Pour l’instant, des groupes armés n’ont fait que se donner en spectacle à la faveur de la mise en place du comité de suivi de l’accord d’Alger.
Les travaux sont suspendus bien que tout le monde était présent aux réunions: les diplomates occidentaux, la partie malienne et les groupes armés. Mais entre l’hôtel Radisson Blue et les conclaves, la CMA semble faire la fête sur fond de surenchères et de manœuvres, dans le seul but d’être mieux servie à table.
C’est le partage du pouvoir qui risque de rendre la situation plus compliquée pour la médiation internationale. En effet, Ibrahim Ould Sidati, cadre du MAA dissident, ne s’amusait pas en déclarant à la presse que la CMA veut avoir des ministères stratégiques comme ceux de la Défense, des Finances ou Affaires étrangères.
Peu après Ould Sidati, qui a signé l’accord de paix au non de la CMA, un autre membre de la rébellion s’est fendu de commentaires sur la nécessité d’attribuer au moins 40% des postes de responsabilité aux régions du nord. Justificatif, selon cet ex rebelle : l’accord d’Alger.
Ces déclarations présagent de vives tensions autour de la reprise des travaux du comité de suivi de l’accord prévue pour le 20 juillet. Si le gouvernement n’a pas pipé mot de ces réclamations maximalistes de la CMA, il sait qu’il aura fort à faire dans les coulisses pour les rejeter.
Obligatoirement, il faudra accorder aux rebelles des prébendes pour avoir la paix souhaitée par tous. Mais si jamais il faisait trop de concessions à l’ancienne rébellion, le gouvernement pourrait avoir sur le dos la majeure partie de la population du pays.
Les déclarations revendicatives de la CMA cachent une autre guerre, celle que la rébellion mène contre les milices d’autodéfense. C’est dans ce contexte que les groupes armés revendiquent des milliers de combattants qu’il faudra recaser soit dans l’armée, soit dans d’autres secteurs.
Hormis les chefs des mouvements rebelles, les postes à pourvoir doivent également revenir à des figures de l’autodéfense. Mais ces derniers sont jusqu’ici réservés sur la question du partage des pouvoirs dans le cadre de la réconciliation nationale. L’intégration de leurs combattants dans les forces armées et de défense ne devrait pas être un problème dans l’opinion nationale qui est acquise à leur cause.
Toutes les surenchères de la CMA se font sous le regard amusé des diplomates siégeant au sein du comité de suivi. Toutefois, leur rôle reste l’observation de la police des tractations. Mais les appétits étant aiguisés, ces diplomates seront parfois amenés à rappeler l’une des parties à la raison. C’est à croire que la quête de la paix est devenue un banquet où chacun veut être mieux servi.
Soumaila T. Diarra