En prélude aux Journées théâtrales prévues du 29 avril au 3 mai 2015 au Cicb, au ciné Magic ex-Babemba, au Palais de la culture et au Stade Modibo Kéïta, les organisateurs (Habib Dembélé dit Guimba national et Ousmane Sow) ont organisé une conférence de presse le samedi 18 avril 2015 au Carrefour des jeunes de Bamako. Une conférence au cours de laquelle ils ont plaidé pour la promotion du théâtre malien auprès de nos plus hautes autorités.
S’il est vrai que le théâtre jouait le rôle de l’opposition dans ses critiques de la gestion des affaires de l’Etat, aujourd’hui, cette mission est ignorée ou n’existe presque plus au détriment des sumu qui n’apportent absolument rien au peuple. Quant à la question de savoir comment faire renaître le théâtre qui est mourant, des éléments de réponse nous ont été donnés par certains acteurs du théâtre.
Aboubacar Sissoko : «Le théâtre malien, aujourd’hui, va dans tous les sens. Les groupes n’gnogolon et le kotèba national jouaient pour sensibiliser les gens sur certaines situations de la vie de la Nation. Mais, aujourd’hui, ces groupes ne sont plus assez visibles sur la scène théâtrale malienne. Avec la pièce de théâtre Wari, les gens ont compris que la corruption, le népotisme, le favoritisme sont, entre autres, le quotidien des autorités maliennes. Suite à ces dénonciations, nous avons pu franchir un pas vers la démocratie. Malgré tout, nous pouvons dire qu’aujourd’hui ces maux persistent dans notre pays.
Il faut surtout rendre hommage aux hommes qui ont eu l’initiative de cette pièce, parce qu’elle est toujours d’actualité. Par la même occasion, c’est tout le pays qui doit saluer Guimba national d’avoir pensé aux jeunes acteurs du théâtre malien en mettant la main dans la poche en leur faveur. Une façon de donner aux jeunes acteurs du théâtre l’amour du métier, en leur rendant leur dignité. Nous souhaitons qu’après cette première édition, qu’il y ait d’autres Journées théâtrales avec l’appui du gouvernement».
Kassim Baba Diarra : «Il faut reconnaître qu’il y a fort longtemps, Guimba avait l’idée de donner un nouveau souffle au théâtre malien. Faute d’accompagnement, cela a dû prendre du temps à se concrétiser. Faire la promotion du théâtre au Mali étant l’objectif, cela permettra aux jeunes comédiens de faire revivre cet art.
C’est pourquoi vous avez assisté à la remise de chèques symboliques de 200.000 Fcfa aux groupes de jeunes comédiens qui vont concourir tout au long de ces 5 journées théâtrales. Cela va permettre aux jeunes groupes théâtraux de se promouvoir pour qu’ils soient visibles tant au plan national qu’international. On souhaite que ces journées théâtrales Guimba national soient pérennisées afin que la jeunesse puisse bénéficier de l’expérience de leurs aînés».
Fana Coulibaly dite F.C : «C’est une fierté pour moi aujourd’hui de voir ce genre d’initiative. Quand on parle de culture au Mali, les gens ne pensent qu’à la musique, juste parce que le théâtre a disparu de la scène artistique. Les raisons ne manquent pas pour que le théâtre soit abandonné par le public. En effet, le théâtre n’est pas accompagné au Mali par les autorités. Au Burkina-Faso tout près, il est accordé une attention particulière au théâtre.
Par contre, nous, nous manquons de tout ici au Mali : il n’y a pas d’espace pour les manifestations, il n’y a pas d’aide pour les créations, il fallait donc s’attendre à la mort du théâtre malien. Il est grand temps que le gouvernement soutienne le théâtre. Il y a un fonds spécial d’aide au théâtre et le cinéma africain dont le Burkina s’en sert chaque année pour épauler son théâtre. Qu’est-ce qui empêche nos autorités à en faire autant ? Le théâtre est la seule chose que le Malien comprend le mieux, parce que nous ne croyons qu’à ce que nous voyons. Ce que le théâtre apporte, la musique ne peut l’assurer. Il est temps qu’il soit aidé».
Habib Dembélé dit Guimba national : «Le but des Journées théâtrales Guimba national est d’éveiller chez les gens cette attention qu’ils avaient à l’endroit du théâtre, mais qui se meurt aujourd’hui. Que les autorités et le peuple malien se rendent compte de ce que le théâtre a fait au Mali. On ne peut pas réduire le théâtre simplement à l’humour et au sketch de sensibilisation. Il est beaucoup plus que ça.
C’est évidemment un grand miroir qu’on promène le long de tous les chemins pour que tout le monde voie. Nous avons donc décidé, nous les organisateurs de cet événement théâtral avec mon administrateur, Kassim Diarra, d’apporter ce soutien pour motiver les jeunes acteurs du théâtre à la création, parce que tout simplement le théâtre joue le rôle d’une opposition. À la nouvelle génération, je leur répète notre slogan : «La culture est notre pétrole, exploitons-là !».
Gabriel TIENOU/Stagiaire