Dans notre pays, notamment à Bamako, le traitement infligé aux enfants jumeaux ressemble fort à un esclavage des temps modernes. Trimballés dans les rues comme des marionnettes, ils servent souvent de fonds de commerce. Conscient de cette triste réalité, Alassane Bah (un jumeau), technicien au Centre international de conférence de Bamako (Cicb), a mis en place l’Association des jumeaux du Mali (Mafla). Finalité recherchée : mettre fin au calvaire des enfants jumeaux en leur portant assistance avec l’aide des bonnes volontés.
La naissance d'un enfant dans une famille africaine, particulièrement au Mali, est toujours saluée avec joie et reconnaissance. Reconnaissance envers Dieu et reconnaissance envers les divinités tutélaires de la famille qui a enregistré cet heureux événement. Dans l'Afrique profonde, l'on ne se marie pas seulement pour partager les joies et les peines de son partenaire, mais surtout pour avoir des enfants. Et quand l'enfant venait à manquer, la femme qui, dans ces sociétés traditionnelles africaines, est souvent tenue responsable de la stérilité du couple, subit toutes sortes de vexations et d'humiliations.
Si la naissance d'un seul enfant est accueillie avec autant de considération, l'on comprend aisément pourquoi les naissances gémellaires sont traitées avec autant de délicatesse, d'affection, mais également de crainte.
Une crainte qui découle tout naturellement du caractère insolite, voire «extraordinaire» de la naissance d'une seule et même grossesse de deux enfants et parfois plus. Et c'est ce caractère non habituel et difficilement explicable du mystère qui entoure la conception des jumeaux qui amène le négro-africain à déifier ou plutôt à diviniser ces êtres surnaturels dotés d'un certain pouvoir. C'est pourquoi dans les sociétés traditionnelles africaines, les jumeaux sont souvent invoqués comme une puissance bénéfique.
Mais, dans notre pays, ces jumeaux sont le plus souvent maltraités. Lui-même jumeau, Alassane Bah en a pris conscience. D’où la création de son Association «Mafla» dont le siège se trouve au quartier Sabalibougou, près de la Maison des femmes et de l’enfant, côté Sud à 100 mètres, Rue 266, porte 17 à Bamako. Et pour réussir les objectifs qu’il s’est fixé en vue de porter assistance à cette couche fragile (les jumeaux), il entend établir un partenariat fructueux avec d’autres structures œuvrant dans la protection des enfants.
À noter que l’Association «Mafla» ambitionne de prendre en charge certains besoins vitaux des enfants comme l’état civil, la scolarisation, les soins de santé primaires, la nutrition, l’orientation et l’insertion socio-professionnelle des mères des jumeaux.
Bruno E. LOMA