Bamako- Les forces de l’ONU au Mali ont détruit mardi un véhicule des rebelles lors d’une frappe aérienne dans le nord du pays, faisant des morts et des blessés, selon des communiqués de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et de la rébellion.
La Minusma a dit avoir "été contrainte de recourir à la force en réponse à des tirs directs à l’arme lourde sur ses Casques bleus à Tabankort (...) conformément à son mandat qui l’autorise à user de la force pour protéger les populations civiles, son personnel et ses biens en cas d’attaque ou de danger imminent".
"Elle a procédé à des tirs de sommation sur le véhicule d’où provenait l’attaque sur les troupes terrestres de la Minusma positionnées en vue de protéger la population civile de Tabankort. Malgré ces sommations, les tirs ont continué et les hélicoptères d’attaque de la Minusma ont alors réagi, mettant hors d’état de nuire le véhicule", selon la force de l’ONU.
La coordination des Mouvements de l’Azawad, qui fédère les principaux groupes rebelles, à dominante touareg et arabe, a pour sa part affirmé avoir été "la cible de bombardements aériens effectués par l’aviation de la Minusma" qui ont "entraîné des morts et des blessés dans (ses) rangs".
"Cette attaque de la Minusma contre nos éléments a été perpétrée dans un appui direct aux milices fomentées et équipées par l’Etat malien pour pallier à l’effondrement de son armée. Elle met ainsi en lumière son absence de neutralité dans le conflit actuel", accuse la rébellion.
Elle se réfère ainsi aux combats qui opposent depuis la semaine dernière à Tabankort, dans la région de Gao, des groupes rebelles touareg et arabes à d’autres groupes armés, de tendance loyaliste, notamment le Groupe autodéfense
touareg Imghad et alliés (Gatia).
En conséquence, la Coordination décide de "suspendre toute collaboration sur le plan sécuritaire avec la Minusma jusqu’à nouvel ordre", mais demeure attachée au cessez-le-feu du 23 mai 2014, tout en affirmant qu’il "n’inclut pas les milices qui n’en sont pas signataires et qui multiplient les provocations et les attaques sur nos positions.
De son côté, un porte-parole du Gatia a affirmé à l’AFP que les groupes rebelles opposés avaient subi de lourdes pertes dans les combats.
"Cependant nous ne comprenons pas certaines passivité de la Minusma et les forces Barkhane. Des colonnes de véhicules lourdement armées qui quittent Kidal (fief de la rébellion, NDLR) pour venir nous agresser à Tabankort ne sont même pas arrêtées par ces organisations", a-t-il dit.
La Coordination regroupe les principales formations rebelles impliquées dans les pourparlers avec le gouvernement malien lancés en juillet 2014 à Alger et qui doivent reprendre dans les prochains jours.
Le Gatia, créé en août 2014, revendique une place à la table des négociations.
Le nord du Mali est tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, qui en ont été chassés en grande partie par l’opération militaire "Serval", à l’initiative de la France, à laquelle a succédé en août 2014 l’opération "Barkhane", dont le rayon d’action s’étend à l’ensemble de la zone sahélo-saharienne.
Mais la zone a enregistré depuis l’été une recrudescence d’attaques: une d’elle a visé samedi matin le camp de la Minusma à Kidal, où un soldat tchadien a été tué et un autre blessé, selon l’ONU.
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