Serge Lazarevic a été libéré en échange de quatre djihadistes dont Mohamed Ag Wadoussène, l’assassin du gardien de prison de la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Mais, les retombées de cet échange de prisonnier sont plutôt pour les Nigériens (dont le président Mahamadou Issoufou est adoubé par les médias internationaux) et non pour le président IBK qui a fait le sale boulot (en libérant sans jugement des terroristes et des assassins au mépris de la loi et des citoyens maliens). Dans cette affaire, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, est superbement ignoré par ses amis français. Alors qu’il est voué aux gémonies dans son propre pays, le Mali.
Suite à la libération du dernier otage français dans le monde, plutôt que les Maliens, ce sont les Nigériens qui se frottés les mains. A Bamako, c’est l’incompréhension et la grosse colère des populations maliennes. D’abord, c’est par la presse internationale que les Maliens apprennent l’échange de quatre dangereux terroristes (détenus en prison dans notre pays) contre l’otage français Serge Lazarevic.
Ensuite, c’est grâce à cette même presse internationale que le gouvernement confirme cet échange à travers le ministre de la Justice, Mohamed Ali Bathily. « Nous l’avons fait- y compris à l’intérieur lorsqu’il s’agissait de Maliens -, nous l’avons fait de surcroit quand il s’agit de personnes ressortissantes de pays qui sont venues quand même nous aider dans les moments les plus critiques », a déclaré le ministre. Qui explique que le Mali ne pouvait que prendre part, pour son honneur ( ?), au sauvetage de l’otage. Le ridicule ne tue plus. C’est dans l’humiliation et la violation de la loi que le Mali restaure son honneur. Un assassin qui tue à bout portant un surveillant de prison est libéré sans ménagement, quelques mois seulement après son forfait. Où est donc notre honneur ?
Certes, il faut sauver un innocent de ses bourreaux, mais pas en bafouant la dignité des Maliens. Dans le passé, des terroristes ont été libérés pour sauver d’autres otages français. Mais le cas de Wadoussène est atypique. Jamais, dans notre pays, un terroriste prisonnier n’a autant attiré les projecteurs sur lui en réussissant une évasion spectaculaire à Bamako et en tuant à bout portant un fonctionnaire malien (le gardien de prison) dans l’exercice de ses fonctions. Il a été élargi dans la clandestinité au mépris des droits des victimes et de ceux de leurs ayants droits. Est-ce cela la promesse d’une justice équitable du président IBK ?
Cherchant à redorer vaille que vaille son blason aux yeux des Français, Ibrahim Boubacar Keïta multiplie les bourdes et dresse contre lui l’opinion nationale. Ses décisions sont souvent dépourvues de bon sens. Libérer un terroriste-assassin en échange d’un otage n’est visiblement pas un acte salutaire. Il prouve seulement la faiblesse du régime à négocier dans la dignité et son incapacité (malgré sa souveraineté) à dire NON à la France. Qui, d’ailleurs, n’a pas manqué d’accorder les bénéfices de cette libération à nos voisins du Niger.
Prime pour Mahamadou Issoufou
Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a été présenté au monde comme étant l’artisan principal de la libération de Serge Lazarevic. C’est lui qui tire les honneurs et les bénéfices de cette libération à commencer par les vibrants hommages rendus par l’Elysée au pouvoir nigérien et le tapage médiatique. Son pays en profite également en se mettant sur orbite afin d’attirer les potentiels investisseurs. Le Niger et son président deviennent ainsi des négociateurs attitrés contre les groupes terroristes aux yeux de la communauté internationale. En tout cas, si l’on s’en tient aux médias français.
Quant à IBK, qui a humilié la justice de son pays au profit de la France, son implication est « relativisée » et le Mali est à peine cité lorsqu’on évoque la libération de Serge Lazarevic. Et pourtant, les faits sont là. Quatre dangereux terroristes, tous détenus au Mali, ont été libérés. Ils sont maintenant dans la nature, prêts à reprendre du service… Les victimes maliennes de ces quatre terroristes n’auront que leurs yeux pour pleurer. Ni la justice malienne (impuissante ?), ni le président IBK, ne pourront leur rendre justice, dans un pays où l’impunité semble devenir la règle. IBK a été tout simplement court-circuité par la France. Qui ne cache plus ses divergences de vue avec le chef de l’Etat, dont la gestion de ce dossier a été très critiquée non seulement par des citoyens déçus, mais aussi par les opposants politiques. Les organisations de défense des droits de l’homme et les gardiens de prison (dont un collègue a été froidement assassiné par le terroriste Ag Wadoussène) ne décolèrent pas. Ils n’entendent pas en rester là. Ils projettent dans les jours à venir des actions de protestation contre le régime en place. Il faut dire que la colère de ceux-ci aurait même atteint les amis du chef de l’Etat. Jusque-là, aucun de ses proches n’a osé lui apporter son soutien sur ce dossier. On se demande alors quel bénéfice, le Mali pourra tirer de cette libération de terroristes ?
Idrissa Maïga