L’année scolaire 2014-2015, officiellement, lancée à Gao, a été placée sous le signe du renouveau. Pour ce faire, le ministre de l’Education nationale, Togola Jacqueline Marie Nana, entend mettre en œuvre un plan robuste d’urgence dont la vocation est de consolider et moderniser les acquis du système éducatif.
La rentrée scolaire 2014-2015 s’inscrit dans un contexte particulier de la période post-crise avec ses multiples conséquences sur le système éducatif comme la non ouverture des postes de certaines écoles principalement dans la région de Kidal. Pour apporter une réponse à la crise, le Ministère de l’Education nationale, en collaboration avec ses partenaires, a élaboré et mis en œuvre un plan d’urgence dont la vocation était de consolider les acquis du système et de récréer les conditions d’un retour à l’école pour les milliers d’enfants qui ont vu leurs outils de travail entièrement ou partiellement détruits.
Selon le ministre de l’Education nationale, Togola Jacqueline Marie Nana, ce plan d’urgence a été relayé par un plan intérimaire qui, outre qu’il définit et traduit la vision de son Département, assure la transition vers un programme décennal de développement de l’éducation deuxième génération (Prodec II). Selon le ministre de l’Education nationale, cette vision est opérationnalisée à travers les composantes suivantes : la qualité des enseignements ; l’accès, l’équité et la gratuité effective de l’éducation ; l’accompagnement de la décentralisation et l’efficience de la dépense. L’amélioration rapide et durable de la qualité des enseignements-apprentissages se fera, de l’avis du ministre, par : la fourniture de manuels scolaires et de matériels didactiques.
A cet effet, le gouvernement se propose de doter les élèves de l’enseignement fondamental classique de 21.700 manuels, de l’enseignement fondamental à curriculum de 11.955 manuels, des medersas de 15.000 manuels, de l’enseignement secondaire général de 31.817 manuels, et de l’enseignement secondaire professionnel de 8.860 manuels. Par rapport au contrôle pédagogique, le ministre Togola dira que le suivi-évaluation des enseignants et des établissements publics et privés à travers le renforcement des centres d’animation pédagogique et l’opérationnalisation de l’inspection générale de l’Education nationale (Igen) et des inspections pédagogiques régionales d’enseignement secondaire (Ipres) sera intensifié.
En ce qui concerne les établissements privés, la patronne de l’Education nationale envisage l’adoption d’un cahier de charges et le contrôle de l’effectivité de son application pour constituer des garanties pour l’amélioration des prestations dans ces établissements.
Développement d’un programme ambitieux pour le renouveau
Toujours dans la marche vers le renouveau, pour cette année scolaire, l’accès à l’école sera amélioré par le développement d’un programme ambitieux de constructions scolaires et par le recrutement d’un nombre important d’enseignements fonctionnaires des collectivités territoriales pour faire face à la demande d’éducation. C’est dans ce cadre, selon le ministre Togola, que des actions suivantes seront, entre autres menées : la construction des instituts de formation professionnelle (Ifp) de Diabaly et de Konobougou dans l’Académie d’enseignement (Ae) de Ségou ; la construction et l’équipement de 801 salles de classe, 161 bureaux-magasins, 534 blocs de trois (3) latrines ; la réhabilitation de 200 salles de classe ; la distribution de 2000 malles scientifiques aux écoles des régions de Sikasso, Mopti et Tombouctou pour assurer la promotion de l’enseignement des sciences ; la construction et l’équipement des lycées de Djénné, Barouéli, Tominian, Gourma Rharouss, respectivement dans les Académies d’enseignement de Mopti, Ségou, San et Tombouctou ; le recrutement de 4062 enseignants (dont 3.861 pour le fondamental) ; l’intégration de 252 maîtres des écoles communautaires et 140 éducateurs/animateurs (Cdpe, Ced, Cies, Caf et Café).
Aussi, l’amélioration de la gestion administrative du système éducatif se fera à travers l’accompagnement du processus de la décentralisation et un appui aux collectivités locales. Il s’agira, selon la ministre Togola, à ce niveau d’accompagner la décentralisation par un accroissement du transfert de ressources financières afin de favoriser l’émergence d’une administration autonome de proximité permettant une participation effective des populations locales à la gestion de leurs écoles.
En ce qui concerne la gestion des flux, sur les 84.360 élèves titulaires du diplôme d’études fondamentales (Def), 28.436 élèves, soit 34%, sont orientés au public (ceci représente la capacité maximale des établissements publics) et 55.924 élèves, soit 66%, envoyés dans les écoles privées. Sur cet ensemble (public + privé), l’enseignement technique et professionnel reçoit 42% des effectifs orientés et le secondaire général, 58%.
Une attention particulière accordée aux régions du nord
Pour Togola Jacqueline Marie Nana, l’attention accordée aux régions du nord devra être soutenue et poursuivie, à l’effet d’accélérer le retour des enfants à l’école. D’où le lancement officiel, le 07 octobre 2014, à Gao de la rentrée scolaire de cette année. Visiblement impressionnée par l’accueil exceptionnel qu’elle a reçu, le ministre de l’Education nationale a expliqué que son voyage à Gao est la suite logique du lancement de l’année scolaire 2013 à Tombouctou.
« En 2014-2015, nous voilà dans la cité historique et légendaire des Askia. Grâce à Dieu, cette année la rentrée a été effective au même moment sur toute l’étendue du territoire national, à l’exception de Kidal », a-t-elle relevé. Avant de laisser entendre : « Nous plaçons l’année scolaire 2014-2015 sous le signe du renouveau et, dans ce cadre, je voudrais lancer un appel solennel à chaque parent d’élève, à chaque apprenant, à chaque enseignant et à tous les partenaires de l’école pour que tous et chacun s’investissent afin de redonner à notre école son lustre d’antan et ses lettres de noblesse ». «Les perspectives de l’année à venir sont nombreuses. Mais nous sommes prêts à relever le défi quoi qu’il soit», a-t-elle conclu.
Dans tous les cas, l’amélioration de la qualité de l’éducation constitue un chantier prioritaire pour le gouvernement. Pour relever ce défi, les parents d’élèves, les enseignants, bref l’ensemble des acteurs de l’école devront se mobiliser pour rechercher en permanence l’excellence.
Aliou Touré