Qui viendra sauver le Mali du bourbier politico-militaire dans lequel il est empêtré depuis des mois ? Il y a quelques semaines de cela, quelques analystes politiques se risquaient à des projections, eu égard à l`intervention qui semblait se profiler à l`horizon. Puis patatra ! Tout a fini en eau de boudin.
Comme un seul homme, la Communauté internationale, terme consacré qui désigne en fait les plus forts du monde, a commencé à faire la guerre à reculons.
C`est d`abord le représentant spécial de l`ONU, Romano Prodi, qui a fixé l`échéance d`une hypothétique guerre contre les djiadistes du Nord-Mali à septembre 2013 ; puis son patron himself, Ban Ki-Moon, qui s`y est mis en repoussant aux calendes onusiennes toute intervention. Leurs arguments ? Il faut continuer la négociation, car la guerre n`est pas la solution dans le septentrion de l`ex-Soudan français.
Du surplace en fait et même un recul, puisque depuis l`officialisation par les armes des velléités indépendantistes du MNLA, et surtout la mise sous tutelle salafiste de ce Nord, on ne faisait que négocier. Rien que !
Au nombre des partisans de cette méthode figuraient l`Algérie et surtout le médiateur régional, Blaise Compaoré, qui peinait d`ailleurs à en faire accepter le principe par tous les protagonistes ; une position qui pouvait être interprétée comme une bienveillance face à coupeurs de mains et ces pères fouettards moyennâgeux.
Bref, avec le recul et le revirement à 180° de ceux-là même qui devaient apporter aide et assistance logistique à la MICEMA, on est obligé de se rendre compte que le président burkinabè a eu le nez creux, en cultivant la circonspection face à une descente musclée au nord du Mali. En partie seulement, car nul ne sait comment l`imbroglio malien finira. Peut-être que la suite pourrait lui donner tort. Actuellement, en tout cas, c`est l`embrouille totale.
On comprend aisément l`agacement du président tchadien, Idrissa Déby Itno, qui, le 5 décembre dernier, après un tête-à-tête avec Hollande à l`Elysée, a parlé de situation confuse au sujet du Mali :
en effet, alors que concomitamment à Ouaga et Alger, les négociations se poursuivent, des voix se font entendre pour l`option militaire ; alors que Blaise Compaoré réussissait à asseoir autour d`une même table MNLA-ANSAR DINE et pouvoir malien, son homologue ivoirien et président en exercice de la CEDEAO pressait l`ONU de voter une résolution pour la solution de la force.
Certes, cette position, quasi invariable, d`Alassane Ouattara depuis le début des hostilités au Mali se comprend dans une certaine mesure, mais en exigeant cet oukase onusien, ne condamne-t-il pas le médiateur attitré de l`institution régionale à un travail de Sisyphe ? En exigeant ce parapluie onusien avant le premier trimestre 2013 pour pouvoir chasser les katiba hors de Gao et autres localités nordistes alors que l`heure est à la négociation si on s`en tient à la position onusienne, ADO jette le flou entier sur une situation déjà alambiquée. L`embrouillamini devient chaque jour inextricable au pays de Modibo Kéita.