bien structuré bénéficiant aux 285 sites que compte le pays.
Le président de la CMM a soulevé le problème de l’annulation récente de plus de 130 permis miniers par le département. Ce cas spécifique, a-t-il promis, fera l’objet de rencontre et d’échanges avec le ministre afin de lui trouver une solution heureuse. Abdoulaye Pona est conscient des défis à venir. « Le retour au calme et à la sérénité dans notre secteur ne se décrète pas. Il sera forcément le fruit d’un long processus de persuasion, de compréhension mutuelle et par moment de complicité, notamment avec les opérateurs miniers maliens qui ont vu leurs titres miniers annulés le 31 juillet dernier », a-t-il analysé.
Alou Boubacar Diallo a, lui, salué l’intérêt du gouvernement pour le secteur minier. Le président directeur général de Wassoul’or a assuré de sa foi en l’avenir du secteur minier malien. La stabilité naissante avec les accords récents signés entre le gouvernement et les groupes armés et la reprise des relations de coopération entre notre pays et les partenaires au développement constituent autant de motifs d’espoir pour le développement de projets miniers dans notre pays, a-t-il noté.
Le représentant du ministère des Mines a félicité la CMM pour les efforts consentis en faveur du secteur de l’orpaillage. Djibouroula Togola a souligné l’urgence de prouver le contraire de l’assertion qui veut que le métal jaune ne brille pas pour tous les Maliens. C’est à cela que le département s’emploie, a-t-il assuré en annonçant la tenue très prochaine (18-20 septembre) d’un Forum national sur l’orpaillage. Un rendez-vous qui permettra de faire l’état des lieux de l’activité en vue de lui conférer un rôle véritablement moteur dans le développement.
L. DIARRA