Elle a vulgarisé la technique de pisciculture en bachors sol et de maraîchage hors sol au Mali
Les Maliennes ont célébré, mercredi dernier, à l’instar de la communauté internationale, la 23ème édition de la Journée internationale de la femme. La commémoration solennelle était placée sous le thème de « l’autonomisation économique des femmes dans un monde de travail en pleine évolution ».
Au plan national, le pouvoir politique et administratif a abattu d‘énormes efforts pour que la parité genre devienne une réalité sur le front du travail et sur le plan de l’occupation des postes électifs. En effet le poids démographique des Maliennes ne correspond pas à leur poids dans la prise des décisions pour bien gérer le pays.
Pour inverser la tendance plusieurs pionnières ont occupé les créneaux de l’économie, de l’agriculture, du monde des affaires. Dans le lot nous vous éclairons sur le parcours de la battante Mme Sirébara Fatoumata Diallo, paysanne moderne qui creuse tous les jours des sillons utiles dans le secteur du développement rural. Âgée de 56, l’ancienne directrice d’une agence immobilière a démissionné après dix ans de service, pour mieux s’investir dans l’organisation du monde rural.
Membre fondateur de l’Association des pêcheurs résidents au Mali (APRAM), elle s’est lancée dans la production, la vente et la transformation du poisson sous toutes les formes. Le souci de la performance l’a poussée à créer l’Union nationale des femmes de la filière poisson.
La détermination de cette pionnière est sans faille. Ces propos le confirment : « je suis issue du monde rural, d’une mère bozo et d’un mari pêcheur. J’ai été touchée par le côté analphabétisme de cette couche vulnérable, les pêcheurs. J’ai décidé de les aider à mieux s’organiser », a-t-elle expliqué. En 2005, Mme Sirébara Fatoumata Diallo crée la coopérative « femme en action ». Elle démarre ses activités en achetant à crédit du poisson, assisté par son mari, au campement de pêche à Yanfolila. La marchandise est revendue à Bamako. Progressivement, elle entre dans la transformation. Son premier produit est le bouillon de poisson à base de poisson séché et sans intrant chimique. « Cette innovation m’a boostée », reconnaît Mme Sirébara.
Elle vulgarisera la technique de la pisciculture en bac hors sol et du maraîchage hors sol au Mali. « Face à la raréfaction du poisson dans l’eau, le gouvernement a eu l’initiative de monter des programmes de pisciculture. J’ai constaté que dans cette activité les femmes et les jeunes sont marginalisés, parce qu’ils n’ont ni l’espace, ni les moyens financiers pour exercer. J’ai vulgarisé la pisciculture en bac hors sol. Ainsi tout le monde peut pratiquer cette pisciculture. La technique d’élevage en bac hors sol fait l’affaire de tous ceux qui le désirent et qui n’ont pas les moyens d’élever le poisson à la maison, dans les grandes villes. L’activité génère des revenus substantiels », a-t-elle expliqué.
La présidente de l’Union nationale des femmes agricultrices du Mali et non moins présidente de l’Union nationale des Sociétés Coopératives des Femmes agricultrices du Mali forme les femmes et les installe dans le créneau du maraîchage hors sol. Les formations, qu’elle dispense, s’appuient sur l’expérience capitalisée lors des réunions d’échanges et de voyages.
CRéATION D’EMPLOIS. Le programme d’activités de Mme Sirébara a évolué. Elle a créé le centre de formation multifonctionnelle pour un développement durable dénommé « la femme rurale ». Ce centre s’occupe de formation, de production et de transformation agro- alimentaire.
Mme Sirébara contribue à créer des emplois. Elle a offert un contrat de travail à de nombreux jeunes des deux sexes payés à la tâche. Elle ambitionne de créer un centre professionnel moderne. Pour ce faire elle compte sur l’appui des partenaires.
Malgré son bilan éloquent, Mme Sirébara fait face à des difficultés financières pour recruter plus de personnel. Elle a besoin d’équipements modernes de transport des alevins et du poison arrivé à maturité. Elle souhaite avoir accès à un financement plus important pour bien former son personnel, s’approvisionner en emballage attrayant et normalisé, pour que son entreprise soit compétitive sur les marchés sous-régionaux, internationaux. Par le passé, elle a bénéficié du Fonds d’appui à l’autonomisation de la femme et à l’épanouissement de l’enfant (FAFE) Mme Sirébara a reçu plusieurs distinctions honorifiques qui sanctionnent sa passion pour l’univers rural, son engagement en faveur de l’autonomisation des femmes. En 2012, elle reçoit le Prix Malien de la Qualité 2012 qui récompense le bouillon de poisson. Elle avait remporté le 2è prix du Salon de l’innovation et de la technologie en 2011, le prix de l’innovation en 2014, le prix de la qualité 2015, le prix de la meilleure femme transformatrice du Mali en janvier 2016. Depuis octobre 2015, elle est détentrice du Mérite décerné à la journée internationale de la femme rurale 20è édition pour sa participation active à l’émergence de la femme rurale.
Elle a reçu un diplôme de reconnaissance décerné à la 15e édition de la Journée internationale de la femme rurale, pour son engagement en faveur de la promotion de la femme rurale. Mme Séribara est chevalier de l’ordre du mérite agricole en 2009. Cette mère de quatre enfants concilie travail et famille. « Il suffit d’associer la famille à ce que vous faites. Ne jamais travailler seul, il faut faire aimer à votre famille ce que vous exercez comme métier ou profession. Aujourd’hui, son mari, ses enfants la remplacent quand elle n’est pas présente.
Actuellement notre interlocutrice est vice -présidente des femmes rurales du Mali, directrice du centre de formation multifonctionnelle pour un développement durable « la femme rurale », présidente de la coopérative « femme en action » de Kalaban Coro plateau, vice présidente de la Fédération nationale des femmes rurales (FENAFER), secrétaire générale de l’Union africaine des Femmes agricultrices (UAFA). Elle bénéficie de l’appui conseil de la direction nationale et régionale de la pêche
A. D. SISSOKO
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Vente de l’eau chaude devant les hôpitaux d’Abidjan : ça rapporte gros !
Le commerce de l’eau chaude pour les pensionnaires des hôpitaux et centres de santé d’Abidjan est un secteur, certes innovant, mais qui »rapporte gros » aux acteurs, principalement, des femmes.
Mme Solange Yao, la cinquantaine, installée sur un terrain vague jouxtant le Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Yopougon à l’ouest d’Abidjan, a pour tout matériel de travail, une barrique de 1000 litres, des fûts de 10 à 30 litres, des seaux de 5 litres et du bois de chauffe.
Sa journée de travail commence chaque jour, du lundi au dimanche, à 6h00 (heure locale et GMT), parfois » plus tôt », précise-t-elle, pour prendre fin à 19h00, heure locale et Gmt.
» Je suis installée ici depuis plus d’un an », raconte Mme Yao dont l’espace est pris d’assaut les matins par les parents des malades hospitalisés dans l’établissement sanitaire pour »s’approvisionner en eau chaude pour nos malades », souligne Euphrasie Konaté, une cliente venue »acheter de l’eau chaude pour le bain » de son époux interné au CHU.
Le seau d’eau de 5 l se négocie à 100F CFA. Elle en a commandé 2. »Nous habitons à Abobo (Nord d’Abidjan) et on ne peut pas aller tous les jours à la maison pour se ravitailler en eau chaude. C’est pourquoi je commande deux. L’un le matin et l’autre le soir », précise Mme Konaté dont l’époux est à son deuxième mois d’hospitalisation.
Pour la vendeuse Solange Yao »débordée » par la clientèle, ce secteur d’activité nourrit son »homme ». »Si ce n’était pas le cas, je ne serai pas ici encore. Je m’en sors bien », dit-elle, sans préciser ses revenus . Cependant, squattant un espace en location, elle »sollicite l’aide de l’Etat » pour développer cette activité avec l’acquisition de matériel pour »chauffer l’eau » de manière moderne.
Au CHU de Cocody, exploitant un espace de deux mètres carrés de surface, Mme Catherine Douho se dit »très satisfaite » de son activité de vendeuse d’eau chaude. » Je vends le seau à 150 FCFA, le bidon de 5 litres à 50F CFA », fixe -t-elle pour des gains journaliers de l’ordre de 8 à 9.000 F CFA.
»Après les dépenses qui se résument à l’achat de l’eau, du bois de chauffe », Mme Douho, mère d’une famille de trois enfants dont le père est au chômage depuis quatre ans, a un gain mensuel net de 170.000F CFA dans un pays où le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) s’élève à 60.000 FCFA.
Catherine Douho qui exerce ce »métier » depuis six ans, ne s’en plaint guère. » C’est avec cet argent que je scolarise mes enfants et assure le quotidien de la famille en attendant que mon époux ait du travail pour m’épauler » , espère -t-elle, dans un éclat de rires.
»Au-delà de l’autonomisation de la femme, cette activité de vendeuse d’eau chaude fait du bien. Car le plus souvent, la défaillance du système de chauffage d’eau dans ces hôpitaux ne facilite pas la tâche aux parents des malades. Ces femmes sont à encourager afin de les sortir de l’informel », conseille un médecin sous le couvert de l’anonymat.