Ils sont des centaines de milliers à avoir fui la situation de guerre et de crise qui règne dans les régions nord Mali.
Un camp de réfugiés maliens à Chinegoda, au Niger. (photo archive)
Ils vivent dans des camps dans des conditions très difficiles, loin de leur terre natale. Ils, ce sont ces refugiés maliens dont le nombre ne cesse de croitre et qui sont parfois l’objet d’un oubli coupable.
Le bilan que dresse le HCR (Haut Commissariat aux Refugiés) et OCHA (bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires) est très alarmant. Et pour cause, il ne s’agit plus dans leur cas d’une urgence sécuritaire, l’urgence humanitaire.
Le rapport publié par OCHA pour l’Afrique de l’ouest et du centre estime le nombre de refugiés et de déplacés depuis la mi janvier à environ 442775 personnes. Il est à noter que ce nombre est en croissance. Selon le HCR, 268775 se trouvent dans les pays voisins et 174000 à l’intérieur du pays.
La situation de crise qui prévaut dans le pays empire la sécheresse et augmente les risques de malnutrition des enfants.
Par ailleurs, l’épidémie de cholera a encore augmenté atteignant 140 cas dont 12 décès dans les régions de Gao et d’Ansongo.
Les ONG qui sont sur place se confrontent à la domination des groupes armés terroristes. Leurs missions essentielles à savoir la prévention sanitaire et la réduction du flux des refugiés est, de ce fait, rendu difficile.
Dans les pays voisins, les refugiés maliens se repartissent comme suit : Burkina Faso (46.000), Niger (29.000), Mauritanie (56.000) et l’Algérie (30.000). Cependant, ces nombres ne cessent de s’accroitre. Selon MSF (médecin sans frontière), l’aide international alloué pour la région est insuffisante obligeant le HCR et le PAM (programme alimentaire mondiale) à revoir leurs objectifs à la hausse.
Les conditions de vie des refugiés
Si la vie dans les camps reste difficile, il existe de légères différences entre les régions.
Ainsi, en Algérie, les réfugiés maliens ne semblent pas trop se plaindre. Ils apprécient l’hospitalité algérienne à sa juste valeur. Selon un refugié malien sur place, ils furent accueillis à bras ouverts. Se trouvant dans un milieu nomade, peu importe l’origine des populations sur place. De plus, selon le ministre algérien de l’intérieur, plusieurs nationalités y cohabitent si bien qu’il est difficile de savoir qui est l’étranger. Majoritairement de Ménaka et de Tessalit, tout ce que les refugiés consomment proviennent d’Algérie. Des soldats maliens blessés au cours des affrontements entre l’armée malienne et les rebelles du MNLA y ont aussi trouvé refuge. Ils sont pris en charge conjointement par le croissant rouge algérien, la protection civile et l’armée.
En Mauritanie, selon une femme qui habite le camp de Mbera, les vivres distribués par le PAM, sont très insuffisant. Il s’agit de quatre kilo de riz de qualité médiocre, plein de cailloux, deux verres d’huile et deux verres de sucre par jour. Les habitants de ce camp ne reçoivent que 11 litres d’eau par jour par personnes et se partagent une seule latrine pour 220 habitants. Environ 3000 autres refugiés maliens ont regagné Nouakchott ou ils ont pris en charge par des organisations humanitaires qui les ont installés dans des quartiers périphériques en attendant de trouver une solution.
Au Burkina Faso ou MSF travaillent dans quatre camps, la distribution des denrées se font de manière incohérente sans tenir compte du nombre d’individus par familles. Les refugiés ont dus traversés des pays qui sont eux-mêmes soumis à des problèmes dramatiques liés à l’insécurité alimentaire. Ils sont arrivés très épuisés et souffrent de nombreuses maladies liées à la déshydratation et à la famine.
Ceux qui sont au Niger souffrent également des mêmes problèmes. Ils y vivent sous des tentes de fortune faites de bouts de tissus attachés à des morceaux de bois plantés dans le sol sec. A Chinagodrar, bourgade nigérienne située a une dizaine de kilomètres des frontières maliennes, les conditions de vie semblent être les plus dures. En plus de la chaleur accablante, l’eau et la nourriture manquent cruellement. Les enfants sont sous nourris. Avec leur ventre ballonnés qui le prouvent, ils souffrent aussi de nombreuses maladies liées à l’hygiène et à la santé.
Quant aux réfugiés internes, répartis dans les différentes villes du sud, ils habitent chez des parents proches.ils vivent à l’étroit, souvent plusieurs dans une seule chambre. Ne supportant pas le train de vie des grandes villes, aussi bien sur le plan matériel que social, beaucoup décident de retourner dans leurs villes natales. Là-bas, ils vivront dans leur élément naturel même s’ils devront faire face à l’oppression des bandits armés.
L’urgence du moment, c’est aussi le cas des refugiés maliens. Une solution durable doit être trouvée pour éviter une dégradation de leur situation. La distribution des aliments doit se faire en quantité et en qualité pour améliorer le cas des enfants. Aucune contribution ne sera de trop. Le gouvernement doit agir rapidement pour éviter un drame humanitaire.