Propos d’hier et d’aujourd’hui
En 2006, IBK, alors leader du Rpm et président de l’Assemblée nationale, déclarait une guerre fratricide au président Amadou Toumani Touré à cause de l’Accord d’Alger du 04 juillet. Sous sa signature, le Rpm en appelait même « à la vigilance de tous les patriotes, démocrates véritables et sincères de notre pays, pour dénoncer et se désolidariser d’un accord qui n’est, d’aucune manière, une garantie pour la sauvegarde de la paix dans le nord de notre pays ». Moins de dix ans après, IBK est rattrapé par la dure réalité de l’exercice de la magistrature suprême. Le « va-t-en-guerre » qu’il fut, est aujourd’hui devenu doux comme un agneau, trimbalé par les rebelles.
IBK a bouclé, le 4 septembre dernier, la deuxième année de son quinquennat. Pour marquer l’évènement, il a accordé une interview à l’Ortm et Africable, lors de laquelle il fut question du processus de paix en cours. Répondant à une question sur ledit processus et la lenteur dans la mise en œuvre de l’accord de paix, IBK affirme qu’il croit dans son âme que c’est seulement la vertu du dialogue qui permettra au pays de sortir de la crise. « Ma mission n’a jamais été la guerre, mais le dialogue et la paix… Depuis la signature de l’accord, les choses bougent, la mise en œuvre d’un accord n’est pas facile, mais nous sommes tous décidés à concrétiser ses engagements… Tout le monde est conscient qu’il faut hâter les choses », dit-il. De tels propos ne pouvaient que surprendre, d’autant plus le même IBK, il y a moins de dix, pourfendait un président, dont le seul tort fut d’accepter de négocier avec les rebelles.
Ce qu’IBK disait hier…
En 2006, le président ATT tend la main au médiateur algérien pour un Accord de paix avec les insurgés de Kidal. La promptitude dans le processus et le contenu du document intitulé "ACCORD D’ALGER POUR LA RESTAURATION DE LA PAIX, DE LA SECURITE ET DU DEVELOPPEMENT DANS LA REGION DE KIDAL" ont séduit tous les Maliens. Tous ou presque, sauf IBK, hanté par des discours et des positions va-t-en guerre. Pourtant, l’honorable député élu en commune IV était président de l’Assemblée nationale et son parti, le Rpm, participait au gouvernement. En effet, pendant que les déclarations de soutien et les félicitations à l’endroit du chef de l’Etat pleuvaient pour la signature de cet accord du 04 juillet, IBK est monté sur ses grands chevaux pour dénoncer cette initiative. Dans sa sortie, sous la forme d’une déclaration du Rpm signée de lui-meme, IBK a tout dit, ignorant certainement qu’il pouvait venir un jour aux commandes de l’Etat.
Dans cette déclaration, issue d’une réunion du Bpn-Rpm tenue à Sébénicoro le 12 juillet 2006, IBK se demande (lisez bien !) « Comment est-on passé de la gestion d’une mutinerie à une négociation sous l’égide d’un pays ami et frère, certes, mais nullement concerné par une affaire relevant exclusivement de la compétence militaire du Mali ? ».
Pour IBK, ATT n’agissait pas pour éviter la guerre, mais il a fui ses responsabilités. « Ne nous laissons pas abuser. Il y avait simplement des responsabilités à assumer et rien d’autre.
Traiter les problèmes aux véritables niveaux où ils se posent. C’est tout ! Les rodomontades n’y changent rien ! », peut-on lire dans la déclaration.
IBK : la parole s’envole, mais l’écrit reste
Au fur et à mesure qu’on avance dans cette déclaration, on se rend compte que IBK s’enfonçait encore plus dans des lignes qui allaient le rattraper quelques années plus tard.
La preuve : « Dans un préambule volontiers amnésique sur le contexte et les évènements du 23 Mai 2006, on apaise le peuple, on le trompe en affirmant la fidélité aux principes fondamentaux de la République. C’est trop facile, mais le contenu du document édifie, dès l’abord sur les abandons et la démission. Les mots sont aussi têtus que les faits. On dit que la parole s’envole, mais l’écrit reste. Chacun sait donc à quoi s’en tenir. Tous les principes sacro-saints d’égalité, de justice et de solidarité sont malmenés.
A terme, cet "Accord" pourrait desservir même ceux-là au profit desquels il est censé être signé.
Le peuple malien est UN et INDIVISIBLE. Il est dangereux pour la stabilité du pays et l’harmonie intercommunautaire, de donner à penser que telle communauté, ou telle région ou ethnie serait plus digne que d’autres de traitements au relent discriminatoire.
Cela expose la dite communauté elle-même à une stigmatisation dangereuse et inutile.
Tout le processus qui a conduit à "l’Accord" dit d’Alger s’est déroulé de façon monarchique. Le fait du prince n’est pas acceptable dans une démocratie. A moins que notre régime politique n’ait changé.
Nous pensons également que l’interpellation du Pacte National est totalement inappropriée en la circonstance. Aucune espèce d’amalgame n’est possible entre les dernières rébellions et la mutinerie du 23 Mai 2006.
Ceux qui ont pris les armes n’ont ni craint, ni hésité à prendre leurs responsabilités, toutes leurs responsabilités, face à un Etat dont ils savaient la grande faiblesse de l’Autorité.
Il restait au Gouvernement, pour peu, qu’il eût les mains libres et l’autorité assurée, à prendre les siennes. Hélas !
C’est en raison de tout ce qui précède que le Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali, au nom de l’ensemble de ses cadres et militants ne saurait apporter sa caution à un tel document.
Le Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali en appelle à la vigilance de tous les patriotes, démocrates véritables et sincères, de notre pays, pour dénoncer et se désolidariser d’un "Accord" qui n’est d’aucune manière une garantie pour la sauvegarde de la paix dans le nord de notre pays.
Le Bureau Politique National instruit à ses députés, divers élus et cadres en mission, d’user de toutes les voies démocratiques, notamment parlementaires, pour informer et édifier le peuple malien sur la signification réelle de ce qui a été signé à Alger, le 04 juillet 2006 en son nom ». Chers lecteurs, à vous d’en juger !
La Rédaction