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Affaire kidal II: chantage sur fond de parti pris
Publié le vendredi 28 aout 2015  |  Info Matin
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© Autre presse par DR
Le Représentant Spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSMA, M. Mongi Hamdi, a été reçu par le Président IBK.
Bamako, le 3 mars 2015 Le Représentant Spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSMA, M. Mongi Hamdi, a été reçu par le Président de la République du Mali, Son Excellence M. Ibrahim Boubacar Keita.




Deux parties en conflit, deux exigences, un jugement de Salomon. La CMA exige le retrait de la Plateforme d’Anefis. La Plateforme exige le désarmement et le cantonnement de la CMA ainsi que le redéploiement de l’armée dans le Nord y compris à Kidal. La Minusma demande la fin des affrontements et le retour aux positions d’avant le 15 août, c’est-à-dire avant la prise d’Anefis.
La philharmonique est rodée et ne trompe personne ! Chaque fois que les petits protégés de la Communauté internationale sont en difficulté sur le terrain, c’est une profusion de condamnation de la violation de la cessation des hostilités et une condescendante exigence au retour aux positions d’avant les affrontements. Comme ce fut le cas en janvier dernier lors de la prise de Ménaka par les forces patriotiques harcelées et attaquées par les forces réactionnaires du MNLA qui occupaient la ville. Et comme dans ce cas, la Minusma s’est encore empressée d’établir, de connivence avec les séparatistes sans en référer aux autres parties (le gouvernement et la Plateforme), une zone de sécurité vite dénoncer par tout le monde.
Tél. dans une partition rodée, la Minusma a établi, au mépris de la souveraineté du Mali, une zone de sécurité autour de Kidal et conditionne sa levée au retrait des forces patriotiques d’Anefis et le retour à leurs positions d’avant les affrontements.
Face à la fermeté du gouvernement quant au respect par la force onusienne de sa neutralité et du traitement équitable envers toutes les populations maliennes, la Médiation élargie vient à la rescousse de la Minusma pour tenter d’arrondir les angles, à travers des rencontres avec toutes les parties. Mais, en fait de pompier, la Médiation embouche la même trompette que la Minusma à laquelle elle apporte son soutien sur fond de chantage.

En effet, comme toute solution, outre la redondante « la nécessité du strict respect des engagements souscrits dans l’Accord de Paix, particulièrement ceux relatifs à la cessation des hostilités », la Médiation internationale « demande instamment aux parties concernées à retourner aux positions qu’elles occupaient à la date du 20 juin 2015 et à poursuivre la mise en œuvre des mesures de confiance, notamment la libération des personnes détenues à l’occasion de ces événements ». Avant d’avertir « que toute atteinte à l’intégrité de la Mission et de son personnel constitue une grave violation du droit international ».

De quoi a-t-on peur ? Que les Maliens s’en prennent aux étrangers venus les aider même si ces derniers trichent notoirement avec eux ? Non, notre peuple est issu d’une nation civilisée qui a le sens de l’honneur et de l’hospitalité. Il est un peuple pacifique, mais sûrement pas naïf. Il attendait et attend toujours de ses amis plus d’aide, du respect de sa souveraineté, de la droiture et de l’équité envers toutes ces communautés. Mais hélas, mille fois hélas !
Les Maliens n’ont pas vu et senti la Minusma préoccupée pour la protection des populations civiles voilà quelques semaines (15 juillet) au point d’ériger une zone de sécurité quand, à la suite d’affrontements dits intercommunautaires, une douzaine de personnes trouvait la mort dans la Commune de Mondoro. Toutes choses qui donnent le sentiment légitime au Malien que la Minusma est là pour les Ifoghas et les alliés et non pour toutes les autres communautés du Mali.
Complaisance et parti pris ? En tout cas, l’établissement par la Minusma d’une zone de sécurité autour de Kidal est perçu par tous les observateurs nationaux et étrangers, de bonne foi, comme un bouclier protecteur en faveur des séparatistes non repentis et l’exigence par elle du retrait des forces patriotiques d’Anefiss vient en appui aux desiderata de la CMA qui a perdu cette position à l’issue d’un affrontement où elle était la première à attaquer.

Est-ce pour satisfaire cette exigence que la Minusma, doublée par la Médiation internationale, a organisé, avant-hier, dimanche 23 août 2015, une réunion de crise regroupant les autorités maliennes et les différents groupes armés du nord du pays. Réunion à l’issue de laquelle la CMA annonce gèle provisoirement de sa participation au Comité de suivi de l’Accord ?
Le représentant de la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Sidi Brahim Ould Sidati annonce : « Nous venons de rencontrer la médiation internationale au siège de la mission de l’ONU au Mali. Jusqu’à ce que les groupes de la plateforme quittent la ville d’Anéfis, nous suspendons notre participation aux travaux du comité de suivi des accords d’Alger ». Et, le porte-parole de la CMA, Almou Ag Mohamed tente de noyer le poisson : « Pour le moment, tant qu’il n’y a pas un règlement correct, juste et équitable par les garants de l’accord et la médiation, de la situation qui prévaut sur le terrain, nous ne pouvons pas envisager de continuer à faire comme si de rien n’était ».

En annonçant la suspension de sa participation aux travaux du Comité de suivi de l’Accord « jusqu’à ce que les groupes de la plateforme quittent la ville d’Anéfis », la Coordination des Mouvements de l’Azawad use d’une stratégie bien connue et habituelle usitée par elle : le chantage à la reprise des hostilités. Sauf que présentement le rapport de forces sur le terrain rend moins crédibles toute arrogance et toute initiative armée de sa part notamment depuis la déculottée qu’elle a subie récemment face aux forces patriotiques qui étaient à deux doigts de prendre Kidal après Anefis.
Face à l’indécent chantage, comme réponse du berger à la bergère, la Plateforme qui ne s’est jamais opposée à la cessation des hostilités rejette le diktat de la Minusma quant au “retour aux positions antérieures” : “Nous ne quitterons pas Anefis au profit de la CMA (en tout cas) pas avant que le processus de désarmement et de cantonnement de tous les groupes armés prévu par l’accord de paix ne soit enclenché “.

Si la protection des populations civiles entre dans la mission de la mission onusienne, les préalables posés pour la levée de la zone de sécurité qu’elle a unilatéralement instaurée, à savoir la cessation des combats et le retour aux positions antérieures aux derniers affrontements procèdent plus que d’un jugement de Salomon, ils trinquent avec un parti pris avec les Maliens et toutes les bonnes consciences ont et auront du mal s’habituer.

En ne prenant pas en compte les protestations amicales et l’appel à l’équité à l’égard de l’ensemble des populations maliennes et en s’entêtant à faire déloger d’Anefis les forces patriotiques pour satisfaire les caprices de la CMA, la MINUSMA, dans sa connivence établie, ne sort-elle pas de son mandat ? En tout cas, elle conforte une partie dans son chantage sur la paix signée par elle le 20 juin dernier. Or, au regard de ce qui se passe sur le terrain, et dans l’opinion malienne, il n’est pas évident qu’Anefis soit une pilule douce à avaler comme ce fut le cas de Ménaka.
À bon entendeur…
Par Sambi Touré
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