Dans le souci d’attirer l’attention des autorités et des partenaires sur la nécessité de prendre en compte l’intérêt des populations du Sud du Mali dans la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation nationale, le Collectif des Jeunes pour l’Equité Nord-Sud (CJENS) a organisé une conférence-débats, samedi dernier, à la Maison de la presse. Cette conférence était animée par son président, Mamadou Sidibé et par Mamadou Konaté, un autre responsable dudit collectif.
Pour le collectif, l’application de cet accord doit tenir compte de l’équilibre « Nord-Sud » pour éviter toute menace sur l’unité nationale.
Dans son intervention, son président Mamadou Sidibé a indiqué que la paix et la sécurité sont les fondements de tout développement. Mais, la signature de l’Accord a engendré une situation de chaos généralisé. De la date de la signature à nos jours, plusieurs victimes d’attaques sont à déplorer, a-t-il laissé entendre.
A l’en croire, les questions de défense et sécurité édictées au chapitre 7 (article 17-20) dudit accord semblent inopérantes face aux atrocités vécues par les populations.
Mamadou Sidibé s’est prononcé sur les dispositions arrêtées par les chapitres 9 et 10 par rapport au redéploiement et à la réorganisation des forces armées et de sécurité. Selon lui, dans sa phase intégration-Insertion-Réinsertion ou Réintégration dans la fonction publique de l’Etat et des collectivités territoriales, ainsi que dans les forces armées et de sécurité, le même traitement doit être réservé aux régions du nord comme à celles du Sud.
Mamadou Konaté pour sa part a mis l’accent sur l’insécurité dans le pays tout en citant les localités attaquées depuis le début du mois d’août.
Selon lui, plus d’une trentaine de soldats et civils ont été tués depuis le début du mois d’août.
A l’en croire, l’insécurité est telle que bon nombre de personnes ne se promènent plus nuitamment, les commerces ferment plus tôt que d’habitude et les frustrations par rapport à l’insatisfaction des attentes augmentent de jour en jour.
« La mauvaise gouvernance est la raison principale de ce que nous vivons aujourd’hui et elle ne date pas d’aujourd’hui. Le Nord du pays a été pendant longtemps presque démilitarisé. », regrette-t-il. Avant de signaler les mauvaises conditions de vie et de travail des soldats, notamment leur salaire, leur formation et le manque d’équipements adéquats.
« Le collectif est convaincu que l’exclusion de la jeunesse majoritaire et pacifique malienne dans le processus d’intégration et d’insertion dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix pourrait engendrer des conséquences incalculables. », prévient-il. Avant d’ajouter que l’intégration des jeunes majoritaires et pacifiques en même temps que leurs frères de la rébellion ne serait qu’un juste équilibre social.
C’est pourquoi, il demande au gouvernement d’être équitable entre les régions du nord et du sud dans le processus d’intégration, réintégration, d’insertion et de réinsertion.
A noter que le collectif situe ses actions sur trois principaux axes notamment l’insécurité, la mauvaise gouvernance et l’équité entre les différentes régions du pays.
Dans ses activités, le Collectif interpelle le gouvernement malien à prendre toutes les mesures nécessaires à la sécurisation des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire national. Il interpelle également le gouvernement à servir le peuple et non se servir. Aussi à faire preuve d’équité, à respecter et à faire respecter l’intérêt des régions du Sud du Mali dans le processus de mise en œuvre de l’Accord définitif pour la paix et la réconciliation nationale. Il s’engage aussi à lutter pour que la justice sociale devienne le socle de notre République. Pour ce faire, le collectif s’engage à tirer la sonnette d’alarme à chaque fois que cela sera nécessaire, à veiller sur l’intérêt collectif au détriment de l’intérêt individuel. Enfin, le collectif se donnera les moyens d’organiser les jeunes en acteurs légitimes pour la prise en charge de décisions publiques équitables.
Fily Sissoko