Entre 2 et 5% des femmes connaissent plusieurs fausses couches consécutives. Quelles sont les causes de ces avortements spontanés ? Des traitements sont-ils possibles ? Explications.
Environ 1 grossesse confirmée sur 8 se termine par une fausse couche. La fausse couche désigne l’interruption spontanée de la grossesse, et plus exactement la mort fœtale, avant 22 semaines d’aménorrhée (SA). Une fausse couche est considérée comme précoce quand elle survient avant 12 SA. Problème de nidation, anomalie chromosomique… la plupart du temps, cet accident malheureux se produit de manière totalement fortuite et n’empêche pas le bon déroulement d’une grossesse future.
Mais parfois, il arrive qu’une femme connaisse plusieurs fausses couches successives. C’est le cas pour 2 à 5% des femmes. Elles font ce que l’on appelle des fausses couches à répétition (au moins 2 avortements spontanés successifs). À la douleur et la culpabilité, s’ajoute alors l’incompréhension. Pour autant, si ces expériences sont bouleversantes et frustrantes, il ne faut pas désespérer car elles se terminent bien souvent par un heureux événement. De plus, bien que cela reste très désagréable, faire plusieurs fausses couches n’est pas dangereux pour la santé. Il n’y a également pas plus de risques de complications lors des prochaines grossesses, ni de conséquences sur la fertilité.
Après deux fausses couches, un bilan médical complet…
À partir de deux fausses couches, un bilan complet est proposé afin de comprendre les mécanismes qui ont provoqué ces avortements spontanés.
Une anomalie chromosomique
La moitié des fausses couches à répétition sont liées à des anomalies chromosomiques. Cette anomalie peut être accidentelle lors de la fécondation, ou être portée par l’un des membres du couple. La conséquence : elle va entraîner la formation à répétition d’œufs anormaux. Un examen permet de rechercher ces anomalies : c’est le caryotype sanguin. L’analyse se résume à une prise de sang faite à chaque membre du couple. Le généticien va vérifier que le nombre de chromosomes correspond à la normalité, et surtout que leur composition est correcte.
Malformations de l’utérus
Parfois, l’anomalie se trouve au niveau de l’utérus. Utérus cloisonné (séparé par une cloison), bicorne (en deux parties), synéchies (accolement des deux faces de l'intérieur de l'utérus), endométriose (présence de morceaux d’endomètre en dehors de la cavité utérine)… ces malformations peuvent gêner l’implantation de l’œuf et entraîner un avortement spontané. Une échographie pelvienne permet de détecter ce type de problème. Pour compléter cet examen, le médecin peut prescrire une hystérographie ou hystéroscopie (radio de l’utérus et des trompes), afin de vérifier la qualité de la muqueuse de l’utérus.
Troubles de l’ovulation
Près de 15% des avortements spontanés sont liés à une insuffisance ovarienne. Ce trouble se traduit notamment par des ovulations de mauvaise qualité pouvant compromettre la grossesse.
Dérèglements hormonaux
De nombreux dérèglements hormonaux peuvent provoquer des fausses couches répétitives, comme par exemple une augmentation de la prolactine, un déficit en œstrogènes/progestérone, un problème de thyroïde… Pour détecter ces anomalies, un bilan hormonal doit être réalisé au 3e jour du cycle. Un dosage de la TSH est également nécessaire pour repérer un dérèglement thyroïdien.
Les problèmes immunologiques et thrombophiliques
Il arrive que les fausses couches aient une cause immunologique. Le système immunitaire de la mère produit des anticorps qui rejettent l’embryon. Quelquefois, c’est une maladie qui provoque l’interruption de la grossesse. La thrombophilie par exemple, entraîne la formation de petits caillots de sang à l’intérieur des vaisseaux.
Les anomalies liées aux hommes
En cas de fausses couches à répétition, l’homme doit lui aussi passer des examens. Grâce au spermogramme, le biologiste pourra examiner la qualité du sperme.
Fausses couches à répétition : quels traitements ?
En fonction des résultats, plusieurs traitements sont possibles. En cas d’anomalies génétiques, chromosomiques ou utérines, une fécondation in vitro est parfois proposée. Lorsqu’on décèle un dérèglement hormonal, un traitement à base d’hormones spécifiques prescrites à un certain moment du cycle permet bien souvent de régler le problème. Enfin, en l’absence de causes identifiées (ce qui arrive souvent), on donne à certaines femmes de l’aspirine : 75 mg par jour dès le début de la grossesse. Un anticoagulant, l’Héparine, est également prescrit. Enfin, dans tous les cas, les fausses couches à répétition nécessitent un accompagnement psychologique important.
Source: Femmescience.net
Avortement clandestin : un drame à éviter
L’avortement clandestin est considéré comme l’interruption volontaire de la grossesse. Il consiste à interrompre la grossesse avant son terme. Il a des conséquences lourdes sur la santé et la vie des femmes.
En effet, les complications sont plus fréquentes et plus graves chez les femmes qui mettent fin volontairement à la grossesse. L’avortement clandestin peut provoquer la mort. En effet, selon Docteur Drissa Sangaré, Gynécologue, les complications immédiates dans l’avortement clandestin sont : la mortalité maternelle, les hémorragies par déchirure du col, les perforations utérines et les viscérales.
Pour Dr. Sangaré, il existe aussi des complications tardives dans l’avortement volontaire qui sont très graves pour la vie des femmes. Il cite, entre autres, les troubles menstruels gênants, les rapports sexuels douloureux, la frigidité, la stérilité par l’endommagement de la muqueuse utérine ou l’atteinte des trompes, la grossesse extra-utérine, les infections entraînant l’endométrite. Et bien sûr, les atteintes psychologiques des femmes provoquées par l’avortement volontaire.
«En tant que médecin, je lance un appel à l’endroit de tous les parents de bien veiller sur l’éducation des jeunes filles avant qu’elles ne commettent l’irréparable dans leur vie», prévient-il.
Awa Traoré en sait quelque chose, elle nous confie : «Depuis que j’ai su que j’étais enceinte, j’en ai parlé au père de l’enfant que j’attendais. Il m’a menacée de mort. En plus j’avais peur que mon père apprenne que j’attendais un enfant sans père. Comme je n’avais pas d’argent pour aller voir un docteur, j’ai alors cherché des comprimés et des médicaments traditionnels pour avorter. Le sang a commencé à couler sans arrêt. Je pensais que deux jours suffiraient pour que mon sang s’arrête de couler, mais hélas. En ce moment-là, si un docteur n’était pas venu à mon secours, je ne serais plus de ce monde».
Elle renchérit : «Je suis un exemple pour toutes mes amies car elles ont toutes été témoins de ce qui m’est arrivé. Donc je demande à toutes les jeunes filles de ne jamais faire un rapport sexuel non protégé. Non seulement ça te permettra d’éviter les maladies transmissibles, mais aussi ça te permettra d’éviter des grossesses non désirées comme la mienne».
Safiatou Samaké, étudiante, témoigne avoir assisté à la mort de sa meilleure copine suite à un avortement volontaire, lorsqu’elles étaient au lycée. Celle-ci avait utilisé de la poudre pour se faire avorter. Mal lui en a pris ! Vu les risques liés à l’avortement clandestin, parents et jeunes filles devraient en prendre conscience pour éviter le drame.
Assétou Y. SAMAKE /stagiaire