Moins de deux(2) mois après la signature de l’accord de paix, à la fois par le Gouvernement central et les mouvements armés, des protagonistes qui ont repris les hostilités ces derniers temps, le processus de mise en œuvre des accords de paix, à travers les travers les travaux du comité de suivi, tombe dans l’impasse.
A qui la faute ? Voilà la question qui taraude le malien lambda, même si elle n’épargne aucun des deux camps à savoir : la Plate-forme et la CMA. Tous se rejettent mutuellement la responsabilité. Mais on n’a pas fini de réfléchir à la réparation des dégâts, donc de la situation des vraies responsabilités, que voilà la CMA confondre vitesse et précipitation, en suspendant sa participation aux travaux du comité de suivi, arguant le refus du retrait des forces militaires de la Plate forme d’Anefis, une localité proche de Kidal. Laquelle a été reprise aux mains de la CMA au prix d’intenses combats.
Il suffit juste de faire peur à celui qui avait envie de prendre le large, dit l’adage.
Au lieu de travailler avec le gouvernement, partenaire central de la mise en œuvre de l’accord de paix, à trouver solutions à brusque reprise des hostilités, donc au retour de la sérénité, la CMA a menacé
avant de claquer la porte des travaux du Comité qui se tenaient ici à Bamako. La coordination des mouvements avait-elle envie de remettre en cause le gigantesque travail abattu jusqu’ici ? Elle ne s’y prendrait pas autrement, dès lors qu’elle avait la latitude de saisir la médiation pour un règlement tout en poursuivant le travail entamé avec le pouvoir central. Que non, elle est partie ! Pire, lundi soir, sur les antennes de la Voix d’Amérique, le supposé porte parole du MNLA, une des composantes de la coordination, ce leader que personne ne reconnaît officiellement, même pas par ceux au nom desquels il prend la parole à tort et à travers, profite de la situation de
désordre pour se fendre dans d’incendiaires déclarations. Sur les antennes de cette radio, Moussa Ag Assarid, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a fustigé l’accord avant d’annoncer la radicalisation du mouvement au nom duquel, il se revendique. Le lui a-t-on demandé ?
N’ayant jamais participé à rien, du paraphe de l’accord à sa signature proprement dite, qu’est ce que le MNLA attend pour le désavouer ? Loin de donner raison à qui que ce soit, la CMA aurait à notre humble avis poursuivre les travaux en cours tout en demandant des comptes. Mais non, elle se braque, menace et suspend sa participation aux travaux du comité de suivi. Une grande gêne à la fois pour le président de la république, son gouvernement et l’ensemble du peuple malien, mais aussi pour la médiation algérienne. Considère-t-elle Anefis comme un territoire lui appartenant, donc en dehors du Mali ? Puisqu’elle exige le retrait de la Plate forme de cette partie du territoire, exigence à l’origine de son retrait. Toute la question est là !
Mais pourquoi s’en prendre au pouvoir central ?
De la grande confrontation militaire du 21 mai à ce jour, qui a levé le petit doigt pour demander ou exiger le retrait du MNLA de Kidal après le carnage et l’occupation des locaux de l’administration
centrale de cette localité ? Aujourd’hui, avec la raclée infligée aux forces de la CMA, on va jusqu’à faire de Bamako, non pas la solution mais le problème. Où sommes-nous donc, et qui cherche quoi dans notre pays ? En tous les cas, le gouvernement du Mali, dans son communiqué officiel de la nuit de lundi à mardi, est clair comme l’eau de roche.
Il reste serein et continue à condamner avec la dernière rigueur tous les actes, ou toutes velléités visant à compromettre le succès du processus de paix et s’étonne que les différentes condamnations de la violation de l’Accord ou de la cessation des hostilités ne permettent pas d’engager des actions concrètes, susceptibles d’alléger les souffrances des populations. Prenant connaissance de la déclaration de l’une des parties signataires, à savoir la suspension de sa participation aux travaux du comité de suivi de l’accord, le gouvernement du Mali l’interprète comme une décision qui constitue une entrave à la restauration de la paix. Le Gouvernement du Mali, toujours selon le contenu de son communiqué, estime que les motifs d’une telle décision doivent faire l’objet d’échanges entre les parties prenantes sans pouvoir justifier en aucune façon la rupture du processus. A cet égard, le Gouvernement apprécie la position de l’équipe de médiation, celle qui consiste à s’engager pleinement dans la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord et à poursuivre ses travaux en conséquence. Il (Le Gouvernement de la République du Mali), a lancé un appel aux deux signataires aujourd’hui en conflit pour qu’ils considèrent que la réussite de l’œuvre de restauration de la paix relève d’abord de la responsabilité des Maliens. Le Gouvernement les invite à poursuivre un dialogue sincère afin de permettre à notre pays de répondre à l’attente des populations maliennes de continuer à bénéficier de la confiance et de l’accompagnement de la communauté internationale. Mais au-delà de tout ce que nous sommes à même de savoir, nous sommes en droit de nous interroger sur l’avenir même de notre pays avec cette ritournelle. À savoir, qui a intérêt à ce que nous n’avançons pas ?
Sory de Motti