Décidément, les Maliens n’ont pas fini de voir certains hommes politiques avides de pouvoir se faire passer pour de vrais patriotes, sauveurs du bateau Mali que certains d’entre eux ont contribué, dans un passé récent, à détruire par leurs politiques et projets machiavéliques concoctés ailleurs. En profitant des événements dramatiques survenus à Gao pour se faire passer pour des saints et livrer le Régime à la vindicte populaire, l’Opposition républicaine et démocratique ne fait ni plus, ni moins qu’une tentative de récupération. Un mode opératoire qui reste malheureusement son sport favori pour redorer son blason aux yeux de l’opinion nationale.
Il fallait attendre un déclic quelque part. Et l’Opposition républicaine et démocratique a su bondir. Sur une occasion, celle du drame de Gao ayant occasionné la mort d’hommes et fait plusieurs blessés de manifestants, au cours d’une marche des jeunes de la Cité des Askia contre l’installation des autorités intérimaires.
Aphone depuis leur marche ratée du 21 mai dernier, à la suite de laquelle le pot aux roses a été découvert quant à leur intention réelle qui sous-tendait cette manifestation, ainsi que le scandale des factures d’eau et d’électricité de l’un de ses principaux leaders, l’Opposition a eu la matière : celle de la tuerie de Gao qu’elle pensait pouvoir utiliser à ses fins pour se remettre en scelle et bénéficier d’un écho favorable, d’une certaine cote de popularité au sein de l’opinion nationale. Voilà pourquoi, dans un communiqué rendu public, sur ces événements douloureux ayant endeuillé la Nation entière et provoqué des condamnations unanimes, ses leaders se cachent derrière un semblant de compassion pour s’adonner non seulement à une véritable diatribe contre le régime, mais aussi une récupération politique d’un tel événement qui, comme on le voit sous d’autres cieux, devait être une occasion de communion pour une pensée pieuse envers les morts et les familles endeuillées.
« Le sang a, de nouveau, coulé à Gao ce 12 juillet.
De jeunes manifestants ont été fauchés. Par des balles tirées par des forces de l’ordre maliennes.
Le bilan est lourd : au moins trois morts, 32 blessés et une vingtaine d’arrestations parmi les leaders des jeunes manifestants. (…) L’opposition tient le Gouvernement seul responsable des morts et des blessés de ce 12 juillet. C’est bien l’aveuglement, l’entêtement et l’autisme du Gouvernement qui sont à l’origine de la tension et des morts de Gao… » Voilà des propos qui, au lieu de prôner l’apaisement dans un tel contexte d’excitation, contribuent malheureusement à attiser la colère des jeunes contre le Gouvernement et l’administration locale.
Personne ne dénie aux leaders et responsables de l’Opposition leur bon droit de critique ou de condamnation de la situation regrettable qui est survenue ces derniers jours dans la Cité des Askia. Une situation gravissime qui a d’ailleurs amené le Gouvernement à dépêcher une mission de haut niveau dans la ville pour comprendre réellement ce qui s’est passé et envisager des réponses appropriées.
Mais la manière avec laquelle l’Opposition républicaine et démocratique fait de ce drame un « fonds de commerce politique » doublé d’un amalgame pour s’attirer la sympathie de l’opinion nationale est autant condamnable.
En mettant en avant le fait que « le passage en force de la loi sur les autorités intérimaires, la violation de la Constitution, le piétinement par le Gouvernement de la loi à peine votée, la gestion chaotique de la crise du Nord » sont les conséquences de l’indignation et la colère légitimes des populations de Gao qui ont décidé les faire connaître par leur marche du mardi dernier, l’Opposition se rend coupable d’une manipulation politique. Cela, d’autant plus que cette mise en place des autorités intérimaires qui est une des exigences de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, n’a jamais été contestée, dans la forme, par les jeunes de Gao, encore moins ceux des autres régions du pays. Mais ce que cette frange de la population n’accepte pas, c’est le fait que ceux qu’ils désignent comme leurs bourreaux d’hier, au moment de l’occupation djihadiste, reviennent à la tête de ces autorités intérimaires. Toute chose qui n’a rien à voir avec leur refus catégorique de la mise en place de ces instances qui doivent prendre le relais des conseils communaux dans les régions du nord. En tout cas, s’il a y a une résistance farouche à l’installation de ces autorités intérimaires, ce n’est pas de la part des jeunes de Gao ; mais des politiques tapis dans l’ombre, lesquels sont à la manœuvre pour que cette volonté politique ne soit pas une réalité. Or, l’on se souviendra que cette même opposition était à la baguette pour empêcher le vote et la promulgation de la loi sur ces mêmes autorités intérimaires avant de mordre la poussière devant la Cour constitutionnelle.
En tout état de cause, l’Opposition n’est pas à son coup d’essai de tentative de récupération politique d’une situation dramatique à son profit.
L’on se souvient que l’année dernière, lorsque les soldats de la Minusma ouvraient le feu sur les manifestants de la même région qui s’opposaient à la conclusion d’un accord sur la création d’une « zone tampon » entre Anéfis et Almoustarat, l’Opposition a eu la même démarche en tentant de se servir de la mort des trois personnes pour enflammer l’opinion nationale.
Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé, Abdoulaye Amadou Diallo, Iba N’Diaye et Yaya Coulibaly ont débarqué à Gao, pour fustiger l’opinion internationale et essayer de gagner le cœur des populations de Gao. Comme IBK et les émissaires du Gouvernement, ils condamnent les évènements douloureux de Gao, louent la bravoure des femmes et des jeunes de la Cité des Askia, rappellent les missions de la Minusma et promettent de s’investir pour faire la lumière et faire entendre le cri de cœur des populations du Nord.
Autre fait, autre tentative de récupération politique : Le douloureux épisode des 13 gardes tués à Gourma Rharous il y a quelques mois lequel a fait couler beaucoup d’encre et de salive au point que c’est le Gouvernement, à travers son ministre porte-parole de l’époque, qui est sorti pour dénoncer la manœuvre visant à se servir de la mort de nos soldats à des fins politiciennes.
Par Mohamed D. DIAWARA