En instaurant une zone d’exclusion, pardon de sécurité, autour de la ville de Kidal où n’y entrent désormais que les membres de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et alliés, la Minusma risque de légaliser les exactions contre une partie de cette population, celle brimée par les autres pour ne pas les soutenir dans l’aventure séparatiste.
Depuis les récents affrontements meurtriers dans la région de Kidal entre les éléments de la CMA et ceux de la Plateforme, et bien avant, les échos venant de ces zones de conflit faisaient état de traitements indignes et inhumains, infligés à des personnes qui refusent de se soumettre à l’autorité des maîtres des lieux.
D’ailleurs, selon des sources concordantes, c’est cette volonté de soumission de tous, avec son lot de maltraitance aggravée à l’encontre des autres, qui ne soufflent dans la même trompette, qui est à l’origine des violences du week-end dernier et qui ont connu leur point culminant le lundi dernier avec la prise d’Anefis par les éléments de la Plateforme.
Après les événements de lundi dernier et la mise en place de la zone de sécurité de la Minusma, dès le lendemain, on rapporte que deux personnes ont disparu à Kidal après avoir été enlevées par des éléments de la CMA dans le secteur de Tasik : Ibrahim ag Azibayat et Mohamed ag Teta. Aussi, rapporte-t-on, dans la ville de Kidal, certaines maisons sont fouillées et leurs locataires bastonnés impunément par des éléments armés de la CMA. Aujourd’hui, plusieurs personnes appartenant aux fractions Imghad sont persécutées dans la ville et ses environs, déplorent les mêmes sources.
Si rien n’est fait rapidement, la zone de sécurité, instaurée par la Minusma, risque d’apporter plus de garantie et de légalité à cette impunité d’un groupe contre les couches les plus faibles de la ville. En effet, dans leur volonté d’épuration tribale, les faucons de la CMA ne veulent voir, dans la région de Kidal, ni Ifoghas, ni alliés. Les autres communautés subissant leur diktat, sous la force des armes, et faisant objets de rançons quotidiennes. Or, à la lumière des dernières manifestations contre le détournement de l’aide dans la ville de Kidal, on comprend aisément que tout le monde, à Kidal, n’est pas sécessionniste.
Avec cette zone d’exclusion, qui interdit Kidal à tout autre groupe, dont la Plateforme et alliés ; la Minusma va servir de couverture à ses amis de la CMA pour exécuter tranquillement ce projet d’épuration tribale dont les pratiques abjectes sont en expérimentation, depuis de longs mois.
Déjà, avant les affrontements de lundi dernier, des témoignages faisaient état de l’instauration d’une loi à Kidal, sous contrôle de la CMA, depuis mai 2014, obligeant chaque transporteur à payer la somme de 30 000 francs CFA et chaque voyageur 2.000 FCFA. « Faute d’argent, il faut donner autre chose : de l’essence par exemple ou téléphone portable. À défaut, on est flagellé, comme au temps des djihadistes, par les rançonneurs de la CMA », ont rapporté des sources crédibles.
C’est pourquoi au-delà des condamnations qui n’ont aucun effet sur ces radicaux séparatistes, il est temps que la Communauté internationale, les défenseurs des droits de l’homme soient plus regardants sur l’intolérance et la volonté d’épuration tribale que pratiquent les faucons de la CMA dans les localités, sous leur contrôle, au vu et su de la Minusma.
PAR SIDI DA