La rencontre ambitionne de poser les jalons de la mise en cohérence et de l’harmonisation des actions et d’amener l’ensemble des acteurs à discuter des solutions et à prendre des engagements forts.
L’accès à l’eau potable et à l’assainissement de base constitue une préoccupation fondamentale pour la population dans notre pays. Le besoin est encore plus accentué dans le milieu rural. D’après les projections à partir du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2009, le taux d’accès à l’eau potable en 2013 est de 61,3% en milieu rural, 69,2% en milieu semi urbain et urbain et 63,6% au niveau national. Et pire, environ 30% du parc hydraulique du pays est non fonctionnel.
Dans le domaine de l’assainissement, la proportion d’individus possédant un système adéquat n’est que de 11,4% à l’échelle nationale : 27% en milieu urbain et 6,4% en milieu rural. La croissance des villes occasionne la production d’importantes quantités de déchets solides et liquides dont la gestion est sensée être partagée entre les habitants des villes, les opérateurs privés, associatifs et les collectivités territoriales.
Les services techniques des collectivités qui ont la responsabilité opérationnelle de la gestion des déchets, sont confrontés à une insuffisance de ressources humaines, matérielles et financières. Les opérateurs privés et autres mouvements associatifs ont tendance à rejeter sur les collectivités leurs propres déficits de compétences et quelquefois leurs défaillances.
Sur le plan sanitaire, les études ont démontré que plus de 50% des affections recensées dans les centres de santé (gastroentérites, parasitoses et schistosomiase, etc.) sont dues aux maladies engendrées par le faible accès à un assainissement adéquat.
Pour inverser ces tendances peu reluisantes et atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement dans le secteur, il est urgent d’accélérer l’accès à l’eau potable en milieu rural et péri urbain, d’améliorer l’accès à un assainissement adéquat C’est pourquoi le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement organise un forum sous le thème : « Bien gérer l’eau et assainir l’environnement, facteur de développement ! »
La cérémonie d’ouverture a eu lieu hier au Centre international de conférence en présence de plusieurs membres du gouvernement, des autorités coutumières et religieuses, des gouverneurs des régions et du district de Bamako, des représentants de la société civile, des partenaires techniques et financiers, etc. Cette grande rencontre d’échanges, placée sous la présidence de Oumarou Ag Ibrahim Haïdara, président du Haut conseil des collectivités, prendra fin demain.
MOBILISATION CITOYENNE.
Drapé dans un grand boubou bleu, couleur symbolisant l’eau, le président du Haut conseil des collectivités a constaté dans son discours d’ouverture que le forum sur l’eau et l’assainissement venait à son heure. « Il se tient à un moment où notre pays traverse des problèmes cruciaux liés aux fluctuations climatiques avec leur corollaire de sécheresses cycliques », indiquera-t-il en félicitant le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement pour tous les actes posés pour améliorer le cadre de vie des populations et préserver les ressources naturelles.
Le forum va poser les jalons de la mise en cohérence et de l’harmonisation des actions mises en œuvre par les différents acteurs. C’est un appel à la mobilisation citoyenne et populaire pour créer un espace de dialogue, d’interactions de tous les acteurs (Etat, collectivités territoriales, usagers, partenaires…) qui vont, pendant trois jours, discuter pour dégager des solutions et prendre des engagements forts sur l’accès à l’eau et l’assainissement.
Ces engagements, a promis Abdoulaye Idrissa Maïga, le ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, ne seront pas mis aux oubliettes : « Je puis vous assurer que mon département fonde beaucoup d’espoir sur les résultats des travaux et vous donne l’assurance que tout sera mis en œuvre pour que les recommandations soient suivies d’effet ». Tout en ambitionnant d’assurer la mobilisation citoyenne et populaire ainsi que le dialogue multi-acteurs, le forum vise à relever le défi de la mobilisation de toutes les parties prenantes autour des enjeux de l’eau et de l’assainissement, au delà du cercle restreint des professionnels et des décideurs, précisera le ministre.
Les travaux prévoient des conférences-débats en plénière, des groupes thématiques et des expositions. Parmi les exposants, on note la présence de la Société malienne du patrimoine de l’eau potable (SOMAPEP SA), de l’Agence nationale de gestion des stations d’épuration du Mali (ANGESEM), du Laboratoire national des eaux, de la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP), de WaterAId, du Programme africain relatif aux stocks des pesticides obsolètes (PASP-Mali) et de l’Agence du Bassin du fleuve Niger.
Une revue documentaire en relation avec les collectivités permettra d’identifier de façon exhaustive les acteurs à Sikasso et dans les communes II et V du District de Bamako. Trois panels d’échanges et de validation seront tenus. Le premier panel est composé d’un représentant de chaque maillon de la chaîne de gestion des déchets et de l’eau potable au niveau communal choisi par les localités concernées. Quant au deuxième panel, il comprend des porteurs de nouvelles propositions. Et le troisième est un panel de haut niveau qui débattra de la problématique de l’assainissement en général et du District de Bamako en particulier.
Avec l’appui de l’Etat et dans le cadre de la décentralisation, les collectivités ont bénéficié de systèmes d’alimentation en eau potable avec un mode de gestion variable suivant les zones. C’est ainsi que la mise en œuvre de la Politique nationale d’assainissement et des stratégies ainsi que l’application de textes ont contribué de façon sensible à l’amélioration de la qualité de vie des populations.
Adoptée par le gouvernement en 2009, la Politique nationale d’assainissement constitue un document de référence pour l’ensemble des acteurs du secteur de l’assainissement. Elle définit les stratégies envisagées pour la gestion des déchets solides, la gestion des eaux usées et excréta, la gestion des déchets spéciaux et l’évacuation des eaux de ruissellement (eaux pluviales). La Politique nationale d’assainissement qui touche également à l’éducation à l’hygiène, a pour objectif d’améliorer l’accès de la population au service public de l’assainissement géré de manière durable au niveau local.
Alhoudourou A. MAIGA