La classe politique Malienne était en ébullition la semaine dernière. Partagée entre la confusion et la colère, elle a, pour la première fois, fait l’unanimité autour du report de la tenue de ces élections communales, régionales et du District de Bamako. Ces élections, considérées comme cruciales à cause de son caractère particulier, ne doivent pas être tenues sans la participation de l’ensemble des acteurs politiques, mais aussi et surtout dans n’importe quelles conditions, d’où cet appel au report des partis politiques, toutes tendances confondues. Quoi de plus beau pour une démocratie naissante comme la nôtre que le Dialogue et la concertation autour des questions d’intérêt national ? Le Ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, en se campant sur sa position dont il en fait une fixation reste inflexible. Il fait ici preuve d’un amateurisme politique, mais aussi et surtout semble affiché un mépris révoltant face à la classe politique dont il est lui-même si redevable.
De l’avènement de la démocratie en 91 à nos jours, le Mali avait toujours été cité en exemple comme modèle dans la sous-région tant l’alternance s’y déroulait sans coup férir et les grandes questions de la nation faisait l’objet de dialogue et de consensus de la classe politique. Ce fil du dialogue est-il rompu ? A-t-on intérêt à aller de contestations en affrontements comme c’est le cas dans la plus part des états africains ?
Les réponses à ces questions en appelleront d’autres comme la sauvegarde de l’unicité territoriale et le vivre ensemble dans la solidarité, l’entraide et la paix qui sont des valeurs séculaires du Mali. Le Ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, en faisant de la tenue de ces élections le 25 Octobre prochain une question d’honneur est en train de s’ériger en bourreau de l’accord de paix et de réconciliation, pourtant dernier espoir pour la résolution de la sempiternelle crise au Nord du Mali. Il passera ainsi être le pourfendeur de la concertation et du dialogue politique, toutes choses indispensables pour la bonne marche de la démocratie, surtout dans un pays où 80 % des électeurs restent des analphabètes.
Puisse le sentiment de patriotisme et celui de la préservation de l’intérêt supérieur de la Nation habiter M. Abdoulaye Idrissa Maiga. Les pays qu’il a cités en exemples lors de sa rencontre avec les élus tels que le Rwanda, le Burundi et la Lybie, qui en dépit de leurs crises auraient tenu des élections, ne sont pas des exemples pour le Mali. L’histoire retient que contrairement à bien des états africains est un pays où la nation a précédé l’Etat.
Nous sommes donc toujours quoi qu’il arrive une Nation-Etat qui a forgé son destin à la suite des conquêtes menées de hautes luttes par nos devanciers que le Président IBK aime si bien rappeler à tout bout de champ et dont les plus célèbres furent Soundiata Keita, Tiéba, Babemba, Askia Mohamed et Firhoun. Prière M. le ministre de ne pas faire de la tenue de ces élections une fixation sur le 25 Octobre pour sauvegarder la paix et la quiétude nationales. Vous y gagnerez en respectabilité et en notoriété pour l’honneur et le bonheur des maliens.