Le MNLA et Ançar Eddine, qui ont participé au massacre de soldats maliens à Aguelhok, le 24 janvier 2012, viennent de se retrouver à Kidal. Le MNLA veut-il l'appui des islamistes pour peser dans la balance au moment des négociations ? Le porte-parole d'Ançar Eddine nous a indiqué hier au téléphone qu'il s'agissait avant tout de "laver le linge sale en famille".
Il a démenti l'arrivée de combattants étrangers au nord en prévision de l'intervention militaire.
Face à la détermination de la communauté internationale d'intervenir militairement sur le terrain pour libérer les régions occupées du Nord du Nord, des chefs d'Ançar Eddine et du MNLA ont tenu en fin de semaine dernière une réunion dans les faubourgs de Kidal. La rencontre, selon le porte-parole du mouvement Ançar Eddine, Sanda Ould Boumama, que nous avons joint au téléphone, lundi matin, avait pour objectif "de laver le linge sale en famille". Autrement dit "de regarder désormais dans la même direction en vue de concilier les positions", même si cela, a-t-il ajouté, s'avère difficile eu égard aux divergences de vue. Les échanges, a affirmé notre interlocuteur, se poursuivront dans les prochains jours.
Pour le MNLA, il est plus facile de se faire entendre par la négociation que par la force. Il ne représente plus rien sur le terrain, pourtant il ne veut renoncer à sa revendication que sur la base d'accord avec le gouvernement malien qui lui ouvrirait de nouveau les portes du "paradis" : intégrations dans l'administration et dans l'armée et autres situations de rente. Se sachant dans l'estime de Français, les indépendantistes, de peur d'être en déphasage avec leurs alliés européens, disent faire preuve de prudence dans leurs pourparlers avec les islamistes qui comptent dans leurs rangs des membres d'Aqmi. Nouer un accord avec Ançar Eddine dans ces conditions leur serait fatal.
Incompatibilités ?
Il est difficile que les pourparlers entre les mouvements aboutissent à quelque chose de durable tant les parties campent sur leurs positions initiales (même si un groupe du MNLA a affirmé abandonner l'option d'indépendance pour l'autodétermination), le MNLA veut l'indépendance de l'Azawad, les islamistes l'application de la charia. Pour ce qui est des revendications sur le développement des trois régions, les islamistes n'en font pas leur problème, du moins jusque-là. Ils ne veulent que de l'application de la charia, a réaffirmé le porte-parole Sanda. "Tout est négociable sauf la charia", a-t-il répété.
Présenter un plan d'action commun en vue de développer les régions occupées au moment des négociations avec l'Etat malien est loin d'être dans le dispositif des combattants d'Iyad Ag Ghaly sauf à croire qu'ils vont abandonner la charia pour converger avec les indépendantistes. Le MNLA, qui a au travers de sa gorge sa débâcle dans les trois régions par le Mujao, n'entend plus se laisser faire par ses anciens alliés. Le porte-parole Sanda a conclu qu'ils veulent mettre le MNLA sur le bon chemin à cause de sa faiblesse militaire. "Nous voulons concilier nos positions au regard de la situation qui prévaut". Il a profité de l'occasion pour apporter un démenti formel sur la venue de combattants tunisiens, algériens à Tombouctou et à Gao. Il a accusé "la France d'être derrière cette fausse information pour les salir avant d'intervenir".