Les terroirs des collectivités territoriales et les forêts classées sont les principales zones d’intervention visées. Pour lutter contre la désertification et atténuer les effets du changement climatique, le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement prévoit cette année de produire 54.330.556 plants, toutes espèces confondues (y compris les plants pour le regarnissage). Ainsi, il sera mis à la disposition des planteurs 286.000 noix de rôniers collectés. Il sera réalisé d’ici à la fin de la campagne, 116.776,90 hectares de plantation, tous types confondus. Ces plantations porteront essentiellement sur la production de bois et de biocarburant, des plantations d’alignement, de plantations agro-forestières et d’espaces verts.
La campagne nationale concerne essentiellement des actions comme la régénération naturelle assistée (RNA), les travaux de défense et restauration des sols (DRS/CES), les mises en défens et la restauration des zones d’exploitations minières. En ce qui concerne la RNA, 892 hectares devront être regénérés. Pour la restauration des sols, 51.530 mètres de cordons pierreux seront réalisés, 999 hectares de glacis traités en techniques de zaï, 1.102 hectares traités en demi-lune, 184 mètres de fascine seront réalisées et la construction de 25.766 mètres de diguettes en terre. Et enfin 9.840 hectares du domaine forestier protégé sera mis en défens.
Le présent programme de reboisement découle du Plan quinquennal de reboisement 2010-2014 qui est en cohérence avec la Politique nationale de protection de l’environnement (PNPE) et les conventions internationales en matière d’environnement. Il est également en conformité avec le Cadre stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté (CSCRP) et la Loi d’orientation agricole (LOA). Ce programme de la campagne nationale de reboisement 2014 intervient, au moment où, le Mali sort d’une crise qui a paralysé tous les secteurs. Cette situation n’a pas permis de faire les diagnostics et concertations préalables à l’élaboration des programmes dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal. L’enjeu de l’organisation d’une telle campagne de reboisement à travers le pays est donc de taille.
Dénommée « Opération pour un Mali Vert », cette campagne nationale de reboisement, initiée depuis 1995, est organisée chaque année à partir de janvier avec la production de plants par les pépiniéristes privés. La mise en terre s’effectue pendant l’hivernage entre juillet et septembre, quand les plants atteignent leur hauteur souhaitée en pépinière. Il se poursuit, cependant, dans les zones inondées jusqu’en décembre suivant les crues et décrues du fleuve.
CHANGEMENT DE COMPORTEMENT.
Ce plan quinquennal de reboisement à grande échelle de 100.000 hectares en 2010 fait une progression de 5.000 hectares tous les ans. Il constitue un des axes prioritaires du Cadre stratégique d’investissement (CSI) en matière de gestion durable des terres (GDT) pour maintenir, sinon augmenter le potentiel productif et le rendement de nos sols agricoles et pastoraux. Le programme vise, par ailleurs, à restaurer les terres dégradées, en vue de rehausser le taux de couverture végétale, tout en favorisant la création d’emplois et de revenus pour les groupes les plus vulnérables à savoir les femmes et les jeunes.
Pour la mise en œuvre dudit programme, il est important d’impliquer tous les acteurs particulièrement les femmes, les jeunes, et les enfants par des actions de sensibilisation et par l’intensification de l’éducation gouvernementale dans les écoles et centres d’apprentissage. Cela va indubitablement perpétuer les actions d’amélioration du couvert végétal en vue d’un changement de comportement. Si ce défi arrive à être relevé, cela va contribuer en grande partie à compenser l’insuffisance au niveau du service forestier, comme l’a souligné le rapport du Plan quinquennal de reboisement.
Aussi, il ressort de ce rapport, qu’en dépit des ressources abondantes d’énergies non polluantes (solaire, éolienne, hydro-électrique etc.), les besoins globaux en énergie primaire sont satisfaits à 90% par le bois énergie. Ce qui prouve à suffisance que le bois de chauffe continue à être la principale source d’énergie pour les ménages. Outre le fait que cette dépendance vis-à-vis des ressources forestières favorise la déforestation (100.000 hectares par an), elle contribue au processus graduel de la désertification notamment dans les zones fragiles.
La coupe du bois et les défrichements par an ont diminué respectivement le couvert végétal de 100.000 hectares et de 400.000 hectares soit au total 500.000 hectares l’année, si l’on se fie aux résultats du volet 1 du Plan national d’action environnementale (PNAE).
Ce comportement compromet le développement durable et la préservation de la diversité biologique. Il urge aujourd’hui de travailler dans le sens du changement de comportement des populations.
Ce déboisement massif généralement incontrôlé entraine des pertes annuelles de terre arable due à l’érosion hydrique au centre et au sud du pays et à l’érosion éolienne au Nord avec son corollaire d’ensablement des cours d’eau dont le fleuve Niger, la colonne vertébrale du Mali.
Conscient de la gravité de cette situation qui frappe, d’ailleurs, l’ensemble des pays sahéliens, le gouvernement à travers son département chargé de l’Environnement a lancé plusieurs actions de sensibilisation de l’opinion nationale sur la nécessité de reboiser des terres dégradées, d’embellir certaines agglomérations, de produire du bois, de contribuer à la conservation de la biodiversité et à la lutte contre la pauvreté.
Diverses études ont montré des pertes annuelles moyennes en terres arables du fait de l’érosion de l’ordre de 6,5 tonnes/ hectares /an, variant d’1 tonne au Nord à plus de 10 tonnes au Sud. Des chiffres de 31 tonnes ont été enregistrés dans la région de Sikasso.
68 MILLIONS DE PLANTS FORESTIERS.
Le Mali est confronté depuis plusieurs décennies à de nombreux problèmes environnementaux liés à la dégradation des ressources naturelles et du cadre de vie. Les principales causes sont les variations climatiques et les actions anthropiques, entraînant la détérioration progressive des conditions de vie des populations tant en milieu rural qu’en milieu urbain.
Pour 2014, les prévisions sont ambitieuses. Les terroirs des collectivités territoriales et les forêts classées sont les principales zones d’intervention ciblées. Pour les domaines des collectivités territoriales, les prévisions sont de 380.000 hectares avec 237.500.000 Plants. Elles porteront sur les plantations villageoises et urbaines (ombrage, alignement, espaces verts, bosquets), les plantations agro-sylvicoles (brise vent, haies vives, vergers, champêtres), les plantations de production (de bois, de biocarburant, de gomme). Il sera également réalisé des plantations de protection (protection des berges, des routes, enrichissement, fixation de dunes, restauration des zones d’orpaillage).
Quant aux forêts classées, les prévisions sont 170.000 hectares avec 68 millions de plants forestiers. Il s’agit prioritairement des forêts ayant fait l’objet de déguerpissement (Sikasso), les forêts très dégradées (Ségou), les forêts classées aux alentours de Bamako (Koulikoro), la forêt de Koulouba (District de Bamako) et les forêts classées adjacentes à la réserve de Biosphère de la Boucle du Baoulé. Les autres forêts classées seront concernées dans les prochaines activités de restauration.
Un total de 550.000 hectares sera reboisé pour les 5 ans avec 305,5 millions de plants sans compter les besoins de regarnissage qui élèverait ce nombre à 326.885.000 plants. Pour atteindre cet objectif final, le département de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement compte mettre à contribution tous les acteurs concernés par ses activités.
Dans le cadre des vacances citoyennes, le ministère de la Jeunesse a été associé à travers l’implication des scolaires dans le reboisement. Par ailleurs, les services techniques, les collectivités territoriales, les associations (notamment féminines), les Forces armées et de sécurité, ainsi que les jeunes de certaines organisations sous régionales (UEMOA) actives sont également sollicités dans les activités de reboisement et les techniques de récupération de terres dégradées.
Alhoudourou A. MAïGA